Sérieusement, elle n'a même pas pensé à mettre de l'anesthésiant ? Ça fait un mal de chien !
L'infirmière bataille pour m'enlever mes points de suture. Elle débute dans le métier, ça se voit. Après qu'elle m'a plantée deux fois avec son aiguille et son oubli d'anesthésie – que je n'ai pas pu lui faire remarquer, tellement je me retenais de hurler –, je vous jure qu'elle est transpire la novicitude. Ce mot n'existe pas mais je ne sais plus ce que je dis, aveuglée par la douleur.
Enfin, dix minutes plus tard, elle finit. Elle s'enfuit comme une voleuse avec son fil et son aiguille. Et qu'est-ce qu'elle a oublié sur la table ? La bouteille d'anesthésiant !
Je vais canner...
Ma chirurgienne rentre dans la chambre, tout sourire, auquel je réponds par une mine renfrognée.
- Bien, mademoiselle Williams. Vos points sont enlevés.
- J'ai cru l'avoir ressenti, je réplique. Rappelez à vos infirmières de mettre de l'anesthésiant, la prochaine fois.
- Tout le monde commence quelque part, mademoiselle. Bref. En tout cas, votre signature sur ce formulaire vous ouvrira la porte de sortie de l'hôpital.
- Merci.
Je prends la feuille qu'elle me donne et la signe, alors qu'une douleur cuisante est encore bien présente sur mon abdomen.
Je prépare mes affaires et j'envoie un message à tout le monde pour les prévenir de ma sortie. Je descends les escaliers, mais passe voir Lina avant de sortir définitivement.
- Hey, je l'appelle doucement.
- Thea ! s'écrie-t-elle.
Son exclamation a dû être trop vive, car elle s'ensuit par un quinte de toux. Je lui tapote le dos pour l'aider.
- Ça va ? je demande, ma voix pas plus fort qu'un murmure.
- Tout va bien, me rassure-t-elle. Tu pars ? demande-t-elle, et j'aperçois la tristesse dans sa voix.
- Effectivement. Je n'en pouvais plus, trois semaines, c'est beaucoup trop long. Mais je t'assure que je reviendrais aussi souvent que possible. Ma plaie n'a pas encore cicatrisée. Donc je ne retourne pas travailler tout de suite. Est-ce que je t'ai raconté l'histoire avec mon père et mon patron ?
Elle répond à la négative, et je commence mon récit en rigolant pour ne pas lui montrer à quel point cette histoire me déchire le cœur. Je réussis à la faire rire et sourire, et c'est pour moi le maximum de chose que je peux faire pour elle.
Je la laisse à Max une demi-heure plus tard, rentrant définitivement à la maison. La sécurité étant renforcée, Noah me suivra partout désormais, même si je suis accompagnée de policiers expérimentés comme Gabriel ou Léna. Mais je m'inquiète plus de ce que Jules peut faire à Max ou à Kris que ce qu'il peut me faire à moi...
Je passe quelques jours chez moi, en compagnie d'Akira, et de Max : on va voir Lina ensemble, lui et moi. Je m'occupe à l'appart' avec le nettoyage, la compta et les factures, et avec mon chat.
Putain, ce que je vais pas aimer la retraite. Je m'ennuie à mourir. C'est presque pire que l'hosto, c'est pour vous dire !
Ce jour-là, le Saint-Graal : je retourne travailler. Même si j'ai toujours l'histoire de mon père en travers de la gorge, ça ne devrait pas m'empêcher de faire mon travail.
Je passe d'ailleurs ma journée à éviter et ignorer mon boss, qui tente plusieurs fois d'établir une communication avec moi. Nada.
Je rentre chez moi vers dix-neuf heures. Devant ma porte, je remarque que celle-ci n'est pas fermée à clé. Pire, elle est entrouverte. Je pousse la porte, lâche mes clés et pousse un cri. C'est le bordel. Je tends l'oreille, mais il n'y a aucun bruit, à part Akira, mon chat, qui tremble de tous ses membres. Je ramasse mes clés et entre dans mon appartement. Quelqu'un est venu ici et a fouillé tout l'appart'. Je m'approche d'Akira, caché sous le canapé, et le caresse pour le rassurer. Une pensée et un frisson m'envahissent. Je me relève d'un coup.
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Unforgettable [TERMINÉE - en réécriture]
AçãoÀ la suite d'une explosion de bombe, je connais à présent la moindre seconde de ma toute ma vie. Et croyez-moi que chaque seconde, c'est déjà assez long quand on a vingt-trois ans. Et si en plus de ça, j'enchaîne les erreurs impardonnables avant d'ê...