Chapitre 4: Noémie

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Arthur, avez-vous eu le temps de faire ce que je vous ai demandé ?

— Bien sûr Capitaine, tenez. Vos identifiants sont @Cap.yaelcalli. « Cap » pour capitaine puis un point et votre nom. De plus, j'ai noté vos mots de passe sur ce papier.

— Merci beaucoup. Dites-moi, sur quel réseau Delph est-elle la plus active ? Et appelez-moi par mon prénom, je vous prie.

— Celui-ci Capitaine... Euh Yaël.

Arthur me tend son téléphone qui est déjà sur le compte de Delph. Je vois alors de nombreux petits carrés et en cliquant dessus je vois des photos d'elle, en voyage, dans la rue, au café et même au restaurant. J'ai déjà entendu parler de ce réseau, j'ai cru comprendre que c'était le préféré des influenceuses, je ne suis donc pas étonnée d'y retrouver Delph. Cependant, il est beaucoup plus surprenant que j'y sois. C'est ma première fois, il est donc normal que je sois perdue mais par chance, j'ai un expert à côté de moi.

— Il n'y a que des photos ?

— Oui Capi... Pardon, oui. Vous avez les photos ici et en dessous les descriptions. Chacun peut décider quoi y écrire. C'est le seul texte possible. L'objectif est surtout de partager des images.

Arthur joint le geste à la parole et passe par-dessus son petit guichet pour me montrer du doigt ce qu'il me décrit.

— Je comprends, merci. Et pouvons-nous voir les dates auxquelles ces photos ont été postées ?

— Oui, ici, sous les commentaires. Et là vous pouvez voir les personnes qui suivent Delph et celles qu'elle suit.

Intéressant. Delph ne suit que peu de personnes et ce sont toujours les deux meme qui commentent. Je clique donc pour connaître leur identité mais ce ne sont pas nos victimes. Ce sont justes une jeune femme et un jeune homme qui doivent avoir le même âge qu'elle et qui me sont, pour le moment, inconnus. Ils doivent être importants pour elle. Maintenant, reste à savoir si ces nombreux followers le sont tout autant.

— Yaël ? Est-ce que je pourrais...

— Pardon ? Oh oui, votre téléphone. Veuillez m'excuser j'étais absorbée par cette enquête.

C'est à regret que je rends son portable à Arthur. Ce monde est si passionnant, il regroupe des milliers, des millions, des milliards de personnes et ils tiennent tous dans ma main. Ils sont tous sous mes yeux et grâce à ce qu'ils veulent montrer, je vois ce qu'ils souhaitent cacher. Leurs mystères, leurs secrets, leurs vies sont à ma portée.

Je cours donc pour me connecter sur mon nouveau profil. Je n'ai même pas pris le temps, d'aller m'installer dans un endroit calme, je suis sur un simple banc dans l'entrée du commissariat. Le monde s'affaire autour de moi mais je suis dans ma bulle.

Connexion. Voilà, c'est fait, je suis de retour. Très vite, je retrouve le compte de Delph et je continue ma drôle d'enquête. Après avoir cliqué sur ses abonnés je vois une barre de recherche. Je tape alors le premier nom, Orso Moretti et là miracle, un profil apparaît. Même nom, même prénom et grâce à son dossier contenant d'anciennes photos, même personne. Je continue donc avec Bernard Rocher et encore une fois c'est un succès. Je prends la peine d'écrire le nom de Noémie Perrault mais au fond de moi, je connais déjà la réponse : utilisateur introuvable.
Je fais de même sur Wattpad et j'en arrive aux mêmes conclusions.

Le tueur n'avait pas menti, il n'a bien fait que deux victimes. Noémie Perrault avait trop de différences avec les deux autres. Une femme, que personne n'a recherchée, morte plusieurs jours avant les autres et surtout sans les cadavres de mouches et de vers. Et maintenant vient s'ajouter cela. Elle n'a pas été tuée par le corbeau de Delph. Mais dans ce cas, qui est le coupable ? Je lâche mon téléphone et me jette sur les dossiers informatiques.

