8 | Objet

212 25 12
                                    

いつも一人だったから、置いて行かないでね

いつも一人だったから、置いて行かないでね

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

いつも一人だったから、置いて行かないでね

Tandis que Mme. Irina avait le dos tourné aux élèves, Fukona reçut une boulette de papier en pleine tête. Elle ne réagit pas, cela faisait longtemps qu'elle avait arrêté de tenter d'empêcher ses camarades de lui lancer des objets sur elle. Cependant, en arrivant en classe E, elle avait cru que cela n'arriverait plus. Elle était bien naïve.

Dans cette classe, elle était comme une sorte de clou qui dépassait du plancher. Contrairement aux autres élèves, elle n'avait aucun talent particulier, aucune connaissance. Elle était une intruse et elle savait qu'elle n'avait pas le droit de se défendre ou d'être défendue. Au japon c'était ainsi que les différences étaient gommées. C'était d'ailleurs pour cette raison que personne ne réagissait vraiment malgré le fait que le système de la classe E était discriminatoire. Ils étaient des clous dépassant du plancher appelant le coup du marteau.

Fukona reçut un nouvel objet et cette fois-ci, elle tourna la tête vers son lanceur. En voyant, Terasaka l'a fixé d'un air méprisant, elle baissa instantanément la tête pour se concentrer sur sa table. Elle aurait tellement aimé que Karma n'ai pas séché les cours. S'il avait été là, elle aurait eu moins l'impression désagréable d'être fixé sans arrêt par Terasaka. Immédiatement, elle se ressaisit.

Le problème n'était pas l'absence de Karma mais bel et bien elle. Qu'il soit présent ou non, cela ne changeait en rien sa situation. C'était de sa faute et uniquement la sienne si Terasaka et le reste de sa classe lui en voulait. C'est de ma faute, tout est de ma faute, se répéta la jeune fille aux cheveux blancs mentalement :

- Fukona ! Fukona !

Brusquement, elle releva la tête, perdue. Encore une fois tout le monde la fixait. Qu'avait-elle raté ? Qu'avait-elle fait de mal ? Elle avait besoin de savoir, elle devait savoir pour qu'elle puisse s'excuser de son affreux comportement :

- Fukona, je sais que nous sommes un le matin et que c'est la dernière heure du cours avant de manger mais déjà que ça m'énerve d'enseigner à des mômes, si en plus ils ne m'écoutent pas... Si tu veux t'améliorer tu dois te reconcentrer !

- De toute façon, c'est fichu d'avance pour elle, elle n'est bonne qu'à couler, murmura la brute de la classe.

Suite à cette réflexion, plusieurs de ses camarades se mirent à rigoler tandis que d'autres n'étaient que de simples spectateurs. Elle ne savait pas ce qui était le pire. Le fait qu'ils restaient silencieux ou bien qu'ils faisaient semblant d'hésiter à intervenir. Autrefois, elle s'était demandé dans qu'elle monde elle vivait ou bien pourquoi personne ne réagissait. Mais à présent, elle l'avait compris. Elle vivait dans un monde dans lequel elle n'avait pas sa place. Un monde où elle n'était qu'une nuisance qui méritait ce qui lui arrivait :

- Bon, commença l'enseignante sans réagir au rire des élèves, je te demandais qu'elles étaient les différentes manières d'exprimer que nous aimons ou au contraire que nous n'aimons pas quelque chose.

Prise de panique, elle se leva pour répondre en bredouillant. Elle avait beau réfléchir, elle ne trouvait pas la réponse ou plutôt, son esprit lui bloquait l'accès à celle-ci. Inconsciente du fait qu'elle s'auto-sabotait, Fukona ne pouvait penser qu'une seule chose : ils avaient tous raison. Elle n'avait aucun espoir de réussite, la seule possibilité qu'elle avait été de lentement couler tout en tentant de se maintenir à la surface :

- C'est bon, rassit toi. Rio ?

