TW: description d'une crise d'angoisse et d'un acte non consenti.
Des gobelets rouges jonchent le sol, une odeur âcre mélangée à celle de l'alcool et de la fumée me retourne l'estomac. J'essaye de contrôler ma respiration et la nausée qui apparaît violemment.
Il m'est presque impossible de voir plus loin que le bout de mon nez. L'amas d'étudiants ivres qui se collent, se mouvant au rythme de la musique ou en s'adonnant à des activités plus...intimes, empêchent tout mouvement. Je suis donc obligée de jouer des coudes pour rester proche de Théodore, sans pour autant le coller.
Même si sa présence est rassurante, j'ai toujours ce sentiment néfaste qui bout en moi. Comme si le danger pouvait arriver sans crier gare et détruire le peu de confiance qu'il me reste.
Je suis à quelques pas de lui, ni trop proche, ni trop éloignée, histoire de garder une sécurité plus que convenable avec lui. C'est également un moyen pour moi de fuir plus rapidement si jamais cette soirée se transforme en cauchemar.
Je ne veux pas revivre ça.
L'îlot central de la cuisine est jonché de verres, de bouteilles vides et de chips. C'est un vrai foutoir!
Muette comme une carpe, je reste à ma place, regardant autour de moi l'ambiance qui règne à la colocation. Je connais l'ambiance des fraternités lors des soirées. L'excès en est le maître-mot. Mes oreilles sifflent, mes chaussures collent au sol et je me fais bousculer de tous les côtés.
Je sens que je vais exploser.
— Donc il nous reste de la bière, de la bière et oh, comme c'est surprenant !
— De la bière, complété-je en haussant la voix pour qu'il puisse m'entendre.
Il rigole en s'emparant d'un gobelet rouge qu'il remplit d'eau. Je le rejoins pour récupérer la boisson "des coincés" qu'il me tend, et attends qu'il se serve à son tour.. Je le rejoins et prends le verre d'eau avant d'attendre qu'il se serve également. Mes yeux scrutent son verre et il semble prendre cela pour un jugement car il se justifie.
— Il faut bien que quelqu'un reste sobre dans cette équipe.
— Tu n'es pas obligé de te justifier, Hardmann.
— Si, je le suis. Depuis qu'on est là, tu te tiens à distance. Tu scrutes chaque coin de la maison et tu as dit cette phrase dans la voiture.
Ses sourcils se froncent et il croise les bras.
— J'ai fait une connerie, répété-je comme une plainte.
Je souffle avant de m'asseoir à côté de l'évier, Théodore à mes côtés. Il attend une réponse, une justification quelconque face à mon aveu. Mais, je ne peux pas. Les mots restent coincés dans ma gorge, une barrière invisible les emprisonne.
Trouillarde.
— Tu peux me dire où sont les toilettes s'il te plaît? articulé-je pour changer de sujet.
J'ai besoin de fuir, d'être seule et de respirer.
Son regard est intense, il cherche probablement à lire en moi. Ses yeux se ferment avant qu'un soupir ne sorte de sa gorge.
— Tu prends les escaliers et c'est au bout du couloir, précise-t-il en me désignant les marches du doigt.
Un sourire gênant plaqué au visage,j'opine de la tête en guise de remerciements. Mes chaussures retrouvent rapidement le sol poisseux de la cuisine. Il y en a qui n'ont aucun savoir vivre. Ce n'est pas compliqué de tenir un verre de bière!
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Amnésie
RomanceFuir, respirer, vivre. À des kilomètres de son ancienne vie, Ève Grey tente de se reconstruire avec l'aide de ses frères. Mais, comment fuir ce passé qui la brise encore aujourd'hui. Comment vivre lorsque son coeur menace de lâcher à tout moment...