Unforgettable [TERMINÉE - en réécriture]

27 : Thea

Je me force à retourner me coucher, même si la douleur de mon bras n'a jamais été aussi vive que ça. Sans surprise, je n'arrive pas à dormir. Seulement parce que j'ai mal, mais aussi parce que je réfléchis trop. Je n'ai. Plus personne. Gabriel m'a quittée, les choses ne sont pas tout à fait au clair avec Jared, que je n'ai pas vu depuis quelques jours maintenant, et Léna est dans sa petite bulle avec Kaitlin ; elles sont heureuses et j'aime ça. Mais je me sens seule en ce moment. Max est collé à Lina et ma mère...

Ma mère m'a proposé de venir passer le weekend chez elle. C'est une bonne idée ! Lina, Max, Kris et sa bonne nouvelle, et moi. En famille.

Il faut vraiment que je règle ce problème avec Gabriel et Jared. Ça ne peut plus continuer.

Après avoir passé plusieurs heures à me retourner dans mon lit, sans réussir à attirer le sommeil, je me lève et décide de prendre une douche. Je retire mes vêtements ainsi que la compresse, et remarque que ma plaie n'a même pas commencé à cicatriser. Je grimace devant le miroir en observant les dégâts.

Je me glisse sous la douche et l'eau chaude me surprend. Je retiens un gémissement de douleur, et me douche avec difficulté. C'est vraiment la pire douleur physique que j'ai jamais eue...

Je sors, me sèche et me rhabille. J'applique une nouvelle compresse sur mon bras nu. J'avale un Doliprane et enfile une veste, destinée non pas à me réchauffer – il fait quand même vingt degrés dehors – mais bel et bien à cacher ma blessure. Je n'ai pas envie qu'on vienne me demander ce que je me suis fait toutes les trente secondes.

Je me prépare une tasse de café dans l'espoir qu'elle arrivera à me réveiller. Enfin, me réveiller de quoi ? Je n'ai pas dormi une seule seconde.

Je baille alors que Max et Lina arrivent dans la cuisine. Lina me relaye à la cafetière tandis que Max s'approche de moi.

-         Est-ce que ça va ? demande-t-il en levant la main pour me caresser le bras.

J'attrape son poignet de justesse avant que ses doigts ne me touchent.

-         Oui, ça va. Mais évite de toucher, s'il te plaît.

-         Oh. Excuse-moi.

Il regarde par-dessus mon épaule et je devine que Lina doit lui parler silencieusement. Je souris légèrement avant de boire une gorgée de café. Je m'aperçois que j'avais raison lorsque Maxime reprend :

-         Ça doit être dur pour toi, dit-il. Mais on est là si tu as besoin.

-         Tu es mignonne, Lina, dis-je en lui jetant un regard. Mais c'est une blessure physique. Vous ne pouvez rien faire pour moi. Je vous remercie.

Max rejoint Lina derrière moi. Les avant-bras posés sur le comptoir, assise sur mon tabouret, tête baissée, j'ai l'impression d'avoir trente ans, qu'ils en ont à peine dix-neuf et que je suis beaucoup plus mature qu'eux. Je le suis peut-être, plus mature qu'eux, pourtant j'ai seulement deux ans de plus que Lina et quatre de plus que Max.

Je ne pense pas qu'ils sachent ce que j'ai pu vivre depuis que je suis entrée au NYPD. J'ai été blessée de nombreuses fois, et je m'en suis toujours sortie. Mais Max, et depuis quelques mois, Lina, n'ont vu que la meilleure partie de moi lorsque je n'allais pas bien. J'ai fait en sorte de toujours la leur montrer.

Mais j'ai vécu bien pire qu'ils ne le pensent.

J'informe mon frère que maman nous a proposés de venir chez elle pour le weekend. Il est heureux, et Lina aussi, de pouvoir passer un moment en famille. Voilà, c'est comme ça que je veux les voir. Heureux.