3-Théodore

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Courir, m'entraîner, baiser, m'inquiéter. Ce sont désormais mes principales préoccupations. L'appel de ma mère a remué pas mal de sentiments que je suis obligé de tout compartimenter, mettre ce que je ressens dans des petites boites pour ne pas embrouiller mon cerveau. Je dois être en capacité d'agir, d'appliquer les conseils du coach. En résumé, l'erreur est interdite, tout doit être parfait.

Malgré le néant qui circule dans mon cerveau.

Alors, mon souhait est de rester dans mon lit jusqu'à ce que mort s'ensuive. Peut être que ce terme est trop violent mais je me sens comme détruit de l'intérieur, une mauvaise herbe.

Le bras qui entoure ma taille me bloque la respiration. Le ronflement qui chemine vers mon oreille me réveille. Sa main descend jusqu'à mon entre-jambe ce qui provoque un frison violent, je retire vivement sa main avant de sortir du lit.

La couverture ne recouvre plus le haut de son corps, laissant sa poitrine à découvert, elle ouvre les yeux et se redresse, laissant toujours son buste visible. Je me retourne vivement, non par pudeur mais une nausée terrible naît au fond de mon estomac.

Est-ce le ronflement, son parfum ou simplement sa présence? Je m'enfuis vers mon bureau, loin de mon lit, de la fille. La solitude, voilà ce dont j'ai besoin actuellement pour réfléchir. Alors que j'enfile un jean et un t-shirt, elle se décide enfin à prendre la parole.

— Où est-ce que tu vas ?

— Pourquoi cette question ? Je vais déjeuner avec mes colocataires pour ensuite aller à la fac.

— Tu ne veux pas remettre ça, disons que je reste sur ma faim depuis hier soir et puis on n'a pas tout exploré.

— Écoute Mélodie, bien que tu sois sympa, sexy et j'en passe. Cette question ne fait pas partie de mes priorités. Le mode connard s'active lentement, lorsque je me sens oppressé ou en insécurité, me comporter comme le dernier des imbéciles m'assure une sécurité plus qu'agréable. Puis si on compare cette nuit aux précédents, je n'ai pas trouvé ça exceptionnel.

Je m'apprête à prendre mon portable quand elle se lève rapidement, s'habille et se positionne face à moi avant de me foutre une claque. Ma tête part rapidement sur le côté. Elle va laisser une marque rouge sur ma joue, j'en suis sûre.

— C'est Clémence espèce de connard je pensais que tu avais retenu mon prénom mais visiblement non. J'espère que tu vas choper une MST.

— Géniale ta menace, tu connais la sortie, je ne te raccompagne pas. soufflais-je en allant dans la salle de bain regarder mon état physique.

La porte claque, et je suis face à mon reflet. Le teint blafard, des cernes qui sont aussi longs que mon avenir. L'eau froide arrive rapidement sur mon visage. La fraîcheur calme la pression qui a cheminé dans mes muscles et même si elle calme la douleur, je n'arrive pas à me détendre à 100%.

Après plusieurs minutes passées dans cette pièce à contrôler ma respiration, compter sur mes doigts pour éviter l'apparition d'une crise qui pourrait s'avérer être destructrice, je peux enfin rejoindre le reste du groupe.

En arrivant dans le salon, mes colocataires me regardent comme si j'étais un animal ou à l'inverse le pire des connards. Je me sers une tasse de café et prends le reste des œufs avec du bacon. À côté de moi, Adrien se retient de rire tout en regardant Noah. Ces deux-là font la pair, il n'y en a pas un pour attraper l'autre. Adrien est l'un des défenseurs des Eagles, il est doué mais le hockey n'est pas sa priorité. Sauver l'entreprise familiale, voilà son objectif.

Alors que je déguste mes œufs et le café chaud qui brûle ma gorge, Eliott est le premier à prendre la parole.

— Alors Don Juan, tu nous expliques pourquoi une jolie blonde est partie en gueulant et en claquant la porte de notre appartement en précisant que tu es un enculé de la pire espèce.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant