18- Théodore

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« On ne lit pas et on écrit pas de la poésie parce que ça fait joli. Nous lisons et nous écrivons de la poésie parce que nous faisons partie de la race humaine; et que cette même race foisonne de passions. » *

Je n'avais jamais pris le temps de regarder ce film. Pour certains, cet oubli peut s'apparenter à un crime contre l'humanité. Dans mon cas, je ne m'étais jamais réellement intéressé à cette partie du cinéma. Je me concentre donc sur chaque dialogue, chaque images pour comprendre l'importance de ce long-métrage. Cependant, je n'omets pas la présence d'Ève à mes côtés. Sa respiration est lente, agréable. Les zones d'ombres créées par l'écran de télévision rendent son visage plus mystérieux. Alors le souvenir de la fin de journée me revient rapidement en tête. Je détourne rapidement mon regard, avec la peur d'être pris en flagrant délit.

« Écoutez ce que dit Whitman: « Ô moi ! Ô vie !... Ces questions qui me hantent, ces cortèges sans fin d'incrédules, ces villes peuplées de fous. Quoi de bon parmi tout cela? Ô moi ! Ô vie ! »

Je pose encore mes yeux sur sa silhouette et remarque que ses lèvres bougent, récitant alors les différents dialogues du film. Le film m'importe peu à présent, mon regard reste accroché à Ève comme un aimant, et mon cerveau se joue de moi en projetant des images de cette magnifique brune, le corps nu enlacé au mien.

C'est clair, je suis fou. Qu'on appelle l'asile !!

Soudain, elle détourne son attention pour poser ses iris bleus sur moi. Ses yeux sont comme des éclats de saphir dans l'obscurité, brillant d'une lueur intense et envoûtante. Ses iris sont d'un bleu si profond qu'ils semblent absorber la lumière environnante, créant une atmosphère de mystère et de fascination. Son regard est souligné d'un trait fin d'eyeliner noir, ajoutant une touche de définition et de glamour - un contraste important si on s'attarde sur sa tenue, un jean brut et un pull en laine blanc - mais cela m'importe peu. Les cils, longs et épais, encadrent ses yeux énigmatiques, leur donnant une allure sensuelle et hypnotique à chaque battement. Ève est une magnifique jeune femme et malgré cette distance entre nous, je sens nos coeurs battre à l'unisson.

N'en reste pas moins qu'elle t'a pris en flagrant délit de voyeurisme, mon gars.

Je fais comme si de rien n'était mais elle rigole avant de baisser le son de la télévision et de et de changer de position, se tournant complètement face à moi. Le silence règne entre nous pendant quelques instants. Mais, il est loin d'être inconfortable.

— Pourquoi tu me regardais comme si j'avais un morceau de salade entre les dents? demande-t-elle en prenant un autre popcorn.

— Peut-être parce que tu as un morceau de popcorn entre les dents, répliqué-je en jouant avec mes sourcils.

— HA HA HA! Je suis morte de rire. Non vraiment, tu devrais faire un one man show, tu aurais du succès auprès des personnes qui aiment ce genre d'humour.

— Mais j'y compte bien, d'ailleurs j'ai tout un numéro sur notre première rencontre, annoncé-je en rentrant dans son jeu.

Elle fronce ses sourcils avant d'ouvrir la bouche et de la refermer aussitôt. Son rire résonne dans toute la pièce comme une douce mélodie et très vite, je la rejoins. Il est vrai que cette journée-là est à marquer dans les annales. Entre Noah qui faisait son mannequin sur une voiture, la réparti d'Ève et mon agacement ce jour-là à cause d'une nouvelle plus que bouleversante, je pense qu'on peut en faire un vrai spectacle comique.

Elle n'ajoute rien de plus qu'un soupir avant de remettre le film. Pour la faire simple, l'histoire se situe en 1959. Cours après cours, John Keating transmet comme message: «Carpe diem», profite du jour présent. Pour la faire courte, cela veut dire qu'il faut vivre pour ses passions, voir le monde sous un angle différent et aller à son rythme. Le générique de fin défile devant nos yeux et le silence qui s'installe est pesant.

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