17- Ève

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Mon mal de ventre combiné avec une forte nausée m'ont conduit à dormir une bonne partie de la journée. Alors quand j'ouvre les yeux dans ma chambre, je suis désorientée. Les quelques rayons qui passent entre mes rideaux m'aident à contempler la pénombre de la pièce. Mon pyjama toujours sur le dos, j'essaye de me lever mais un haut le coeur m'amène jusqu'aux toilettes. Le peu qui me restait dans l'estomac fini au fond des égouts. C'est trempée de sueur et avec une haleine de poney que je retourne dans mon lit, la bouillotte positionnée avec soin sur mon ventre et mon ordinateur qui diffuse en continu des vidéos sur youtube.

Cependant, c'est au milieu de la présentation d'un objet étrange que mon téléphone vibre. Je soupire, me tourne vers ma table de chevet avant de m'en emparer. La lumière m'éblouit, me rendant un peu grognon avant même d'ouvrir le message.

[Tu veux que je ramène quelque chose pour ce soir ?]

Ma respiration se coupe directement.

Non pas à cause de la peur, mais du fait de ma connerie surhumaine. Ma sieste improvisée, mes douleurs au ventre et mon état en général sont à l'origine de mon cerveau au ralenti. Honteuse de l'avoir totalement zappé, je lui envoie un message le prévenant qu'il doit juste prendre ses affaires.

Rapidement, je me dirige vers ma salle de bain. À côté du lavabo, je pose mon smartphone, appuie sur l'application de musique et je commence mon rituel. Une fois nue, je me dirige sous la douche. Je ressemble actuellement à un zombie.

Pitié je veux rester ici ad vitam æternam.

Il était plus qu'urgent que je prenne une douche. Mon odeur était similaire à celle d'un fennec qui a eu un rendez vous galant avec une moufette, quoique le fennec a une tête plus mignonne. Un peu revigorée par l'eau chaude qui a pour bienfait de calmer mes contractions, mes hanches bougent en rythme alors que Single Ladies résonne au milieu de cette vapeur et le pommeau de douche qui vient d'enlever la mousse présente sur mon corps me sert désormais de micro.

Le ridicule ne tue pas.

Cause if you liked it, then you should have put a ring on it, If you liked it, then you should have put a ring on it, Don't be mad once you see that he want it, If you liked it, then you should have put a ring on it, chanté-je, alors que je gaspille toute l'eau chaude.

C'est après une trentaine de minutes d'un concert intense que je sors de la douche, propre et sentant bon comme une rose. La serviette est enroulée autour de mon corps encore humide. Je change de musique, pour mettre celle de ma routine au sol. Malgré les cours et ce projet avec Théodore, la gymnastique reste une part importante de ma vie et je ne peux oublier ce sport, même en cette période du mois. Alors, avec l'air de Welcome to the Black Parade de My Chemical Romance, je traverse ma chambre en passant pour une folle qui fait de fausses pirouettes en jean et soutien gorge noir à dentelles.

Ce n'est qu'une fois après avoir enfilé mon pull blanc en laine que je sors de ma chambre, les écouteurs dans les oreilles. Je ressens le besoin de m'évader et d'être seule. La solitude est définie comme une liberté personnelle, à l'émerveillement d'être seule au monde. Pour ma part, je trouve simplement les gens trop cons, et par moment, le silence et le calme plat font un bien fou.

J'ai prévu de faire des cookies. Comme à mon habitude, je sors le vieux bouquin de cuisine qui appartenait à ma grand-mère, puis à ma mère. C'est comme un bijou de famille, mais c'est beaucoup plus précieux. En suivant scrupuleusement la recette, j'arrive à un résultat plutôt convenable. Une fois, les petites boules formées, le tout part au four. Désormais, je peux mettre dans un bol le popcorn, les petits bonbons et ajoute quelques bouteilles de soda sur le plateau. C'est le même rituel lors des révisions.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant