Chapitre 7: Le dauphin, le lion et le loup

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Une magnifique créature m'attend dans la petite salle d'interrogatoire. Sa tenue est beaucoup plus simple que celle de la dernière fois, un tee-shirt et jean noir enfilés dans la précipitation, mais cela n'enlève rien à sa beauté ni à son charisme. Elle n'a pas besoin d'artifice pour briller, car elle rayonne grâce à son élégance.

— Bonsoir Delph, merci d'être venue à nouveau.

— J'ai cru comprendre que je n'avais pas le choix. De quoi m'accuse-t-on ? Pourquoi suis-je ici ?

Je vous l'ai déjà dit, je n'y suis pour rien dans toute cette histoire.

Ses paroles pourraient être prises pour de l'agacement mais elles révèlent en réalité de l'inquiétude. Ces peurs peuvent être légitimes mais elles peuvent aussi cacher sa culpabilité. Maintenant, à moi de le découvrir.

— Quelle histoire Delph ?

J'attends la faute, sa faute. Il est possible qu'elle se trahisse elle-même. Si elle est au courant que les messages qu'elle nous a montrés traitaient de vraies victimes cela pourrait prouver sa culpabilité. Le grand public n'est pas encore informé de ces morts, il n'y a donc pas de raison qu'elle le soit.

Le plus souvent, la meilleure manière pour faire avouer une personne c'est de la laisser parler et d'en apprendre plus sur ce qu'elle n'est pas censée savoir.

— Ces messages. Si cela est en réalité de fausses accusations qui vous ont fait perdre votre temps, je n'y suis pour rien. Je suis désolée mais je ne savais pas quoi faire. Puis si je n'avais rien dit, vous auriez pu m'accuser de non-dénonciation de crime. Je ne savais vraiment pas quoi faire. J'ai bien remarqué que j'exaspérais votre collègue. Mais je vous promets que ces messages ont existé. Je n'ai pas fait tout cela juste pour me faire remarquer. Je vous le jure...

Sa dernière phrase termine sa chute dans les murmures. Elle n'est pas tombée dans le piège, cela peut signifier qu'elle est innocente ou bien qu'elle est juste plus maligne que la majorité des criminels. Tant pis, j'ai bien fait d'essayer.

— Non Delph, nous ne vous avons pas fait venir car nous pensons que vous avez menti en quête d'attention. C'est même tout l'inverse.

Les yeux de Delph s'arrondissent. Elle peut encore mimer la surprise, il est possible qu'elle ne soit pas étonnée mais plutôt bonne comédienne. Cependant, je note cette information.

— Comment ?

— Nous pensons qu'un tueur s'inspire de votre profil sur les réseaux sociaux pour faire ses victimes.

— Pardon ?

Elle est soit sous le choc, soit elle mérite un Oscar. Il est difficile de me tromper, je suis habituée aux menteurs, mais Delph me perturbe. Je n'arrive pas à cerner le faux du vrai, un peu comme si j'avais un personnage de fiction face à moi. Une personne irréelle.

— Oui, les victimes étaient vos abonnés.

— Mais comment est-ce possible ? Pourquoi quelqu'un tuera mes followers ? Ça n'a pas de sens.

— Pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous avez posté ces illustrations ?

Je pose sur la table les images que j'ai imprimées. Delph les fixe alors, les sourcils froncés, sa réflexion doit être importante pour demander autant de concentration. Mais cela est vain.

— Je ne comprends pas, quel est le rapport entre ces personnes mortes et ces dessins ?

— Je ne peux pas vous en dire plus pour le moment, vous verrez ensuite avec mes collègues. Pouvez-vous juste m'expliquer s'il vous plaît.

AllumetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant