13- Ève

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Non loin du Boston college, le Café Landwer est l'un des endroits plébiscités par les étudiants pour prendre une pause ou venir avant les cours. Il a un petit côté branchéavec ce mélange de noir et de bois, et les meubles ainsi que certains objets anciens soigneusement positionnés donnent ce côté vintage qui rajoute du charme à l'endroit. Il propose également une multitude de choix, que ce soit pour les boissons ou la nourriture, permettant d'attirer le plus de monde possible. Je suis installée à une petite table ancienne pleine de charme sur laquelle mes fiches, mes bouquins et ma gourde d'eau envahissent l'espace autour de moi. Il ne reste plus beaucoup de place pour déposer quoi que ce soit d'autre.

Do I Wanna Know? d'Artic Monkeys passe dans mes oreilles, m'isolant ainsi du reste du monde. Ce qui n'est pas plus mal. J'ai besoin de cette solitude pour retrouver mes esprits et ainsi mieux affronter la journée. D'autant plus que cela me permet de réfléchir à ce qu'il s'est passé hier soir. Le message de Grace fut l'élément déclencheur. Le simple fait de voir le prénom de ce mec m'a donné envie de vomir. Une crise est donc apparue, violente, imprévisible et destructrice. Comme transportée dans une autre réalité, je ne voyais plus que lui...ce monstre. Malgré mon manque de discernement, Théodore a su me calmer en utilisant sans le savoir la même méthode qu'Alex.

Il a su d'instinct ce dont j'avais besoin.

Il s'est montré doux, attentif et patient. J'admets qu'à ce moment-là, mon cœur battait plus vite que d'ordinaire. La cause n'en revenait pas au stress intense que j'ai subi, mais seulement à sa présence. Je me suis sentie...protégée.

Lorsque Jérémy m'a envoyé ce message, j'étais heureuse de m'extraire de cette discussion. La direction que prenait cet échange avec Théodore devenait trop personnelle pour moi et ... Je ne suis pas prête à parler de ma vie.

Je relève la tête, observe les différents groupes qui m'entourent avant de voir la porte s'ouvrir. Son casque de moto dans une main, son sac de cours dans l'autre, il dégage cette aura qui oblige chaque personne à lever son regard sur lui. Ses yeux se posent sur moi et il s'avance jusqu'à ma table. J'enlève mes écouteurs et j'essaye de ranger le bazar qui est étalé devant moi. Il dépose son sac au sol et s'installe de manière nonchalante et bruyante sur sa chaise, provoquant ainsi l'énervement d'une bonne dizaine de personnes. Je rougis de honte, baissant ma tête pour passer inaperçue.

— Tu peux faire moins de bruit s'il te plaît ? On est dans un lieu public, lui demandé-je à voix basse.

Il bougonne et croise ses bras avant de replonger ses iris verts sur moi. On se regarde en chiens de faïence — c'est drôle, j'ai l'impression d'avoir déjà vécu cette scène—, et je souffle avant de me lever pour aller commander une boisson. Il est hors de question qu'il paye. Ce n'est pas un rendez-vous galant, c'est juste une entrevue pour mettre en place un planning et des idées. D'ailleurs, je dois l'informer de la discussion que j'ai eue avec madame Spencer. La tasse de chocolat chaud dans les mains, je retourne vers la petite table et pose ma boisson avant de m'asseoir.

— Je reviens, je vais me chercher un truc à boire.

Le visage fermé, il laisse son téléphone sur la table avant de se lever.

Pourquoi il réagit comme ça ?

Que s'est-il passé aujourd'hui pour qu'il soit d'une humeur de chien ?

Il arrive avec un café, et cette fois-ci, il s'installe sans faire le moindre bruit. Je ne dis rien, préférant rester muette pour ne pas risquer une crise ou je ne sais quoi. Vu son humeur de cochon, je dois aller dans son sens.

— Ma coach m'a donné plus d'informations.

Il lève la tête, à l'écoute et attend la suite de ma phrase.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant