40. Aux ordres du directeur

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Les deux jeunes amants se séparèrent à contre cœur en fin d'après-midi pour se préparer à la remise des diplômes, et faire preuve de discrétion en arrivant séparément. Severus avait terminé de s'habiller depuis longtemps, et ajustait le contenu de ses réserves pour s'occuper. Ce fut le moment que choisit le vieux directeur pour lui rendre visite. Sa légilimencie aiguisée lui signala la présence de son supérieur dans son dos. Poursuivant son ouvrage, il demanda :

- Albus ? Que puis-je faire pour vous ?

- Je préfèrerais que nous nous entretenions dans vos appartements mon ami, annonça le vieux sorcier.

Severus lui jeta un regard suspicieux, mais ses traits restèrent de marbre. Acquiesçant simplement de la tête, il descendit de son escabeau et lui ouvrit son bureau. A peine installé, il invoqua un service de thé, et quelques biscuits citronnés dont raffolait Dumbledore.

- Je suis toute ouïe, reprit-il en servant le directeur de l'école.

Son vis-à-vis lui offrit une œillade inquiète par-dessus ses lunettes demi-lunes.

- Mon garçon, soyez certain avant tout que cela me peine de venir vous trouver pour de telles raisons.

Severus demeura impassible mais sentit son sang se changer en glace. Dumbledore s'ébroua légèrement en remuant sa cuillère de sucre dans sa tasse.

- Je ne peux pas vous laisser continuer à emprunter Ce chemin aux côtés de Miss Alexeï.

Severus reposa le thé qu'il s'apprêtait à boire.

- Je vous demande pardon ?!

- Nul ne sert de faire semblant Severus. Et non, votre occlumencie ne vous a pas trahi, soyez rassurés.

Le vieux mage porta son infusion à ses lèvres avant de poursuivre :

- Disons que je savais que cela arriverait... peut-être même avant vous !

- Je...

- Et le trophée de Quidditch abandonné dans votre entrée, me laisse penser que j'arrive un peu tard...

Severus baissa les yeux avec le sentiment d'être rétrogradé à son rang de jeune élève.

- Voyez Severus. L'amour nous rend vulnérable, et j'en sais quelque chose. Pour le moment il ne s'agit que d'une simple coupe oubliée.

La voix de Dumbledore se raffermit un peu plus, et il posa sa main ridée sur les doigts fins de son potionniste.

- Mais cela peut devenir bien plus !

- Je saurai me montrer plus prudent à l'avenir !, promit immédiatement Severus qui redoutait la suite.

- Non vous ne le pourrez pas mon ami, coupa le directeur, car vous l'aimez...

Le maître des potions se redressa brusquement, comme mordu par un serpent.

- Qu'attendez-vous de moi exactement Albus ?

- Vous le savez déjà, votre présence me sera précieuse dans les années à venir. N'oubliez pas que vous avez fait une promesse à Lily Evans...

Ce fut comme un coup de couteau en plein cœur et Dumbledore s'en mordait déjà les doigts. L'espion baissa le menton, la figure dissimulée derrière ses mèches sombres. Ses poings étaient si serrés que les jointures en devenaient blanches.

- Je n'ai pas...oublié ...ma promesse, Monsieur, articula-t-il douloureusement.

- Alors vous mettrez Miss Alexeï en danger, déclara doucement Dumbledore.

Il se leva à son tour et s'approcha de Severus, posant une main amicale (mais pas tant) sur son épaule, il assena l'ultime coup nécessaire à son jeu de marionnettiste :

- Mia est encore jeune Severus. Elle aura toute une vie pour se reconstruire maintenant que son grand père n'est plus...

Le visage impassible de Severus se fissura, et la tristesse lui fit l'effet d'une chape de plomb sur les épaules. Chaque fibre de son être lui criait de refuser la demande du directeur, de se battre pour préserver son bonheur. Le temps lui avait semblé si doux durant ce fragment de vie...

Mais le vieux sorcier avait raison, et lui, pauvre mangemort repenti, avait bien des fautes à expier...

- Je ferai ce que vous demandez, capitula-t-il sombrement.

Dumbledore n'insista pas. La parole de Severus lui suffisait depuis longtemps. Il se dirigea vers la sortie après un dernier regard vers son professeur. Le potionniste n'avait pas bougé.

- J'ai toujours pu compter sur vous mon Ami, lâcha le directeur avant de s'échapper.

Rogue se tourna vivement vers le mur, qu'il frappa sans relâche, n'écoutant pas la douleur qui pulsait dans ses poings. Puis il glissa au sol en admirant le sang sur ses phalanges albâtres. Une larme brûlante dévala son long nez et il se cacha le visage dans les mains.

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Avez-vous remarqué que sur la fin du tome, je vous ai mis quelques passage où nous regardons la scène à travers les yeux de Severus ? Habituellement tout tournait autour de Mia. A présent, Rogue est mis à nu devant mes lecteurs, et je vous dévoile ce qui se passe en son fort intérieur.

Cette mise à nue est un peu un aveu de faiblesse. Comme si Rogue était brusquement devenu vulnérable depuis sa première nuit avec Mia.

Finalement Dumbledore n'aurait-il pas raison ?

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A la croisée des destinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant