5-Ève

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Voilà une semaine que les cours ont commencé et j'en apprends plus qu'en plusieurs années à la fac de Stanford. Ici, les enseignements sont tous plus intéressants les uns que les autres. Les chercheurs nous racontent des anecdotes, leurs expériences. Il y a une grande diversité de leur dire et je peux ainsi voir plus large pour mon projet professionnel. Loin de moi l'idée de continuer dans la gym, j'ai besoin de m'accrocher à un rêve plus stable, je dois lui rendre hommage.

Actuellement je suis assise à la cafétéria du campus. Seule, tranquille, apaisée. Je complète un cours important pour valider mon semestre. Je ne dois pas flancher, alors, je me donne les moyens pour réussir au détriment de ma santé.

"Respire, calme ton coeur et ton esprit mon ange". Les mots de ma mère tournent en boucle dans ma tête. J'aimerais tellement qu'elle soit là.

Le goulot de ma bouteille d'eau proche de ma bouche, je suspends mon geste quand je repère au loin Théodore. Il a essayé de me parler plusieurs fois et notamment quand Eliott était avec mon frère mais je restais fermé à la discussion, préférant l'ignorer.

Il me remarque, me sourit avant de me rejoindre. Sans mon accord, il s'installe devant moi et pose sa pomme ainsi que sa boisson énergisante sur la table.

— Je souhaite enterrer la hache de guerre petite ballerine. dit-il en me fixant.

— Il n'y a pas de guerre, et d'ailleurs qui t'a autorisé à te mettre en face de moi?

— Tu n'es pas la propriétaire de cette table

— J'ai besoin de mon espace vital capitaine casse-pied.

— Accepte juste de prendre un café avec moi et tu verras que je suis loin d'être le connard prétentieux. J'ai un cœur, je te signale.

— Oui comme tous les êtres humains sur cette terre.

— Pourquoi tu me détestes?

Sa question me rend muette et je m'enfonce un peu plus dans mon siège. La colère qui émanait de mon cœur laisse place à de la gêne. Je ne sais pas quoi répondre.

— Je te demande simplement un café après tu seras libre de me détester et de créer un compte de haters pour me descendre sur les réseaux.

— Tu me prends pour qui, une gamine de 12 ans qui n'est pas contente parce que son joueur préféré ne lui a pas signé un autographe.

— Non au contraire, toi tu es la fille forte qui se sert de sa carapace pour se protéger, mais crois moi Grey, elle se brisera.

Son ultime phrase reste suspendue dans l'air et elle a pour mérite de me laisser sans voix. Ses mots sont comme des flèches empoisonnées. Bien qu'inoffensifs, ils coulent dans mes veines comme un remède mortel. Je ferme les yeux, mes ongles s'enfoncent dans mes paumes et je lutte pour retenir mes larmes.

Il faut croire que je ne sais pas cacher le mal qui habite en moi.

Son regard me sonde, cherchant à me mettre à découvert ou en quête d'une réaction de ma part mais je n'en fais rien. La paralysie prend le dessus sur mon corps. Il semble prendre mon silence comme un refus face à son invitation et, lorsqu'il se lève. Les mots qui étaient alors emprisonnés en fond de mon esprit arrivent à passer la barrière de mes lèvres.

— D'accord pour le café.

— On y va maintenant, l'option en Histoire contemporaine commence seulement dans trois heures, donc on a le temps.

— Waouh, après Noah, capitaine casse-pied , aime l'Histoire. blaguais-je en rangeant mes affaires.

— Crois-moi petite ballerine tu es loin de me connaître.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant