Le matin, mon réveil sonne plus fort que d'habitude, j'ai l'impression. Ah bah oui, il est sur mon oreiller, pile à côté de mon oreille. De quoi me défoncer le tympan.
Je le fait taire et me tourne de l'autre côté du lit, pour que mon regard se pose sur le dos de Jared. Je soupire en souriant. Je crois bien que je pourrais être heureuse, avec lui. Vraiment.
Mais évidemment, le destin ne m'aime pas. Alors je vais passer les trois semaines les plus pourries de ma vie...
Je le secoue doucement pour le réveiller. Il se tourne et me sourit, les yeux fermés. Je chuchote :
- Allez. On se lève, il faut qu'on aille travailler.
Il passe un bras autour de ma taille en grognant. Il m'embrasse, avant de chuchoter contre mes lèvres :
- Bonjour.
- Bonjour, marmotte, je réponds.
Mon allusion au surnom que je lui avait donné à l'aéroport avant de partir à Los Angeles le fait sourire.
- T'es insupportable, tu le sais, ça, hein ? lance-t-il.
- Bien sûr. Mon but numéro un de ma vie, c'est faire chier les gens. Allez, on se lève.
Je me dégage tant bien que mal de ses bras, et attache mes cheveux en un chignon désordonné avant de rejoindre la cuisine. Max et Noah sont déjà là, et mon frère n'a pas l'air bien.
- Tout va bien, Max ?
Il déglutit, et son visage blanchit encore un peu plus.
- Oui, ça va.
- Pourquoi tu mens ?
- Je... je mens pas.
- Maxime... sérieusement.
- Je vais bien, je t'ai dit.
Il dégage ma main que j'avais posée sur son bras et rentre dans sa chambre, café à la main. Je suppose qu'il n'a pas encore digéré la maladie de ma mère, mais ça peut être autre chose.
Je me dirige vers l'arbre à chat et caresse Akira qui est encore endormi. Il ronronne, et vibre sous mes doigts. Ça a pour effet de me détendre.
- Tu en sais plus ? je demande à Noah.
- Non, pas du tout. Il allait bien, hier soir.
- D'accord...
Je hausse un sourcil en direction de Jared, qui me répond par un haussement d'épaules.
Je finirai bien par découvrir ce qui le tracasse...
Noah, Jared et moi allons au commissariat ensemble. La matinée est déjà bien entamée, d'autant plus que je suis obligée d'arpenter toute la ville – ou presque – pour une affaire. J'espère pouvoir revenir pour midi, je veux vraiment pouvoir tourner la page avec Gabriel.
Midi arrive – enfin ! –, et je suis bel et bien au poste, à souffler un peu. Le fait de manger au restaurant ce midi me réconforte, avant que cette sensation ne disparaisse lorsque je me rends compte que note discussion va probablement se solder par une dispute, et potentiellement une crise de larmes de ma part.
Je préviens donc Noah et Jared que je pars avec Gabriel. J'ai pas encore expliqué toute la situations à mes meilleurs amis, mais je sais qu'ils ont beaucoup à gérer de leur côté avec Kaitlin et Aaron.
- Tu veux pas que je viennes ? J'ai un mauvais pressentiment... m'informe Noah.
- Je suis avec Gabriel et je sais me défendre, Noah. Je vais gérer.
- Fais attention.
- Promis.
Il me prend dans ses bras. C'est fou comme en quelques semaines à peine, cet homme est devenu si important pour moi, si proche.
Comme le soleil brille dehors, je propose à Gabriel d'aller au resto à pied, ce qu'il accepte. Il reste de marbre, silencieux, et ça me tue. Je veux juste en finir au plus vite.
- C'est qui ?
- Qui ?
- Ta copine.
- Oh. Elle s'appelle Lily, tu ne la connais pas.
- Elle ressemble à une Barbie. Je savais pas que tu aimais les blondes.
Bon, peut-être que je cherche un peu. On va se disputer, c'est sûr, vu comment c'est parti. Mais je suis si en colère qu'il m'ait fait un flan de m'avoir vu partir avec Aaron l'autre fois, puis qu'il soit venu jusqu'à chez moi pour me faire tomber à ses pieds... et dès la première erreur – pas des moindre, mais la première –, il me remplace en même pas vingt-quatre heures. Je trouve ça légèrement abusé.
- Ce n'est pas parce que tu aimes le Nutella que tu ne peux pas essayer la confiture de fraises.
- C'est quoi cette comparaison à la noix ? On parle d'être humains, pas d'ingrédients à mettre sur tes tartines.
- Thea, arrête.
- Quoi ? Sérieusement, tu crois pas que j'ai raison ?
Il s'arrête et je fais de même. Il se tourne vers moi, l'expression glaciale. Il m'effraie assez pour que mon dos touche le grillage de la maison derrière moi.
- Tu t'es comporté salement avec moi. Après mon aveu, tu m'as embrassé et tu m'as affirmé que tu m'aimais toujours. C'est vrai ou c'est pas vrai ? Moi, je crois que c'est pas vrai, pour avoir renoncé à moi si facilement.
- Thea. Arrête, vraiment, répète-t-il.
- Explique-moi.
- Que je t'explique quoi ?
- Explique-moi pourquoi tu as fais ça. Non, déjà, réponds à la question : est-ce que tu m'aimes toujours ?
- Je...
- D'accord. Donc on est clair, tu restes avec ta Barbie, et je reste avec Jared. Tu le savais, ça.
- De quoi ?
- Arrête. Tu sais que quand je fais les choses, je les fais pas à moitié. Je t'aime pas à moitié. Je t'aimais pas, à moitié.
- Moi non plus, je t'aimais pas à moitié.
- Alors comment ça se fait que...
Une douleur au niveau de mon ventre me coupe dans mon élan. Putain, l'enfoiré.
La force du coup me projette contre le grillage derrière moi, et je tombe au sol, agonisante. Mes oreilles bourdonnent et je vois flou. Par réflexe, j'ai posé mes mains sur mon ventre, qui sont désormais pleines de sang. Merde, mon t-shirt blanc... je venais de l'acheter !
Quelques secondes plus tard, le son de l'extérieur me revient.
- Thea. Thea ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? crie Gabriel.
- Je... Aïe !
Il bouge mes mains et appuie les siennes à la place.
- Un gars... sur une moto... il a sorti un flingue, et... bordel, ça fait encore plus mal que l'épilation à la cire, j'ajoute avec un rire nerveux.
Je réussis à arracher un sourire à Gabriel, mais je ne rajoute rien de plus, je n'en ai pas la force.
- J'ai appelé les secours, Thea. Ils vont arriver. Reste avec moi, je t'en supplie, reste avec moi.
Je ne sais pas comment j'arrive encore à réfléchir avec une balle dans l'abdomen, mais les images de la scène me reste en tête. Les yeux fermés, j'ajoute d'une voix faible :
- C'était une Harley Davidson... la plaque...
Je m'en rappelle, mais incapable de l'énumérer avant de m'évanouir.
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Unforgettable [TERMINÉE - en réécriture]
AzioneÀ la suite d'une explosion de bombe, je connais à présent la moindre seconde de ma toute ma vie. Et croyez-moi que chaque seconde, c'est déjà assez long quand on a vingt-trois ans. Et si en plus de ça, j'enchaîne les erreurs impardonnables avant d'ê...