⚠️ TW : Un peu spicy
𝓐𝓵𝓮𝔁𝓮𝓲 🦋
La chaleur de mes mains était insupportable.
La moiteur de mes paumes me grignotait tel un acide contre le fer du revolver ; comme un poison brûlant ma chair au contact de l'arme maudite, glissée de force à corrompre l'innocence.
Cette température incendiaire se déversait en moi.
Elle remontait mes bras tremblants avec un but : celui d'abattre mon esprit sur les ruines de mon jeune corps déjà mort.
Tel un flot déchainé, elle menaçait de faire imploser mes veines trop faibles pour la pression. Mon rythme cardiaque coupait ma respiration et chaque prise d'air déchirait mes poumons comme une lame acérée.
Je souhaitais m'enfuir, mais les cris de mon père me tenaient cloué au sol dans cette cave à l'odeur humide.
Cyka, Alexeï ! Soit tu l'abats, soit je le fais décapiter sous tes yeux ! Tires !
- Je ne peux pas, papa ...
- Il fallait y réfléchir avant de prendre la place de ton frère ! Tire, ou je vous fais mettre à terre ! Tous les deux !
Les larmes commençaient à ruisseler sur mes joues en marquant un échelon supplémentaire dans la violence de mon paternel.
Ne me fais pas honte à pleurer comme une pédale ! Tires espèce de connard !
Sa force agrippait brutalement l'arrière de ma nuque ; le fer de ses chevalières piquant le début de ma colonne vertébrale endolorie.
C'était la fin : la fin de mon innocence... la fin de mon humanité...
La balle partait dans un fracas à s'en déchirer les tympans.
Du sang, rouge. Je ne voyais plus que du sang s'échappant du cadavre écroulé au sol. La flaque cramoisie s'écoulait du mort et envahissait ma rétine en la noyant, rapidement, pour me plonger dans l'effroi le plus total.
Aveugle d'hémoglobine, je ne percevais plus que l'écho de cette explosion infinie qui persistait au coeur du vide.
Un cris féminin le rejoignait pour s'unir dans un vacarme terrifiant. La symphonie macabre, insupportable, m'arrachait la peau pour venir creuser mes os avec une douleur atroce. Mon coeur et mon crâne menaçaient d'exploser à tout moment.
Et bientôt, les cris stridents de la veuve éplorée emportaient tout le monde avec eux ; sauf moi.
Ils avaient tous disparu.
Je me retrouvais seul et commençai à me noyer dans cette marre de sang inondant rapidement la cave. Elle remontait mes chevilles, noircissait mes vêtements puis atteignait peu à peu ma gorge, avant d'envahir ma bouche dans laquelle se déversait une nauséeuse saveur métallique.
J'avais beau hurler, me débattre, frapper les murs de béton à m'en abimer les phalanges, j'étais condamné à mourir dans mon pêché... noyé par le sang que je venais de verser en maculant mes propres mains d'adolescent.
Ce même sang, épais et opaque comme la profondeur des mers les plus interdites, finissait par m'absorber définitivement.
Je me réveillais aussitôt dans la villa tropézienne : dégoulinant de sueur au milieu des draps de soie.
Mon corps s'était redressé automatiquement. Devant moi, les murs de la chambre n'étaient pas tapissés de rouge, mais baignés par la douce lueur bleutée du ciel nocturne. La lune brillait à travers la porte fenêtre laissée entrouverte et illuminait ma rétine, auparavant aveugle.
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La Riviera
RomansUne escort-girl qui mène une vie de princesse, mais au passé plus lourd que les diamants qu'elle porte. Un prince des mafieux sans sentiments pour entacher sa gloire, mais prisonnier d'une enfance brisée et d'un mariage forcé. Deux ennemis qui vont...