CHARME LEGENDAIRE TOME 2

8 - DÉBUT DE SOIRÉE

- Lulu raconte-moi! Qu'est-ce qu'il s'est passé? Et ta blessure, ça va? me demande Pierre, affolé.

Ma lèvre... J'avais complètement oublié. Je baisse le pare-soleil et inspecte mon reflet dans le petit miroir. Elle est tailladée et gonflée. Pas besoin de chirurgie esthétique... mais je ne saigne plus, c'est déjà pas mal.

- Oui ça va c'est bon. Je mettrais de la glace en arrivant. Et toi ton nez, ça va?

- Je me suis nettoyé, c'est rien. Mais putain Lulu, il faut que tu me parles! Ne recommence pas à te renfermer et à garder tout pour toi. Laisse-moi t'aider!

Pierre pose sa main sur ma cuisse. Je la saisis et la serre fortement. Face à mon ami inquiet pour moi, je me mets à nue et lui dévoile tout... Tout ce qu'il s'est passé durant ces deux semaines.

Laurent qui s'enferme dans son bureau constamment, ce que j'y ai vu à l'intérieur. Les nuits sans lui... Que les seules fois où je suis réellement avec lui c'est lors de nos entraînements de combats. Toutes les engueulades le soir pendant les repas à tenter de le raisonner et je lui avoue également que je vois Julien depuis mon retour et ce qu'il s'est passé aujourd'hui en ville.

- Putain mais c'est vraiment qu'un gros con! Valdes a carrément pété les plombs. Et pour Julien, je peux te comprendre... J'ai cru le voir moi aussi cette semaine en ville pendant un de mes chantiers...

- C'est vrai??

- Oui... J'étais au troisième étage d'un immeuble. J'étais à la fenêtre et j'ai vu un homme marcher dans la rue. C'était impressionnant car il avait la même dégaine que lui. Cette allure que seul Julien avait, si confiante, si sûr de lui. En plus, il était habillé comme il s'habillait tout le temps avec ses sweats ou ses vestes à capuche. J'ai failli l'interpeller en criant son nom mais je me suis ravisé. C'était complètement stupide...

Je resserre sa main et la dépose sur ma joue. Il ne se rend pas compte à quel point ses mots me réconfortent. Je ne suis pas folle... Lui aussi a cru voir Julien... mon Fameux Videur...

- Merci Pierre. Merci...

- Tu sais, je ne devrais peut-être pas te dire ce que je m'apprête à te dire surtout après tout ce qu'il a fait mais je t'avoue que parfois, Julien me manque... Quand j'étais avec lui, j'étais un homme confiant et sûr de moi. Il me transmettait sans le vouloir et sans le savoir son assurance. Et puis sa folie et ses conneries qu'il débitait constamment à n'importe quel occasion. Putain qu'est-ce que j'ai pu me fendre la gueule avec lui!

En l'entendant me dire ces quelques mots, tout mon être n'est que douleur et chagrin. Je ne parviens plus à contenir mes larmes plus longtemps.

- Arrête la voiture! m'écrié-je tout à coup.

D'un coup de volant, Pierre se gare sur le bas-côté de la route et tire le frein à main. Il se tourne vers moi, l'air paniqué mais je m'empresse de me jeter dans ses bras.

- Merci Pierre... Mais vraiment merci... Tu n'imagines pas à quel point. Je suis tellement contente que tu sois dans ma vie. Il n'y a vraiment que toi qui puisses me comprendre. Tu sais, à moi aussi il me manque malgré tout. Il me manque terriblement... surtout en ce moment. Et au fait, je ne t'ai pas tout dit. Aujourd'hui, il y a un...

Mais au moment où j'allais lui raconter, le fameux pickup s'arrête à côté de nous et fait ronfler son moteur. Puis il avance lentement et se gare juste devant nous.

- Putain mais c'est qui ça? s'énerve Pierre.

Mon cœur s'emballe. L'adrénaline monte en moi. Je sais à présent que ce n'est pas Paul. C'est probablement quelqu'un que Julien a engagé avant de partir pour me surveiller ou pour me protéger. Je ne vois que ça comme explication.