6 | Terasaka

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いつも一人だったから、置いて行かないでね

いつも一人だったから、置いて行かないでね

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いつも一人だったから、置いて行かないでね

Elle inspira pour se donner du courage et Fukona entra en classe. Aujourd'hui, elle se l'était promis, elle ferait un effort pour réussir à s'intégrer. Elle ne voulait pas que cela se passe comme la veille où elle avait dû manger seule et même si elle était certaine qu'ils ne l'appréciaient pas, ce n'était que le deuxième jour. Avec un peu de chance, elle trouverait un moyen pour apaiser la situation.

Elle baissa la tête et s'installa discrètement à sa place. C'était une habitude, quelque chose de normal qu'elle faisait sans même s'en apercevoir. Se faire discrète, baisser la tête, ne pas répondre ou alors à demi-mot, se rabaisser sans le savoir, tout cela était devenue normal et profondément encré en elle depuis quelques années.

Alors qu'elle était plongée dans ses pensées, elle sentit un regard insistant sur elle et lorsqu'elle releva la tête par curiosité et qu'elle remarqua qu'il s'agissait de Terasaka, elle lui sourit doucement avant de rapidement détourner le regard. J'ai réussi, pensa-t-elle. La jeune fille aux cheveux blancs espérait qu'il comprendrait qu'elle n'avait qu'une envie : se faire des amis.

Certes, ils ne pourraient jamais remplacer Hina et Hokori. Elles étaient bien trop indispensables pour qu'elle puisse songer à rompre leurs amitiés. Fukona voulait juste essayer de ... passer une bonne année même si elle savait qu'elle se précipitait vers sa chute inévitable.

Elle sursauta en voyant le regard désapprobateur et le signe négatif de la tête de Karma. Pourquoi la regardait-il ainsi ? Elle avait l'impression qu'elle lui avait fait quelque chose et pourtant elle était certaine qu'elle ne le connaissait pas. Il se pencha vers elle comme s'il s'apprêtait à lui faire une confidence :

- N'essaye pas de lui parler, il ne t'aime pas comme-

Il fut soudainement coupé par le professeur Koro qui venait d'entrer en classe.

- Bon, les enfants aujourd'hui vous aller travailler sur les préjugés à travers le temps ! Pour faire simple, saurez vous faire preuve de discernement et analyser la société actuelle et celle du passé ? C'est ce que je me demande. Mettez-vous en groupe de cinq je vous prie ! S'exclama le professeur.

Fukona observa les groupes se former naturellement tandis qu'elle essayait tant bien que mal d'en trouver un qui serait accueillant. Rapidement, elle abandonna en repensant à ce que Karma avait dit. Certes, il n'avait pas terminé sa phrase mais elle pouvait facilement la compléter " N'essaye pas de lui parler, il ne t'aime pas comme, le reste de la classe d'ailleurs". Au moins, il avait eu la gentille de la prévenir pour qu'elle ne se fasse pas de faux espoirs.

Elle continua d'espérer pendant plusieurs minutes. Elle continua d'espérer qu'elle avait peut-être une chance de changer les choses, une chance que cette classe soit différente de ses anciennes classes. Elle souhaita que pour une fois, elle ne soit pas détestée, exclue ou prise comme souffre-douleur et lorsque quelque chose se posa sur son épaule elle releva la tête avec espoir. Quelqu'un veut m'inviter dans son groupe, s'écria t-elle mentalement. Son visage se décomposa en apercevant son professeur qui lui affichait un grand sourire : 

- Tu n'as pas de groupe Fukona ? questionna-t-il

- Ah pardon, j'étais plongée dans mes pensées et j'avais complètement oublié que je devais en trouver un.

- Ce n'est pas grave, il reste justement une place dans le groupe de Terasaka.

L'intéressé se leva et s'approcha d'elle avant de passer son bras sur son épaule et de la pousser a s'asseoir à sa place :

- Oui c'est vrai, ne fait pas ta timide ! déclara-t-il avant de la lâcher.

Assise, Fukona détailla discrètement son groupe. Les quatre individus, hormis elle, qui le composaient lui paraissaient... étrange, bizarre. Entre une jeune fille au visage glauque et effrayant, Taisei Yoshida qui évitait volontiers son regard, un garçon aux cheveux blonds qui semblaient prêt à dormir et enfin Terasaka qui affichait un sourire qu'elle qualifierait de sournois, Fukona se sentait mal à l'aise. Elle se ressaisit. S'ils ne l'appréciaient pas, Terasaka ne l'aurait certainement pas invité à venir dans ce groupe. Karma lui avait probablement joué un tour. De plus, c'était une occasion unique pour elle, elle ne pouvait pas se permettre de ne pas la saisir :

- Du coup, vous savez par quoi commencer ? osa demander la jeune fille.

- Hein ? Comment ça "vous" ? C'est toi qui viens de la classe A, pas nous. T'es l'élite et on ne veut pas te freiner donc tu vas faire le devoir.

Perdue, elle cligna des yeux pendant plusieurs secondes. Il voulait qu'elle s'occupe de faire le travail de groupe entièrement ? Elle ne le pouvait pas, non pas car l'idée que cela soit injuste avait effleuré son esprit mais plutôt car elle connaissait ses capacités et compétences :

- mais... euh... je vais juste faire foirer votre travail, elle évita leurs regards avant de reprendre, ce que je veux dire c'est que tout ce que je fais fini en échec, la preuve je suis dans cette classe...

- T'es en train de dire qu'on est des échecs ? S'exclama Terasaka. C'est bien ce que je pensais t'es juste une petite prétentieuse. Je t'inclus dans mon groupe, je t'intègre à la classe et te donne l'opportunité de ne pas couler en te laissant faire le travail et tu prétends que tu es incompétente alors que tu viens de la classe A ? Te fous pas de moi ! 

Elle baissa les yeux. Il a raison, je suis ingrate alors qu'il m'aide, pensa-t-elle. Elle se sentait à présent coupable. Certes, elle était médiocre mais elle pouvait tout de même essayer. Faire ce travail ne lui coûtait rien et elle ne voulait pas se mettre à dos la seule personne qui semblait vouloir l'aider. Elle attrapa doucement un stylo avant de se mettre au travail sous le regard inquisiteur de Terasaka.

Au bout d'une trentaine de minutes, elle s'accorda une pause et demanda :

- Quelqu'un a une idée des différents préjugés qu'on pouvait rencontrer auparavant ? Murmura-t-elle.

Ses yeux bleus fixèrent les quatre adolescents qui étaient bien trop occupés à bavarder gaiement. Alors, elle se mit à la recherche de son professeur. Avec un peu de chance, il pourrait l'aider. Seulement il n'était pas là et elle osa reposer sa question cette fois-ci plus fort. Leurs regards perplexes la dévisagèrent et elle pouvait facilement deviner ce qu'ils pensaient. Tout à coup, sa feuille fut attrapée et Terasaka la lut sous son regard nerveux. Il s'écria :

- C'est quoi cette écriture ? T'écris comme une gamine de six ans, je comprends rien ! Il froissa la feuille avant de reprendre, comment-tu veux qu'on t'aide si tu ne fais aucun effort ? Dire que je voulais t'aider, il lui rendit le papier avant de se désintéresser d'elle.

Elle attrapa son travail. Encore une fois, elle avait tout fait foirer. Si elle c'était plus appliqué et qu'elle avait pensé aux autres, alors ses camarades auraient pu l'aider. Maintenant, c'était sans doute trop tard et tout ça était entièrement sa faute. 


Sweet Poison | A.COù les histoires vivent. Découvrez maintenant