• Les rayons aveuglants du soleil haut dans le ciel m'acceuillent lorsque je passe le rideau tissé. Une fois sortis de l'antre de la guérisseuse, le chef me conduit au centre de la clairière, vers chaudrons et souches couvertes de peaux. Il prend la parole cassant le silence.- Que je me présente convenablement, je me nomme Étoile d'Orión et je suis l'Alpha de la meute des combles lunaires. Et toi, quel est ton nom ?
- Aàron
- Et celui de ton ami ?
- Lui c'est Kieran
J'avoue que ça fait un peu bizarre de prononcer son prénom. D'habitude, je le nomme par son grade, mais ici, peu importe non ?
- Et d'où vous connaissez vous ?
- C'est mon mentor
Je n'ajoute rien de plus, pourquoi détailler ma vie à un inconnu. Il a l'air de s'en contenter et se dirige vers une femme pres des chaudrons fumants. Elle possède des beaux cheveux bruns et bouclés et des yeux verts intenses. Portant une chemise et une jupe tissées, le tout est accompagné de multiples ceinturons en cuir. Il me fait signe de patienter, et s'entretient avec la femme. Puis, quelques minutes plus tard, me fait signe de m'approcher.
- Aàron, je te présente ma compagne, Maïa. Elle va t'enseigner à tanner les peaux. Tu nous aideras le temps que ton ami guérisse, ce sera ta participation pour ses soins. Cela te semble t'il juste ?
- Oui, faisons cela. Ça me va
Maïa m'interpelle une fois l'alpha parti, un air peiné sur les traits fins de son visage.
- Aàron donc. Je suis désolé pour ton ami, j'espère qu'il se remettra vite. Bien, approche toi. Observe comment je fais et si tu as des questions, n'hésite pas
Je m'exécute, étonné moi même de la faciliter avec laquelle j'appréhende la situation. Je trouve en soi cela normal, il faut bien rendre ce qu'on nous donne mais je me connaissais moins patient. Enfin, je leur dois bien ça dirons nous.
J'observe donc la façon dont elle tanne la peau, les outils et les mélanges utilisés, la durée de chaque action, la précision des mouvements. Il y a une certaine beauté dans ses gestes.
J'essaye ensuite de reproduire tout cela du mieux que je peux, et j'en tire une certaine satisfaction. C'est un travail bien physique, ça me plait !
Les heures passent sans que je ne m'en rende compte. Et bizarrement, je me sens bien, à l'aise, serein. Je vois au loin plusieurs loups passer la barrière de lichens à l'entrée du camps. Celui en tête, doit sûrement être Orión. Je le reconnaitrais entre tous, son image gravée dans ma mémoire.
Tous portent dans leurs gueules proies variées, sûrement un retour de chasse. Ils se dirigent vers une crevasse dans la paroi à l'est de la clairière et y déposent leur butin sur le tas déjà présent. Puis, certains d'entre eux prennent forme humaine comme lorsqu'Orión l'avait fait sous mes yeux. Toujours aussi impressionnant. Dire que ce peuple existe vraiment...
L'alpha, grimpe sur un promontoire rocheux, reprenant également sa forme humaine et clame l'heure du repas. C'est vrai que mon ventre crie famine. Mais je ne me permets pas de m'inviter au sein du cercle qu'ont formé les uns et les autres pour partager nourritures et anecdotes de la journée. Ce serait déplacé.
Maïa revient vers moi en me tendant un récipient en bois rempli d'une soupe accompagnée d'un morceau de viande et d'un épi de maïs grillé.
- Tiens, mange, tu l'as bien mérité
- Merci
Délicieux fut la première chose qui me vient à l'esprit, comme quoi, pas besoin d'une grande maison et d'un supermarché pour faire un repas excellent.
J'engloutis les mets comme un sauvage avant de voir Cassiopée s'approcher de moi avec un deuxième récipient.
- Rejoins moi après avoir lavé ton bol
Quelques minutes plus tard, je me trouve face à Kieran, toujours endormi paisiblement comme lorsque je l'ai quitté plus tôt. Cassiopée sort de derrière le rideau du fond, pilon à la main et verse sa mixture dans le bol de soupe avant de me le tendre. Puis reprend de sa voix stricte.
- Pendant son rétablissement et pour garantir son bien être durant son sommeil, tu devras le nourrir chaque jour, le laver et lui prodiguer des massages pour éviter que son corps ne se raidisse. Si tu prends soin de ton ami correctement et avec l'aide de mes remèdes, il reviendra parmi nous en bonne santé
Piqué par son ton et les choses légèrement gênantes qu'elle m'ordonne de faire, je sens une colère monter en moi. J'allais lui répondre une pique cinglante comme j'en avais le secret mais mes yeux se posent de nouveau sur lui et son corps frêle se soulevant si lentement au rythme de ses respirations, son teint plus pâle et ces cernes plus marquées qu'à l'accoutumée, ainsi que ses vêtements sales et déchirés.
Ma mauvaise humeur disparaît en une seconde, remplacée par cette pointe de peur qui réside encore dans mon coeur de perdre cet homme qui m'a tant apporté. Après avoir réussi à traverser tant d'obstacles pour lui sauver la mise, hors de question qu'il parte à cause de mon ego mal placé.
Ma remise en question fut brève et rapide, pas besoin de réfléchir, la réponse est toute trouvée. Je m'assois donc à ses côtés et commence à le nourrir en surveillant qu'il déglutisse bien. La guérisseuse m'apporte de la mousse, une toile tissée ainsi qu'une tunique et me pointe le grand récipient rempli d'eau puis sort sans me donner plus d'indications.
Bol de soupe fini, je m'attelle à le dévêtir pour nettoyer sang séché et poussière. Je prends soins de ne pas mouiller son bandage mais dois prendre mon courage à deux mains et ravaler ma fierté pour retirer son sous-vêtement et laver cette partie intime de son corps.
Je me surprends à avoir effectué mes gestes avec soins et douceurs sans tant de gêne que ça. Et le voir ainsi propre avec comme un semblant de sourire sur le visage, me procure un sentiment de contentement. Je décide donc de prendre ce rôle sérieusement à coeur pour ne pas regretter quoi que ce soit.
Je sors de la caverne pour trouver Cassiopée attelée à effeuiller plantes et fleurs non loin de son antre. Elle me désigne son alpha du doigt que je rejoins en vitesse. Lorsqu'il m'aperçois, sa voix grave résonne dans l'écho de la brise.
- Je te remercie pour le travail effectué aujourd'hui. Maïa m'a transmis sa satisfaction sur la qualité de ta production et ta vitesse d'apprentissage. Pour te reposer, dirige toi en amont de l'antre de la guérisseuse, tu y trouveras une caverne inoccupée. Vas te chercher bruyère et mousse à l'orée du camps pour te faire un nid, les nuits sont douces en cette période, cela te sera suffisant
Je le remercie avec un signe de la tête et pars vagabonder hors du camps pour trouver de quoi dormir confortablement. La nuit tombant, je cherche le lieu indiqué par Orión. Je découvre une caverne basse de plafond mais avec de multiples alcôves dans les paroies rocheuses. M'installant dans mon lit de fortune, le sommeil ne tarde pas à me rattraper.
Demain est un autre jour, une nouvelle vie •
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• Embryon d'Alpha •
Cerita Pendek• La montagne, la forêt, à perte de vue... Courir, fuir, pour empêcher la mort de me le prendre.. Survivre, vivre pour voir de nouveau son regard.. Se libérer, s'envoler vers l'inconnu.. Rencontrer, adopter une nouvelle famille.. Découvrir, s'éveil...