Bien trop honteuse pour écouter et se concentrer sur la suite du cours, elle s'installa à sa place en silence. Les yeux écarquillés, elle fixait sa table d'un air vide. Ses mains se tordaient autour du pantalon de son uniforme. À l'abri des regards, elle commença à paniquer. Comment avait-elle pu autant régresser ? Comment pouvait-elle être aussi inutile ? Soudainement, la révélation la frappa.

Elle se souvenait de tout. Elle se rappelait de ses deux et uniques amies, Hina et Hokori. C'étaient elles, c'étaient bien elles qui depuis tout ce temps l'avaient sauvé de l'échec. Sans elles, Fukona n'était rien. Elle avait besoin de ses deux amies pour réussir seulement maintenant qu'elle était seule elle comprenait enfin l'ampleur de la situation dans laquelle elle était. Depuis l'instant où son proviseur l'avait transféré dans la classe E, son destin était scellé. Elle devait juste l'accepter.

C'est avec cette idée en tête qu'elle se leva de sa chaise, son panier repas en main, afin d'aller manger à l'extérieur. Tout à coup, quelqu'un la percuta et elle tomba en arrière, son corps se cognant contre une table :

- Désolé, je ne t'avais pas vu, en même temps vu ta carrure tu aurais dû faire plus attention, sur ce coup-là, c'est ta faute, déclara Terasaka avant de partir rejoindre ses amis qui l'attendaient plus loin.

Lentement, elle ramassa le reste de ses aliments afin de les mettre dans son bento. Ainsi, ce serait plus facile pour elle d'aller les jeter. Tandis qu'elle était en train de nettoyer le sol elle entendit :

- Il s'est passé quoi ?

- Elle m'a foncé dessus, donc je lui ai juste dit que c'était à elle de nettoyer, c'est normal après tout.

- Oui, t'as raison, confirma un des amis de Terasaka.

Ce n'est pas grave, de toute façon je n'ai pas très faim, murmura Fukona en souriant faiblement. De plus, à ses yeux, il avait raison. Elle aurait dû faire plus attention afin de ne pas le percuter. Après tout, comment aurait-il pu la voir ? Elle était certes plus grande que la moyenne, mais malgré le fait qu'elle mesurait presque un mètre soixante-douze, à ses yeux, elle passait toujours inaperçu.

Lorsqu'elle eut fini de tout ranger, elle s'installa à même le sol. Elle ferma les yeux. Elle était fatiguée, tellement fatiguée d'être ainsi. Furieuse, ses poings serraient le pantalon de son uniforme. Elle se détestait tellement d'être ainsi, d'être aussi inutile et différente. Mais elle ne pleura pas, Fukona avait l'impression qu'elle n'était pas en droit de le faire. Tout cela était de sa faute et uniquement la sienne, elle l'avait bien compris.

Quand elle entendit les voix enjouées de ses camarades de classe approcher, elle se releva avant de s'asseoir à sa place, un sourire factice collé aux lèvres. Elle espérait qu'il était aussi chaleureux que ceux de Hina. La jeune fille aux cheveux blancs se souvenait qu'à chaque fois que son amie souriait, tout le monde le lui rendait de bon cœur. Avec un peu de chance, en faisant comme Hina, ils l'apprécieraient :

- Pourquoi elle sourit comme ça ? Questionna Rio

- Je sais pas du tout, mais la dernière fois qu'elle souriait et bien... elle baissa la voix.

Au fil des jours, le doute avait envahi l'esprit de l'ensemble des élèves de la classe E si bien qu'ils ne savaient pas comment ils devaient interpréter les gestes ou paroles de la jeune fille. Elle venait de la classe A et passait son temps à fuir et les éviter. À leurs yeux, c'était presque comme si elle ne voulait pas les fréquenter simplement car elle pensait être meilleure qu'eux en raison du fait qu'elle faisait auparavant partie de "l'élite" du collège.

En entendant les paroles des deux jeunes filles, Fukona perdit instantanément son sourire. Elle avait essayé de faire comme son amie mais n'avait pas réussi. Elle se maudissait d'avoir cru un instant qu'elle pourrait peut-être atteindre le niveau d'Hina. Jamais elle ne serait comme elle ou comme Hokori. Elle devait le comprendre. 

Sweet Poison | A.COù les histoires vivent. Découvrez maintenant