𝐄́𝐏𝐈𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄.

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8 mois plus-tard.

NOOR.



— Salut.

Je sursaute en me redressant.

— Oh, selam aleykoum, Isam, je ne t'avais pas entendu arriver.

Isam se gratta la nuque. Je décèle toujours une légère gêne à chaque fois qu'il vient me voir.

— J'ai-j'ai quelques courses... tu sais pour... pour le bébé.

Un sourire étire mes lèvres :

— Merci Isam, ton aide m'est précieuse tu le sais.

Isam me rend un sourire timide, ses yeux ne restent jamais très longtemps dans les miens.

Je prends un moment pour le regarder. Incapable de contrôler le léger sourire qui pousse mes pommettes. Je prends une pause sur le porche de cette maison. Le vent est doux, et aujourd'hui je trouve que ce soleil est tendre sur la peau de mon visage.

— Tu devrais pas faire des efforts comme ça, me conseille Isam en pointant du doigt le balais que j'avais dans les mains.

— Quoi ? Balayer la poussière devant ma maison ?

— Ouais, tu sais c'est peut-être pas bon pour le bébé.

Un petit rire m'échappe.

Isam vient chez moi, presque tous les jours maintenant, depuis huit mois.

Il s'assurait que tout ce passe bien pour moi, il fait mes courses chaque semaines, depuis peu, il emmène Taimim au Taekwondo car j'évite de prendre la route. Il a monter tous les meubles de la chambre de mon enfant à venir. Et parfois il passe un moment avec Taimim, il prend un thé et il rentre chez lui.

— Tu as pu trouver le berceau alors ? lui demandais-je en ne retenant pas mon sourire reconnaissant.

— Oui, j'ai réussi à le trouver, dit-il, visiblement fier de lui-même. Il est dans le camion, je vais le ramener.

Je hoche la tête, le remerciant de mon regard.

— Où est Taimim ? demande-t-il ensuite, regardant autour de lui.

— Il fait une sieste dans sa chambre, il était vraiment pas de bonne humeur aujourd'hui... Nafir lui manque beaucoup... répondis-je d'une voix basse.

Isam hoche la tête.

— Viens entre.

— Ok, je vais juste récupérer le berceau.

Isam fait rapidement demi-tour vers le camion. Je laisse la porte d'entrée ouverte pour Isam. Mes pas lents me mènent sur le canapé où je m'assois.

J'ai l'impression de ne plus pouvoir porter mon ventre lourd. Je vois Isam entrer et porter le carton qui contient le berceau. Il monte à l'étage et mes yeux se perdent dans l'écran noir de la télévision.

Je caresse doucement le ventre arrondi. Je sens ce petit-être bouger légèrement et je pince mes lèvres pour retenir la tristesse qui me submergent.

Le reflet du soleil couchant dessine des ombres sur mes murs.

La peine me submerge et je ferme les yeux en repensant à chacun des souvenirs que j'ai avec Nafir me submergent... Le silence de cette maison me parait si lourd aujourd'hui.

J'arrive presque à terme. Il ne reste que quelques semaines, peut-être quelques jours... Et plus le temps passe, plus la peur me submerge. J'en perds le sommeil et je me vois accoucher seul de notre enfant.

NAFIR, le magnifique.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant