TW (scène à caractère sexuel)
Une heure.
Cela fait une heure qu'on se prend la tête sur une foutue introduction pour une présentation orale. Soit on est pas d'accord sur l'accroche, soit c'est la problématique qui dérange madame "j'ai un balai dans le cul". Quand elle est arrivée dans la salle de travail, une bouillotte dans les mains et une pâtisserie dans l'autre, elle a grogné tel un homme des cavernes. La capuche vissée sur la tête, elle ne m'a pas adressé un regard, se contentant de sortir les cours de son sac.
Il me faut un manuel pour comprendre les femmes, je vous jure, c'est épuisant au quotidien.
Même mes boutades ne marchent pas. Elle soupire, grogne, écrit, replace sa bouillotte sur son ventre et essaie de garder les yeux ouverts. Je décide de me lever et de partir à la cafétéria. Peut être que c'est comme les animaux, si tu veux qu'ils soient mignons et qu'ils ne t'agressent pas, tu leur offres une friandise. Je commande donc un muffin au chocolat et un beignet au sucre. Celui qu'elle a amené a fini en deux secondes chrono dans son estomac. Il lui restait même quelques grains de sucres au coin de la bouche, mais hors de question de m'attirer ses foudres en le lui faisant remarquer.
Quand j'ouvre la porte de la salle, elle est allongée la tête dans ses cahiers, la bouche entre ouverte et une mèche qui passe devant ses yeux. Elle est magnifique. Elle le serait davantage sans le filet de bave qui coule de sa bouche. Il ne manquerait plus qu'un petit ronflement pour parfaire ce tableau.
Si un homme arrive à trouver une fille belle dans ce genre de situation, c'est qu'il est complètement fou.
Je pose délicatement ce que j'ai acheté avant de prendre mon téléphone et d'immortaliser ce moment. Un moyen de plus pour la faire chanter si elle n'accepte pas quelque chose de ma part.
L'odeur des viennoiseries doit éveiller ses sens, car elle se réveille rapidement, quelques cheveux dans la bouche, avant de s'attarder sur les deux petits sachets. J'essaye de contenir mon rire face à cette image, passant sûrement pour un imbécile. Son regard se concentre sur les petits sachets et ses yeux... sont à l'image de ceux de ma sœur devant une peluche. Comme un idiot, je souris et je reporte mon attention sur les feuilles éparpillées devant moi.
— Merci Théodore, dit-elle avec une miette sur le côté droit de sa bouche.
Décidément, cette fille ne sait pas manger proprement. Ou bien, étant donné son état actuel, elle s'en fiche complètement.
Je me retiens de justesse de tendre la main pour y déloger les quelques miettes du bout des doigts. Un sourire est toujours présent sur mes lèvres alors qu'elle retourne sur son ordinateur pour essayer de mettre en ordre nos idées. Un ricanement sans joie s'élève soudain dans la salle alors qu'elle masse ses tempes en écartant les feuilles devant elle.
— C'est dingue, je pensais à ma mère.
— C'est à dire? demandé-je en finissant d'écrire ma phrase.
— Si elle était encore là, avec moi, elle m'aurait sûrement dit de réfléchir et de voir plus large avec ce sujet. Enfin, je pense. J'étais bien trop jeune quand elle a été tuée...
Elle s'interrompt brusquement et son visage devient un peu plus blanc.
Je préfère rester muer, ne pas intervenir face à cette confession qui, je suppose, n'était pas volontaire. Elle retient quelques larmes avant de lever les yeux au ciel et lâche un long soupir avant de se moucher le nez.
— Écoute Théodore, je crois qu'on ne va pas réussir à travailler aujourd'hui sur l'exposé. On peut se voir à un autre moment? me demande-t-elle en rangeant rapidement ses affaires.
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Amnésie
RomanceFuir, respirer, vivre. À des kilomètres de son ancienne vie, Ève Grey tente de se reconstruire avec l'aide de ses frères. Mais, comment fuir ce passé qui la brise encore aujourd'hui. Comment vivre lorsque son coeur menace de lâcher à tout moment...