6- Théodore

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Un bureau sombre, des rideaux qui empêchent la lumière de pénétrer, il y a seulement un petit jet provenant de l'unique fenêtre de la pièce. Des diplômes accrochés au mur qui me font face et à côté, une grande bibliothèque en bois remplie de vieux livres, des manuels de psychologie et des feuilles, beaucoup de documents en désordre.

Voilà 10 minutes que je suis installé devant le bureau de mon psy et je ne peux m'empêcher de penser à ce que je vais dire au cours de cette séance. Il est maître de mon avenir, s'il juge nécessaire de me mettre sous traitement pour contrôler les phases dépressives, il le fait. Si je dois arrêter de jouer pour me protéger et garantir la sécurité de mes coéquipiers, il m'arrête.

Il est maître de mon avenir et, je sens des nœuds qui apparaissent dans mon estomac.

Cette séance sera terrible et j'en suis le seul responsable.

— Théodore Hardmann, je suis surpris de te voir ici, tu n'avais pas quelque chose de plus important à faire? ironise-t-il en s'asseyant face à moi.

Le docteur Mencia est un homme grand, un peu rondouillet. Ses cheveux grisonnants lui donnent cet air de grand-père. Les lunettes qu'il a sur le nez renforcent cette image. Cependant, c'est également un expert en la matière et à chaque rendez-vous, il a su me faire parler malgré mon mutisme et mon envie de partir loin d'ici.

— Ta mère m'a appelé, elle s'inquiète pour toi et je dois t'avouer que moi aussi. Pourquoi avoir annulé tous tes rendez vous? me questionne-t-il tout en prenant mon dossier.

— Comme vous l'avez dit, j'avais autre chose à faire et je ne ressentais pas le besoin de parler.

— Théodore, ton arrogance ne mènera à rien ici et tu le sais très bien. précise-il en écrivant sur son carnet. Est ce que ça va?

Oui ça va super bien, je me sens oppressé dès que je vois ses photos, j'ai l'impression de mourir en repensant à l'état de santé d'Aimée. Sinon, vous savez que j'ignore les messages de ma mère quand elle me parle des rendez-vous médicaux d'Aimée.

— Je suis juste fatigué à cause des entraînements et de la reprise des cours.

— Tu as hésité avant de me répondre. soulève-t-il en me regardant. Comment va ta sœur, tu es allé la voir?

Docteur Mencia 1 - Théodore 0

Je souffle et je tente de retenir les quelques larmes qui menacent de couler. Il est fort, très fort et je peux voir dans son regard qu'il va me laisser parler. J'ai le champ libre pour briser ma carapace au moins 10 minutes avant de m'enfermer à nouveau dans cette cage si paisible.

— Non, je me sens toujours coupable de son état, c'est arrivé peu après... l'accident, et je ne peux pas la regarder.

— Tu te sens toujours coupable?

— Oui

— Théodore je vais te le redire, mais tu es en sécurité. Tu peux vivre de nouveau et tu dois accepter le fait de ne plus être sous son emprise.

Il a surement raison, peut être que je me flagelle de trop pour un événement qui m'a changé à tout jamais. Je ne suis pas coupable, du moins aux yeux de la justice. Mais pour moi, je le serai éternellement et ça me broie de l'intérieur.

Monstre, tu es un monstre.

— Tu n'es pas coupable, ta petite sœur réclame ta présence Théodore et de mon point de vue, tu dois retrouver cette liberté que tu as perdu.

Il tape quelque chose sur son ordinateur avant de sortir une feuille et de me la tendre.

— C'est un traitement à base de plantes, tu en prends un le soir avant de dormir et tu prends celui qui est en dessous au réveil.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant