14- Théodore

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TW: DESCRIPTION D'UNE SCÈNE D'AGRESSION VIOLENTE, LANGAGE CRU ET EXPLICITE.

Théodore

D'une seule main, je saisis la poignée de la porte d'entrée de la colocation, puis mon sac s'effondre sur le sol. Je balance ma veste sur le canapé et mes doigts se posent sur mes yeux. Un soupir s'échappe de mes lèvres. Est-ce dû à la fatigue? Ou le simple effet qu'a eu sur moi cette conversation sur la disparition de nos parents? Perdu dans mes pensées, je me dirige vers la cuisine où je me sers un verre d'eau.

Le liquide s'écoule rapidement dans ma gorge, me donnant une sensation de fraîcheur.Mais il me permet surtout d'atténuer cette sensation de gorge sèche qui ne m'a pas quittée depuis que j'ai posé ma main sur la sienne, un peu plus tôt.

Eve... Qu'est-ce que tu m'fais?

Ce dont j'ai le plus besoin, c'est me rafraîchir les idées avant de divaguer. Mais cela me semble impossible. J'ai beau m'efforcer de mettre de côté ce truc étrange entre ma binôme et moi, je n'arrive pas à m'extraire de ce que j'ai pu lui avouer sur mon père.

Dès que je ferme les yeux, le visage de celui qui a fait de moi un monstre apparaît devant moi, sans expression, pâle, les lèvres bleues.

Monstre. Oui, c'est bien ce que je suis.

Alors, encore une fois, le souvenir de cette soirée dramatique percute mon esprit dans mon esprit. En montant les quelques marches qui mènent à ma chambre, un mal de tête apparaît et une gêne prend place dans le creux de mon ventre. Une fois devant mon lit, je prends l'une des boîtes qui est soigneusement cachées en dessous. En l'ouvrant, mon regard tombe directement sur cette photo de famille, celle qui a précédé le jour de l'annonce de mon acceptation à la fac de Boston.

Ce soir, j'annonce à ma famille que je suis accepté à l'Université de Boston, l'université de mes rêves. L'Université avec l'une des meilleures équipes de hockey universitaire et le meilleur programme d'histoire de tout le pays.

Mais alors que je m'attendais à une ambiance plus que chaleureuse, je trouve les lumières éteintes, et des verres brisés. J'entends des pleurs et des cris. Soudain, mon père hurle. Je ne réfléchis plus, je monte rapidement les escaliers et je trouve ma mère en larme et en sang se tenant le visage. Quant à mon père, il domine ma mère de son imposante brutalité, une ceinture à la main.

— Stop, crié-je tout en attrapant la ceinture.

— Voyez-vous ça! Le fils prodige défend sa pute de mère! Mais vas-y Théodore, montre moi à quel point tu es fort! À quel point tu es en colère face à la situation! Montre que tu n'es pas...

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que je le pousse violemment. Il tombe à la renverse, déséquilibré, et s'écroule dans les marches. Il tente de se relever, mais je descends rapidement et le frappe sans aucune pitié. Il attaque en retour, mais alors qu'il s'approche de moi et me menace maintenant avec un vase. Dans une rage aveugle, je lui porte plusieurs coups à la force de mes poings. Son visage se retrouve rouge, un mélange de son sang et du mien.

— THÉODORE STOP! crie ma mère en haut de l'escalier.

Elle panique et est en larmes. Alors, je m'abaisse à hauteur de mon père et je regarde mes mains, la peur prend essor dans ma poitrine.

— Dégage. Pars loin, et ne reviens pas. Si jamais tu fais du mal à Aimée, à Maman ou même à moi, je ferais en sorte de te crever les deux yeux, espèce d'ordure. Tu n'es rien. Tu ne sais que crier et frapper. Tu es faible. DÉGAGE!!

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