Unforgettable [TERMINÉE - en réécriture]

1 : Thea

Imaginez. Imaginez que vous vous souvenez de tout. Vous êtes adulte, et tout ce qui s'est passé avant, vous vous en souvenez. Parce que c'est comme ça. Que la vie vous a choisi, pour une bonne raison. Que vous ne connaissez pas encore, et peut-être jamais. Et ce quelqu'un, c'est moi.

Je me souviens maintenant de chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde de l'ensemble de ma vie. Se rappeler de tout n'a pas que des bons côtés : les mauvais souvenirs remontent quand on s'y attend le moins. Et vous vous dites : "essaye d'oublier." Sauf que vous ne pouvez pas. Ils sont là, et resterons gravés à jamais dans votre mémoire.

Je me suis renseignée à ce sujet sur Internet et auprès de mon amie scientifique. Ce syndrome est très rare : une centaine de personne dans le monde est touchée par l'hypermnésie. Je suis donc une personne rare, maintenant.

Je me rappelle tout. Des moments clés de mon passé. La première fois où j'ai vu ma famille, lorsque je suis née. La naissance de mon frère Maxime, trois ans plus tard. La mort de mon père, un an après cela. La dépression de ma mère, deux jours après. Comment nous avons dû (sur)vivre sans elle, mon frère et moi, alors que j'avais quatre ans et mon frère un.

Jugeant ma mère incapable de correctement s'occuper de nous, les services sociaux nous ont placé en famille d'accueil. Mon frère et moi étions dans la même famille, une bonne famille, qui s'occupait bien de nous. Nous avons grandi là-bas, et à partir de quatorze ans, j'ai commencé à travailler pour pouvoir partir avec mon frère. Le père de la famille, voulant accéder à nos souhaits, nous a donné beaucoup d'argent pour qu'on s'achète un studio. Nous allions régulièrement rendre visite à notre mère, qui se remettait peu à peu. J'ai fait une fac de droit et je suis rentrée au NYPD à mes vingt-et-un ans. Mon frère est devenue journaliste pour le New York Times. Je vis maintenant dans un appartement avec lui, en centre-ville.

La mort de mon père est un mystère. Je sais qu'il n'est pas mort de cause naturelle ou de maladie, mais personne ne sait ce qu'il s'est passé. Je sais qu'il est parti en mission et n'est jamais revenu. Il était flic, comme moi. Je tiens de lui. Avant de partir, connaissant les risques, probablement, il a confié son alliance à ma mère. Je la porte maintenant autour de mon cou, au bout d'une chaîne.

Qu'est-ce que je peux vous raconter... j'ai ma meilleure amie, Léna, qui est la plus belle personne que j'ai jamais rencontré, aussi bien physiquement que personnellement. Depuis que je suis au commissariat de New York, j'ai toujours eu un coup de cœur pour mon collègue, Gabriel. Il est trop mignon. C'est possible qu'il ait craqué également, vu comme il se comporte quand on est ensemble. Comme je ne suis pas sûre de ses sentiments, je ne tente rien.

Sans vouloir me vanter, je me suis toujours considérée comme "belle". Ou alors, Léna me l'a tellement répéter que j'ai fini par le croire. Elle pensait sincèrement que je ferai tourner toutes les têtes. Personnellement, je pense qu'avec mes longs cheveux bruns, mes yeux bleus, mes longs cils et mes taches de rousseurs, je suis... normale. Mais mon physique est l'une des nombreuses causes de pourquoi je ne me plains jamais. J'ai énormément voyagé, je ne suis jamais malade, j'ai un métabolisme hyperactif et j'ai des gens qui m'aime. Dont ma meilleure amie et mon frère.

Bref. Ma mémoire est revenue. Et cela, depuis ce fameux raid d'il y a deux mois environ. Nous faisions un raid dans un entrepôt pour attraper un gros réseau de trafiquants de drogue. Malheureusement, par je ne sais qui, ils ont été prévenus de notre arrivée. Ils avaient emporté leur matériel le plus important, et avaient laissé sur place des objets mineurs. Ils avaient soigneusement placé une bombe sur les objets laissés que nous n'avions pas détectée. Toute la brigade a évacué les lieux, pensant qu'il était inutile d'examiner ce qu'ils avaient laissé sur place. Mais je suis restée pour examiner les lieux, et au moment où j'ai découvert la bombe, il était trop tard.