— Ah enfin, la Parisienne lâche son téléphone. Je ne sais pas comment ça se passe chez toi, mais ici on travaille.

Je reconnais la voix de Bertrand rien qu'au ton qu'il emploie pour me parler, familier et irrespectueux. Mais je comprends qu'il puisse se méprendre sur mon comportement, je reste donc calme lorsque je lui réponds.

— J'aurais besoin de plus d'informations sur Noémie Perrault s'il vous plaît. Elle est le vilain petit canard.

— Hein ? Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

— Elle est l'intrus. Je ne pense pas qu'elle et son enfant aient été tués par la même personne que les deux hommes.

— Et pourquoi ?

J'aurai aimé que Bertrand le découvre par lui-même, cela m'aurait évité de devoir perdre du temps à lui expliquer. Mais nous sommes une équipe, je dois donc me donner cette peine.

— Elle est la seule à ne pas suivre Delph sur les réseaux sociaux. En plus de toutes les différences que vous avez déjà remarquées. Il peut donc être judicieux d'enquêter un peu plus sur elle. Qu'avez-vous déjà trouvé ?

— Pour le moment, rien.

Bertrand regarde le plafond pour cacher sa gêne derrière une attitude hautaine.

— Comment ça, rien ?

— On a commencé notre enquête avec les deux hommes, car eux avaient une famille qui nous poussait au cul. Nous n'avons pas encore eu le temps d'enquêter sur la femme.

Exaspérant. Cette pauvre Noémie a été tout simplement oubliée car personne ne la cherchait. Mais ce n'est pas grave, je trouve très vite des informations dans nos archives.

— Je vois ici qu'elle a déposé douze mains courantes au cours des six derniers mois. Ainsi qu'une plainte à l'encontre de son ancien compagnon il y a seulement trois semaines pour violence et menace de mort. Un suspect parfait non ?

— Parfait en effet, j'envoie tout de suite une équipe rendre une petite visite à cette enflure. Vous avez une adresse ?

— Essayons l'ancien domicile de la victime, je vous suis.

Je saute, sans même réfléchir, dans une voiture et nous nous dirigeons à vive allure à l'adresse indiquée lors du dépôt de plainte. Nous savons que cet homme peut être dangereux, nous nous équipons donc en conséquence. Je n'apprécie pas cette ambiance, cette adrénaline. Me retrouver face à un possible criminel ne me réjouit pas, comme tout le monde je les préfère loin de moi. Mais je le dois bien à la victime, nous devons arrêter celui qui lui a peut-être fait du mal.

Nous arrivons devant une mignonne petite maison dans une résidence pavillonnaire, bien entretenue. Noémie devait préparer avec soin l'arrivée de son bébé. Je suis triste que son rêve lui ait été rendu impossible par la faute de ce monstre qui leur a pris la vie.

Je laisse passer mes collègues devant moi, ils sont beaucoup plus à l'aise avec cette situation. La porte est fermée et personne ne souhaite, ou ne peut, nous répondre. Je décide donc de m'écarter du groupe et je fais le tour de la maison.

Et là, en regardant au travers de la fenêtre, je comprends la raison de ce silence. Je crie alors de toutes mes forces.

— Rentrez dans la maison, tout de suite. Et appelez une ambulance.

Mais il est déjà trop tard. Le corps pendu à la poutre l'est depuis trop longtemps. Je suis prête à parier qu'il l'est depuis environ une semaine. Sa peau est froide mais la lettre qui se situe à ses côtés est brûlante. Elle est pleine de haine à l'encontre de Noémie et explique pourquoi celui qui l'a écrite l'a tuée. L'assassin aurait mieux fait d'économiser de l'encre car aucune raison n'est valable, comme toujours.

Parfois les enquêtes sont rapides à élucider. Merci Noémie d'avoir déposé ces mains courantes et cette plainte, cela nous a été utile. Mais je suis désolée que cela ne vous ait pas sauvés.

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Note d'auteur
Alors aviez-vous trouvé la solution ?
Si oui félicitation, si non ne vous en faites pas d'autres intrigues arrivent 🤫
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