• 🌗 • Écrin satiné

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• Les lunes défilent de nouveau par dizaines mais cette fois, bercées par un vent joyeux aux fragances légèrent.

Depuis que Ciel de Sombra a ouvert les yeux, il s'est très vite intégré à la meute et il y a de cela deux lunes, il nous a accompagné au bassin lunaire pour être présenté à l'assemblée. Comme imaginé, cela a de nouveau engendré des mouvements contestataires en tout genre contre notre meute mais nous avons passé outre. S'étant également découvert une passion pour les plantes médicinales, il est d'une grande aide pour Cassiopée. Il passe d'ailleurs la majeure partie de son temps libre à ses côtés.

Le reste du temps, nous sommes en compagnie de nos mentors, apprenant à apprivoiser nos secondes formes respectives, permuter entre les deux, piochant dans cette nouvelle ressource pour améliorer nos capacités de perceptions sensorielles ou physiques. Mais aussi toute ses techniques de chasse et d'artisanat que j'ai pu découvrir avant mon apprentissage.

Pour ma part, déconcertant la plupart de la meute et surtout Orión, clamant qu'il ne sert à rien comme mentor, ma forme lycane est une seconde nature pour moi. Tout me vient naturellement. J'ai réussi à permuter dès la première leçon, étendre mes sens bien plus intensément et plus loin que tous les autres lycans, calquer les capacités d'une forme à une autre sans soucis ou encore contrôler mes phéromones à la perfection.

A une exception près. Lorsqu'un certain loup au pelage noir se trouve dans les parages. C'est l'affolement total de mon loup intérieur. A croire que c'est un louveteau immature qui s'est réincarné en moi et non un loup multi-centenaire. Incapable de se contrôler quand il se trouve à proximité de la personne qu'il convoite. Déplaisante sensation.

Ciel de Sombra, quant à lui, peine à maîtriser la permutation mais a développé un odorat hors du commun. Il peut sentir une plante ou une proie sur plusieurs kilomètres, même s' il est très nul pour les attraper. La plupart du temps, il garde sa forme lycane qui, bizarrement, lui demande moins d'énergie et de concentration que de maintenir sa forme humaine.

Nous partageons ma caverne, à mon plus grand déplaisir, devant brimer l'animal qui m'anime toute la nuit, cherchant inlassablement à aller se blottir contre son flanc. Mais à mon plus grand soulagement, il ramène tellement de plantes à faire sécher, que tout leurs parfums réunis camouflent quelque peu la sienne mais aussi et surtout, mes phéromones qui s'emballent en permanence. A certains moments même cet idiot répondont au débordement de mes sentiments en me renvoyant cette odeur si attirante, un mélange entre le musc et l'orange. Tout en gardant son expression neutre et blasé habituel. J'ai donc finit par me résigner et me dire que c'était un truc entre nos loups.

Aujourd'hui n'y fait pas exception. Je rentre à peine de patrouille de chasse matinale que je le trouve réveillé mais encore enfoui dans son nid. Profitant du soleil sur son flanc, faisant miroiter son pelage de nuances presque violettes. A cette vison magnifique, je ne peux empêcher mon affection de déborder ce qui lui fait tourner la tête en ma direction et plonger ses yeux au fond des miens. Cela me déstabilise encore plus, ayant un énorme faible pour ces orbes obscures, déversant ainsi de ma peau, une quantité trop importante à mon goût de guimauves et de pommes d'amour.

Malheureusement ou pas, malgré lui ou de son plein gré, son corps réagit aussitôt en libérant cette odeur qui lui est si spécifique. Mais cette fois, encore plus douce et sucrée. Je craque et cède à cette pulsion qui me hante depuis des lunes et malgré ma forme humaine, je fonce me blottir contre lui. Son odeur m'envahit, me procurant apaisement intense et bonheur extrême. Son pelage est si doux et chaud dû à la morsure du soleil. Je soupire d'aise, comme si je venais de trouver le seul endroit du globe où je suis censé me trouver. Là est ma place, je ne veux plus jamais la quitter. Rester contre lui éternellement.

