Chapitre 3: Les ours et les abeilles

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      Je quitte mon regard de cette magnifique créature et retourne dans la ruche qui est toujours aussi agitée. Le seul à être figé est Arthur qui ne semble pas s'être remis de ses émotions, je décide donc d'aller vérifier s'il va bien.

— C'était... C'était Delph ? La vraie Delph ? La vraie de vraie ?

— Oui pourquoi ? Vous la connaissez ?

       Mes questions réveillent ce grand ourson qui semblait jusqu'alors être en hibernation. Arthur secoue la tête comme pour remettre ses idées en place avant de me répondre.

— Oui, enfin, non. Je dirais plutôt que ma sœur est fan, elle me parle d'elle tout le temps. Elle va être folle quand je vais lui dire que je l'ai vue.

— Votre sœur la connaît bien ?

Cela pourrait être utile pour en apprendre plus sur Delph, poser des questions à la sœur d'Arthur n'éveillerait même pas les soupçons.

— Non pas vraiment, elle la suit juste sur les réseaux. Elle aimerait la rencontrer mais, même si la ville est petite, elle ne l'a jamais croisée. Je suppose qu'elle ne doit jamais sortir de chez elle.

— Et vous, vous vous y connaissez en réseaux sociaux ?

— Bien sûr, enfin comme tout le monde. Me répond Arthur en haussant les épaules.

Oui comme tout le monde, mais pas comme moi. Mais pas grave car je sais où trouver de l'aide à présent.

— Parfait. Créez-moi donc un profil.

— Pardon ?

— Vous avez bien compris, sur tous les réseaux qui existent et abonnez-moi à Delph je vous prie.

       Mon débit de parole s'accélère petit à petit au point de rendre la fin de ma phrase imperceptible à cause de Bertrand qui se précipite vers moi. Je dois fuir au plus vite mais je décide de donner mes instructions avant, c'est bien plus important que d'échapper à une discussion, aussi désagréable soit-elle.

Mais cela n'aura pas suffi car je me fais attraper avant d'avoir eu le temps de m'échapper.

— Pourquoi as-tu fait ça ? Faire copine vraiment ? Dois-je t'apprendre à faire un interrogatoire ?
Et pourquoi la laisser partir ?

Trop de questions et un ton beaucoup trop accusateur à mon goût. Mais je ne tomberais pas dans son piège et garde mon calme.

— Et vous ? Pourquoi vouliez-vous la garder ?

— Pour qu'elle nous dise tout ce qu'elle sait, pardi.

Le ton accusateur laisse la place à un autre, hautain cette fois. Bertrand me parle comme si j'étais stupide, ce que je suis pourtant loin d'être. Et c'est ce qu'il va constater tout de suite.

— Dans ce cas nous sommes d'accord, nous voulons tous deux la vérité. Ce qui est une bonne nouvelle.

— Hein ?

— La vie de cette personne tourne autour des réseaux sociaux. En les analysant nous aurons plus de réponses qu'en la gardant enfermée dans cette petite pièce. Faites-moi confiance.

       Bertrand me fixe et cherche dans mon regard s'il peut me croire. Je comprends que nous sommes encore des inconnus, ce que je lui demande est donc énorme. Après tout, moi non plus je ne lui ai pas fait confiance pour mener ce semblant d'interrogatoire. Je comprends alors que je dois faire des efforts et continue mon explication.

— Et quand nous en saurons plus sur elle, nous pourrons alors utiliser vos méthodes. Je suis persuadée que nous réussirons car vous êtes une légende. Même au 36 nous parlons de vous et de vos enquêtes menées d'une main de maître.

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