MUSIQUE
Hauted - Isabel Larosa
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𝑻𝒉𝒆 𝒅𝒆𝒆𝒑𝒆𝒓 𝒚𝒐𝒖 𝒅𝒊𝒈, 𝒕𝒉𝒆 𝒅𝒂𝒓𝒌𝒆𝒓 𝒊𝒕 𝒈𝒆𝒕𝒔.
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A N D R E A S
Vendredi 8 septembre, 19h30.
Dîner avec la famille.
Le moment que j'appréhende le plus et que j'apprécie le moins.
Depuis que les cours ont repris, je réussis à éviter le petit-déjeuner et le repas du midi. L'université est tellement loin que ça me donne une excuse pour y rester toute la journée. Pour certains points, je n'en veux pas à mon père d'avoir choisi celle-ci.
La salle à manger est éclairée par un lustre imposant juste au-dessus de la longue table en bois, et par deux chandeliers accrochés au mur en face de moi.
La décoration est la même que pour toutes les autres pièces. Du bois, un vieux papier peint foncé et trois grandes fenêtres par lesquelles on peut voir le jardin plongé dans l'obscurité.
Mon père, Richard Easton, est assis en bout de table. Ma mère, de l'autre côté, en face de lui.
À droite de mon père, sa mère.
Et à gauche, une place vide.
David, le fils le plus âgé, est parti de la maison dès qu'il a eu 21 ans. Je lui en ai voulu pendant longtemps de m'avoir laissé seul avec tous les autres, mais finalement, je me dis qu'il a bien fait. Les parents, déçus et ne se sentant pas le moins du monde fautifs, ont effacé toute trace de son apparition dans la maison. Plus de photos de lui. Plus de souvenirs. Sa chambre a vite été transformée en bureau et tout ce qu'il a laissé derrière lui a été vendu ou jeté.
Moi, je n'aurais jamais le courage de faire ça. De partir sans rien.
Même si j'ai terriblement envie de m'enfuir d'ici.
Je suis assis juste à côté de cette place vide, et je dessine des traits avec ma fourchette dans la purée que ma mère nous a servi.
Pas que je n'ai pas faim, mais l'ambiance pesante qui règne à chaque dîner me serre l'estomac et m'empêche de manger.
En face de moi, Austin et Noah, les deux jumeaux, avalent en silence le reste de leur purée et leur tranche de porc.
Personne ne fait la conversation, comme chaque soir. On n'entend que le bruit des couverts contre les assiettes, l'eau que l'on verse dans les verres et la respiration un peu plus forte de Marcia, ma "grand-mère".
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POUR LA BRÛLURE DE MES MOTS [TERMINÉE]
Lãng mạnUn... Deux... Trois... Trois secondes. Trois secondes, c'est le temps qu'il faut à Rexwald pour formuler un mot dans sa tête, qui finalement ne sortira jamais de sa bouche. Trois secondes, c'est le temps qu'il faut à Andreas pour sourire à nouvea...