𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖𝟕: 𝐓𝐑𝐎̂𝐍𝐄.

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NOOR.


Je désespérais.

Seul le rythme de mes invocations m'accompagnait dans ce silence.

J'avais cette boule au ventre, la peur de l'inconnu. On m'avait abandonné là dans cette énième cellule, pour la énième fois. Et je supportais de moins en moins l'idée d'être cloîtrée dans des pièces derrière lesquelles on m'enfermait.

Assise sur ce matelas, je m'étais réfugiée dans un coin de la cellule, mon fils collé à moi, assis sur mes cuisses.

Je tentais de le réchauffer tandis qu'il dormait, sa tête posée contre ma poitrine. Je lui avais fait manger ce qu'Asmar avait apporté, il avait trop faim pour lui refuser. Je n'avais pas vraiment eu le choix.

Taimim a mis un long moment avant de céder au sommeil mais mon bébé était épuisé.

Je retenais mes larmes, mon fils avait connu de nombreuses guerres depuis qu'il était tout petit. Je me sentais atrocement coupable pour tout ce que je lui faisais subir.

Ma paume contre son dos, je le caressais doucement en espérant qu'il pardonne chacune de mes erreurs...

Le temps s'écoulait, lent et incertain, et je ne savais plus depuis combien de temps nous étions enfermés ici.

Le matelas me dégoûtait, et je me sentais moi aussi épuisée. J'avais des nausées que j'essayais de retenir. La simple pensée de Nafir me brisait le cœur.

En réalité je ne savais même pas quoi penser à cet instant.

Mes souvenirs caresseraient la surface de mon cœur compressé. Je réalisais, en m'étouffant ici, que j'avais tant besoin de Nafir à mes côtés à cet instant. Je laissais une larme glisser le long de ma joue mais je l'essuyais tout aussi vite.

Je n'avais même pas le temps de me focaliser sur la possibilité que peut-être... peut-être Nafir aurait son héritier.

Mes sentiments étaient totalement bouleversés face à cette nouvelle et en même temps je n'avais même pas le droit de penser à l'idée que porter son enfant changerait peut-être tout entre nous. Ce n'était pas le moment, mais mon cerveau se focalisait sur l'idée que Nafir ne considère plus que l'idée d'avoir un héritier...

Mon esprit me brisait un peu plus, je me sentais si abandonnée et au pied du mur. La situation avait tourné d'une façon inattendue, je n'aurais pas pu imaginer me retrouver dans ce gouffre de danger.

Je pensais que tout ça était fini...

Les sept jours d'amour passé aux côtés de lui me faisaient tout aussi mal.

Je devais avouer, qu'ils restaient gravés en moi comme de précieux trésors je ne voulais jamais oublier ces moments. Ils me collaient à la peau comme s'ils faisaient partie intégrante de moi.

Ce sentiment je le comprends que trop bien, mais je n'étais toujours pas capable de l'articuler et soudainement, j'ai eu peur de ne jamais pouvoir lui dire ce que mon cœur lui hurlait à chaque fois qu'il était proche de moi. Loin de moi.

J'avais l'impression que Nafir était toujours là...

Mes lèvres se posèrent sur le front de mon fils. Ses cernes m'attristaient tant que je dus me faire violence pour ne pas céder à la hargne et la tristesse.

Je n'avais même pas eu le temps de me reposer depuis mon retour de Wadi Shab.

Intérieurement, j'implorais Allah encore et encore pour que tout s'arrête enfin.

NAFIR, le magnifique.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant