TW: description d'une maladie et de l'état physique d'une personne atteinte par cette maladie, sujet sensible selon moi.
—Dodo, tu vas revenir?
Aimée ajoute à son regard de chien battu des lèvres tremblantes.
Même à dix ans, elle utilise cette technique affective pour corrompre tout le monde. Comme à chaque fois, je suis sa première victime. Alors dans cette chambre blanche où la vie semble être partie depuis longtemps, avec pour unique compagnie des machines et cette horrible grenouille coincée dans un cadre. Je me dois de la rassurer, à propos de celle-ci, elle est flippante.
Je ferme les yeux avant de me tourner vers ma sœur. Un pas après l'autre, je me rapproche d'elle et, une fois à ses côtés, je tends une main pour lui caresser la tête. Mais, sa belle chevelure blonde a disparu, laissant maintenant une trace visible de sa maladie. Je suspends mon geste, pris d'une panique grandissante en faisant ce triste constat. Cependant, le regard d'Aimée, remplit d'étoiles, m'implore de continuer mon geste. Malgré ses joues creuses dues à l'amaigrissement, son teint blafard et son cœur qui donne l'impression qu'elle a sept ans et non dix, montrent une fatigue véritable et un bonheur en voie de disparition.
Si lui promettre de revenir peut l'aider à apercevoir cette douce lumière qu'est la liberté, alors je passerai chaque minute de mon temps libre avec ce petit ange.
— Je te le promets et quand je serai là, on s'occupera d'harmoniser ta chambre en apportant quelques fleurs, des peluches et enlever cette immonde peinture. Tu es d'accord avec moi ? lui promettais-je tout en continuant mon geste.
Son rire résonne dans la pièce comme une douce mélodie. Ce son est agréable et permet de gonfler mon cœur d'un amour pur et sincère. Je prends conscience que, malgré la maladie, Aimée reste cette petite fille joyeuse emprunt de malice et d'un courage impressionnant.
Son souffle devient erratique. Elle tente de reprendre sa respiration, mais cela s'avère compliqué. Je lui tends son masque à oxygène et attends avec elle que la crise passe. Elle finit par s'endormir et je dépose un baiser sur son front avant de me lever.
De ma paume, je pousse la porte et une fois à l'extérieur, je souffle. La voir dans cet état, allongée sur ce lit, enfermée et reliée à toutes ces machines, me confère un sentiment d'impuissance et de rage. J'aurais dû être à sa place. À son âge, je grimpais aux arbres avec une petite cape rouge sur les épaules, me prenant pour le super-héros du quartier prêt à défendre quiconque. Je me sentais invulnérable, immortel.
J'étais libre et avec le hockey qui entrait dans ma vie, je pouvais me dépenser et m'amuser. Pour Aimée, les choses sont différentes. Elle ne peut contempler la nature, sentir le soleil sur sa peau ou encore s'amuser avec ses amies. Non, elle passe son temps avec les blouses roses, des femmes qui sont présentes pour aider les enfants, passer du temps avec eux. Puis, il y a également ce clown ridicule qui vient toutes les semaines. Elle n'a pas la vie d'une fille normale.
Au contraire, elle doit se battre pour rester en vie.
Toujours bloqué dans mes pensées, j'essaye d'amorcer quelques pas vers la partie cardiologie pour rejoindre ma mère. J'avance par pur automatisme. Cependant, alors que je souhaite entrer dans son bureau, la porte de celui-ci s'ouvre à la volée et je reste figé face à la personne qui sort de la pièce.
— Théodore, qu'est-ce que tu fais ici ? questionne Ève en me fixant
— Ma mère travaille ici, tu viens de sortir de son bureau d'ailleurs, réponds-je avant de lui poser la même question.
— Et toi, je peux savoir pourquoi tu as eu rendez-vous avec ma mère ? C'était toi son urgence Ève ?
— C'était un contrôle de routine demandé par la coach.
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Amnésie
RomanceFuir, respirer, vivre. À des kilomètres de son ancienne vie, Ève Grey tente de se reconstruire avec l'aide de ses frères. Mais, comment fuir ce passé qui la brise encore aujourd'hui. Comment vivre lorsque son coeur menace de lâcher à tout moment...