Chapitre 2: le corbeau et la panthère

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Deux photos sont disponibles dans ce chapitre. Si elles sont manquantes, des retranscriptions sont en commentaire, ne vous inquiétez pas !
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— Madame Faune, je vous remercie d'être venue pour nous aider dans notre enquête.

       Je me tiens dans une petite pièce sans âme face à une jeune femme au regard de biche plein de vivacité. Elle passe ses longs cheveux châtains derrière ses épaules et dégage alors un port de tête royal et élégant avant de me répondre d'une voix douce.

   — Pourriez-vous m'appeler Delph s'il vous plaît ? Je n'ai pas l'impression d'être cette Madame Faune.

— Bien sûr, je comprends. Vous pouvez m'appeler Yaël si cela vous permet d'être plus à l'aise.

       Bertrand fait des allers-retours comme un tigre en cage derrière notre témoin et me lance un regard furieux. Je comprends alors qu'il n'apprécie pas que j'aie donné mon prénom, son aversion envers les formalités a donc ses limites. Cependant, ce cas-ci prédispose à la gentillesse et la compassion.

       Nous sommes en présence d'une personne jeune et effrayée par ce qui se passe autour d'elle. Il est évident qu'elle n'a jamais mis les pieds dans un commissariat, il est donc normal qu'elle soit perdue. J'aime cette ambiance, j'aime cette ruche mais il est aisé de comprendre que tout ce bourdonnement puisse brouiller l'esprit d'une personne extérieure à ce monde.

       Je n'ai encore aucune idée est-elle est une criminelle ou une bien victime ? Il est même possible qu'elle n'ait aucun rapport avec toute cette histoire. Mais nous sommes innocents tant que le contraire n'a pas été prouvé, je me comporterai donc comme si elle l'était. Aucune raison d'être désagréable et de ne pas la traiter avec respect.

       Bertrand est en train de crier sur ce pauvre petit animal pour qu'elle lui dise tout ce qu'elle sait. Et plus il élève la voix et plus elle se renferme dans sa coquille. Souhaite-t-il jouer le rôle du méchant flic ? Des personnes interrogent-elles encore de cette façon ? Ou bien c'est juste ce qu'il est, mauvais. Je dois vite reprendre la main sur cet interrogatoire car elle ne mérite pas cela.

— Delph, c'est vous qui avez apporté ce mot ?

Ses grands yeux me trouvent donc et me regardent comme ceux d'un lapin devant les phares d'une voiture. Je souris donc afin de calmer l'angoisse qui les anime.

— Oui je l'ai reçu ce matin dans ma boîte aux lettres. Je vous ai aussi imprimé une capture d'écran d'une conversation que j'ai eu sur les réseaux sociaux il y a deux jours, soit le dix-huit octobre. Je ne sais pas ce que ça veut dire, je vous le jure. Je ne savais pas quoi faire, donc je suis venue mais peut-être que cela ne signifie rien du tout. Il est possible que ce ne soit qu'un menteur, il y en a plein sur internet.

— Madame Faune, je sais que vous en savez plus et vous allez...

— Vous avez très bien fait Delph, vous nous aidez énormément.

       Je n'hésite pas à couper la parole à Bertrand. Je n'aime pas avoir à faire cela car je sais que c'est impoli, cependant la susceptibilité d'un collègue vaut moins que l'enquête. Des personnes meurent et nous ne savons pas encore si cela va continuer. Notre seule certitude pour que cela s'arrête est de faire condamner le tueur et ce n'est pas en braquant les sentiments de la seule personne qui pourrait nous aider que nous allons y arriver.

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