Chapitre 19: Si tu savais

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Delph est surprise quand un gardien rentre dans sa minuscule petite cellule. Jusqu'à présent, personne dans cette affreuse prison ne lui a rendu visite, personne ne l'a aidé, personne de l'a soutenue, personne ne l'a écouté, sa stupéfaction est donc légitime. Mais cette fois-ci, cette visite annonce la fin du cauchemar.

Enfin, seulement de celui-ci, avant qu'un autre ne lui arrive en pleine face et ravage tout sur son passage. Bientôt, Delph se dira que sa période en prison n'était pas la pire de sa vie, bientôt elle regrettera presque ces moments.

Mais cela n'est pas encore le cas, Delph doit donc profiter de ce sentiment de joie qu'elle ressent quand on lui annonce qu'elle est libre, car cela sera la dernière fois. Oui, la toute dernière fois. Elle ne le sait pas encore et si tel avait été le cas, elle l'aurait bien plus savouré. Et oui, si seulement elle l'avait su.

Delph n'a à cet instant qu'une seule idée en tête : que faire une fois dehors ? Les envies se bousculent dans son cœur mais celui qui remporte tous les suffrages est le plus simple d'entre eux. C'est juste de se plonger sous des draps propres, dans un lit moelleux et surtout être en sécurité, chez elle, avec Léandre à ses côtés.

Elle pourrait l'appeler pour qu'il vienne la chercher mais elle préfère marcher jusque chez elle. La nuit est déjà tombée mais cela ne lui fait pas peur, elle a connu bien pire que l'obscurité dans la vie. Puis, que pourrait-il lui arriver ?

Ce ne sont que dans les films qu'une horrible bête se cache derrière les bosquets pour vous attraper et vous dévorer. Dans la vraie vie, les monstres ne sont que des Hommes et ces derniers n'ont jamais effrayé Delph, car elle sait qu'elle peut se révéler bien plus dangereuse qu'eux. Dans les contes, il n'y a toujours qu'un seul grand méchant loup. Quelle est donc la possibilité qu'il y en ait deux au même endroit ?

Ses pieds sont gelés quand elle arrive enfin à destination car elle ne porte que de légers escarpins. En effet, quand elle est rentrée dans le poste de police la dernière fois, elle ne s'attendait pas à en ressortir en pleine nuit. Et surtout pas plusieurs jours plus tard, laissant donc l'hiver s'installer un peu plus dans la ville.

Quand la porte s'ouvre, le cœur de Delph se réchauffe à la simple vision de son petit ami qui la prend alors dans ses bras et la serre fort contre lui. Ce contact est si réconfortant, c'est ça d'être à la maison. C'est encore mieux que d'être sous une couette chaude qui sent le linge propre. Non, c'est cette sensation qui libère une agréable chaleur dans tout le corps et qui vous fait sentir à votre place.

— Pourquoi ne m'as-tu pas appelé ? Comment vas-tu ? Tu dois être frigorifiée. Je suis désolé, je voulais te voir mais ils ne m'ont pas laissé venir. Je suis vraiment désolé, je n'ai rien pu faire.

Delph est surprise par ce flot de paroles de la part de Léandre, tous les derniers événements ont vraiment dû le perturber.

— Je sais ne t'inquiète pas, je sais. Et je vais bien maintenant que je t'ai retrouvé.

— J'ai eu si peur...

Léandre appuie ses mots en serrant encore plus fort sa petite amie et plonge sa tête dans le cou de Delph.

— Tu avais tort d'avoir peur. Je suis innocente, ils ne pouvaient donc pas me garder pour toujours.

— Oui mais j'avais peur qu'avec... Enfin tu sais. Cela te porte préjudice.

Léandre s'écarte alors, pose ses deux mains sur les épaules de Delph et la regarde droit dans les yeux en attendant sa réponse, pour vérifier qu'elle va bien malgré ce qu'il vient de lui dire.

— Ils n'en savent rien. Enfin je crois. J'ai juste été bête, j'ai avoué sous la pression et c'est pour ça que j'ai été arrêtée. Je m'en veux, je m'en veux, je m'en veux.

Delph se frappe la tête contre le poing, comme pour expier sa terrible erreur. C'est une évidence qu'il ne faut jamais avouer, il faut être un vrai imbécile pour le faire.

— Non bébé, ne te fait pas de mal, ce n'est pas de ta faute. C'est normal, tu étais en souffrance et avouer était le seul moyen pour que tout cela s'arrête. Ce sont eux, ces flics qui sont coupables. Ils utilisent la force pour parvenir à leurs fins, tu n'es pas bête, loin de là, mais eux le sont. Je te le promets.

Léandre prend alors Delph dans ses bras, encore une fois, et comme toujours cela apaise Delph en moins d'une seconde. Et ses paroles sont encore plus réconfortantes.

— Ce soir tu vas te reposer, on passera une bonne soirée ensemble, et demain tu iras voir Lou, c'est la meilleure pour te remonter le moral. Ensuite on reprendra notre vie, comme avant. Une vie tranquille, heureuse et sereine, loin de toute cette agitation et de tous ces problèmes.

Il ne le sait pas encore, mais Léandre est en train de mentir. Mais bon, cela partait d'une bonne intention, puis il ne pouvait pas prédire l'avenir. Si tel avait été le cas une chose est sûre, il aurait plus savouré ce moment lui aussi. Si seulement il l'avait su.

Mais en attendant Léandre essaye de tenir sa promesse en préparant un délicieux repas pendant que Delph prend une longue douche. Cela la rend heureuse en temps normal, mais pas aujourd'hui. Elle se dit donc que cela reviendra plus tard, qu'il lui faudra un peu de temps avant de reprendre goût à la vie, qu'il ne faut pas qu'elle s'inquiète. Oh oui, si seulement elle avait su.

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