• 🌕 • À l'unisson

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• L'aube n'a jamais été aussi scintillante à travers les arbres de notre forêt. Chaque rayon de soleil reflétant dans la rosée du matin comme des petites étoiles tombées du ciel au lever du jour.

De retour au camp, mes guerriers errant dans la clairière tels des fantômes morts de fatigue, je les envoie tous se coucher avec obligation de repos pour le jour qui arrive. Ayant tous deux également retrouvés notre antre, après une toilette de chat, Sombra s'est écroulé dans le nid. Pour ma part, n'arrivant pas à trouver le sommeil, je vais m'égarer devant la lumière aveuglante des premiers rayons de soleil se frayant un chemin au sommet de la paroi. Je sens son odeur envahir mes narines et le vois s'assoir à mes côtés, collant son épaule à la mienne avant de poser sa tête sur moi.

- Tu ne veux pas venir te reposer un peu ?

- Je n'arrive pas à rester tranquille. Je ne voulais pas te réveiller

- Ton absence m'a tout autant réveillé

Je fais une moue coupable. Il vient déposer un baiser sur ma tempe, me procurant un frisson le long du dos.

- Je t'embête, ne boude pas mon petit loup !

Essayant de cacher ma gêne, je détourne la tête mais je le vois se déplacer face à moi et venir murmurer au creux de mon oreille ces quelques mots qui me font vibrer.

- Puis-je t'embrasser ?

Mes yeux retrouvant rapidement sa paire pour s'y noyer, ma réponse n'est pas longue à venir tant l'envie est présente.

- Oui

Alors, dans un mouvement presque divin, il vient apposer ses lèvres sur les miennes, les mouvants au rythme de mes respirations. Une bulle se crée au fur et à mesure que nos lèvres se scellent, nous séparant du reste du monde. Comme si c'était notre premier baiser. Ou notre dernier.

J'ai l'impression de perdre pieds, que plus rien ne se trouve sous mon corps pour me retenir, que mes jambes ne supportent plus mon poids. Je m'agrippe à ses épaules comme s'il allait disparaître d'un moment à l'autre, enfonçant mes doigts dans sa peau, me retenant à lui pour ne pas sombrer. Je sens sa langue venir se glisser sur ma lèvres inférieure dans une demande silencieuse. Mon corps réagissant sans que je n'ai eu le temps de réfléchir, j'entrouvre mes lèvres pour pouvoir unir nos langues.

Je ne sais combien de temps nous nous sommes perdus dans ce ballet passionnel, mais lorsque nos lèvres se décollent un instant, je sens le soleil chauffer timidement mes tempes. De retour à la réalité, je le vois fixer ses yeux sur moi, me lançant un regard si intense que j'en suis perturbé.

- Tu veux me dire quelque chose ?

- Je pense que c'est le bon moment tu ne crois pas ?

- Pour ?

- Pour faire de moi ton compagnon, pour faire de toi mon compagnon, pour nous unir réellement comme le veut la tradition de notre peuple

Bouche bée, réalisant où il veut en venir, je le vois approcher sa bouche pour déposer un baiser sur mes lèvres.

- Si tu ne le sens pas, ne te force pas, je comprendrais ne t'inquiètes pas !

Réalisant que mon silence a dû le déstabiliser, je respire un grand coup pour reprendre mes esprits et, sûr de moi, répond d'une voix convaincue.

- Oui je le veux. Je veux être ton compagnon et je veux que tu sois le mien. Je veux que l'on se marque comme le font les membres du peuple loup

Son regard brûlant mes rétines, m'incitant d'une pression sur la nuque à venir dévorer son cou, je m'approche lentement et viens embrasser chaque parcelle de peau qui sépare sa bouche de sa clavicule. Je me mets à lécher avec envie cette endroit tant désiré avant de, délicatement, venir pincer cette peau si fine entre mes dents.

Laissant mon instinct lycan prendre le dessus, bercé par l'odeur si addictive de mon futur compagnon, je sens mes dents percer cette membrane pour venir m'imprégner de lui, en lui. Relâchant la pression après un temps qui m'est confu, je viens lécher le liquide rougeâtre qui s'écoule de la morsure. Embrassant affectueusement son cou, inspirant ses effluves avant de retrouver sa bouche et ses yeux embrumés par le désir.

L'incitant avec un baiser à faire de même, je le vois lentement descendre sa bouche vers ma jugulaire laissant sa langue tracer un sillon sur son passage. Emporté par sa louve, il vient mordre à pleine dent ma chaire, me procurant un frisson qui n'est pas si déplaisant. Le tenant fermement dans mes bras, je profite de cette fusion pleinement, son essence marquant mon être de façon indélébile.

Lorsque sa bouche se décolle de ma peau, une vague de froid secoue mon corps, et je sais qu'à partir de ce moment si particulier, je ne pourrai plus vivre sans sa présence à mes côtés. Cette conclusion m'apporte tant de bonheur mais me ramène aussi à l'effrayante réalité de la vie. Personne n'est éternel. Ses yeux de retour dans les miens, perdus entre brouillard luxueux et chaleur apaisante, notre bulle fut interrompue par le soleil nous accueillant chaleureusement. Je ne sais combien de temps nous sommes restés ainsi, égarés dans le regard de l'autre. Ce moment restera à jamais gravé dans mon corps. Sa voix vient chatouiller mes tympans.

- Comment te sens tu ?

- Enfin entier. Et toi ?

- Entièrement vivant comme jamais je ne l'ai été. Dans aucune de mes vies

- Je t'aime Sombra, du plus profond de mon âme

- Je t'aime aussi, Luz. Merci de m'avoir emmené sur ce chemin, sans quoi je n'aurai jamais découvert qui je suis vraiment

- Et c'est bien grâce à toi que j'ai aussi découvert qui je pouvais être au sein de cette forêt

- Tu as cela en toi depuis bien plus longtemps que ma présence à tes côtés mon loup

- Es-tu heureux ici ?

- À tes côtés, je serais heureux n'importe où

- Sincèrement, regrettes-tu notre ancienne vie ? Voudrais-tu retourner là bas ?

- Aucunement. Je me sens enfin à ma place, au sein de ce peuple, de cette terre. Mais si ton choix est de rentrer, je te suivrai

- Non, je ne désire pas rentrer. Même si des fois je me sens coupable de ne pas avoir donné le moindre signe de vie. Mais c'est mieux ainsi, pour tout le monde, là bas comme ici !

- Je suis de ton avis

- Alors, vivons ?

- Oui, vivons pleinement cette vie qui nous a été miraculeusement offerte. Ensemble, côte à côte. Je ne demande que cela !

S'ensuivit un baiser passionné, où chacun de nous y mettons tout notre amour, nos sensations décuplées par ce nouveau lien. Dans un ultime regard, nous descendons dans la clairière, main dans la main, retrouver notre peuple, notre famille.

Et là haut, cachée par l'astre lumineux du jour levant, la lune sourit à ces deux louveteaux ayant établi définitivement domicile parmi ses enfants. Fière de voir cette lumière si particulière dégager de ces êtres spéciaux qui amènent avec eux, l'espoir tant espéré. Celui de vivre, ensemble, à l'unisson, comme un seul et unique hurlement •

__________________• Fin •__________________

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• Embryon d'Alpha •Où les histoires vivent. Découvrez maintenant