Je sens son odeur changer plusieurs fois, passant de quelque chose de très épicé, à du musc pur puis à l'amertume d'un agrume avant de finir sur une odeur d'orange confite. Surprise, colère, angoisse puis bonheur ? Affection ? Joie ? Amour ? Et comme un écho à mon interrogation, il vient blottir son museau dans le creux de ma nuque, me provoquant des frissons de contentement le long de ma colonne. Ne croyant pas à ce qui m'arrive mais ne pouvant définitivement pas me détacher de son étreinte, je reste alors immobile dans ce cocon chaleureux en me laissant bercer par les battements de son coeur.

J'ouvre les yeux lorsque l'odeur de cuisson vient titiller mes narines et que la chaleur du soleil vient chatouiller mon visage. Je le sens se mouvoir contre moi pour s'étirer dans un baillement des plus adorables. Il entrouvre les paupières et les referme aussitôt, grognant contre la luminosité. J'enfouis mon nez dans son pelage pour respirer son odeur à pleins poumons pendant encore quelques minutes avant de sursauter à l'entente de sa voix.

- On a dormi toute la matinée, ce n'est pas très responsable

Il me sort ça comme ça. Le plus simplement possible, comme si la situation actuelle était des plus normale. Je me relève pour pouvoir apercevoir son visage. Il me regarde, je le regarde, on se regarde et plusieurs minutes s'écoulent sans que l'un de nous ne prenne la parole. Je me lance, la voix tremblante.

- Ciel de Sombra ?

- Hum

- Ça te dérange pas ça ?

- Quoi ?

- Nous deux, comme ça ?

- Me déranger non. Je le ressens un peu comme si c'était naturel. Je ne sais pas trop comment l'expliquer. Jai l'impression que c'est ma louve qui me dicte mes actions dans ces moments là. Je pense qu'elle est très attachée à ton loup et je n'arrive pas à contrôler ses envies surtout quand tu ne retiens pas les tiennes. J'essaye juste de faire abstraction du passé et me focaliser sur ce que je possède aujourd'hui. De toute manière, en ayant partagé ça, dur de revenir en arrière, j'en connais deux qui ne vont pas nous lâcher si facilement maintenant qu'on a cédé. Tu ne penses pas ?

La grosse guimauve que je suis devenu est entrain de fondre à l'entente de ces mots. Un énorme sourire plaqué sur le visage comme un idiot, j'hoche la tête frénétiquement. Il me sourit en retour. Je prend la parole pour compléter ses propos.

- C'est vrai que depuis que j'ai obtenu mon loup, l'attirance que je ressens pour toi est devenue presque viscérale à certains moments et ça en devient douloureux de ne pas pouvoir la satisfaire. Comme deux aimants qui cherchent à se retrouver

- Tu es devenu très poétique dans tes propos dis donc. Mais dis moi, n'es tu pas entrain de me dire que tu ressentais déjà quelque chose pour moi avant d'avoir obtenu ton loup ?

Je vire au rouge tomate et détourne la tête à m'en dévisser le cou.

- Non, enfin, c'est pas ce que je voulais dire

Je balbutie comme je peux, essayant de noyer le poisson. Inutilement, vu le sourire qui se dessine sur son visage.

- Hum, prends-moi pour un lapin de six semaines. Je ne suis pas aveugle et j'ai bien remarqué ton manège. Depuis le premier jour, tu dégageais déjà cette odeur en ma présence alors que j'ai senti l'attirance de ma louve pour le tien que quelques lunes après

- Non c'est pas ça... enfin.. Pour ne pas te mentir, c'est vrai que pendant ton sommeil je me suis beaucoup attaché à toi. En prenant soin de toi tous les jours, te voir  ainsi tous me faisait mal. Je ne voulais pas te perdre...

Je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de détresse et je le sens enfouir sa truffe dans mes cheveux. Alors, en réponse à ce geste, je reviens me blottir contre lui.

- Je suis là maintenant. Et je ne compte pas partir

Ce petit nid douillet au sein de cette caverne où flotte une odeur de caramel et d'orange était devenu en peu de temps un écrin de tendresse aussi doux que le satin •

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• Embryon d'Alpha •Où les histoires vivent. Découvrez maintenant