Doux Poison. Tel était le mot pour qualifier sa relation si particulière avec ses deux seules amies qui se trouvaient également être la cause de son isolement.
Intoxiqué par leur amitié, Fukona c'était peu à peu renfermée sur elle-même. Seulement...
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いつも一人だったから、置いて行かないでね
Briser, tel était le mot idéal pour décrire ce qu'elle venait à l'instant de ressentir. Ses habitudes, son monde, ses certitudes. Tout était brisé. Détruit à jamais.
Et, pour la première fois, Fukona se surprit à sourire sincèrement à cette pensée. Elle se surprit à apprécier cette sensation. Celle du vide. Celle lui indiquant qu'il n'y avait plus rien. Celle lui prouvant que tout avait définitivement disparu.
Tout avait disparu, y compris le doux poison qui hantait son être depuis trop longtemps. Il ne restait rien, littéralement. Elle pouvait enfin agir à sa guise. Agir comme elle le souhaitait, car tout ce en quoi elle avait cru n'était qu'un tissu de mensonge à présent brisé. Ses certitudes étaient brisées, mais pas son être. Elle pouvait dorénavant se reconstruire librement, car tout ce qui alors l'avait freiné n'existait plus.
Bien sûr, il restait de nombreux problèmes qu'elle devait gérer, en commençant par la raison de son absence, mais pour la première fois depuis des années elle savait que tout n'était pas perdu. Elle savait qu'elle avait déjà gagné et que le reste n'était que des broutilles qu'elle pourrait facilement écraser. Tout ça, grâce à elle-même et non Fumiyo.
Certes, c'était bien la jeune fille aux cheveux verts qui lui avait ouvert les yeux, mais elle était la seule responsable de ce qui venait de se produire. Elle s'était elle-même donnée l'antidote nécessaire à sa propre libération, et ce, plusieurs années auparavant.
Lorsqu'elle sortit enfin du Café, Fukona voulut se retourner pour remercier Fumiyo de l'avoir raccompagnée. Seulement, tout avait disparu : Fumiyo, les serveurs et le Café. Il ne restait plus qu'à l'ancien emplacement du bâtiment une petite statue. Lorsque Fukona s'abaissa vers cette dernière, il lui sembla que ses yeux étaient animés d'une lueur étrange qu'elle ne parvenait à décrire.
Elle posa sa main sur son cœur. Les yeux fermés, elle offrit la plus belle chose qui existe en ce monde à cette statue, à ce lieu, à Fumiyo. Puis, lentement, elle se releva et tourna le dos définitivement à cet endroit. Elle ouvrit à nouveau les yeux et Fukona repéra immédiatement quelques membres de sa classe.
Elle les dévisagea pendant quelques instants, recula de quelques pas avant de finalement se décider. Elle se précipita vers eux et plus précisément vers Okuda. Fukona lui sauta au cou. Lorsque Okuda reprit ses esprits, elle répondit aussitôt à son geste.
Il s'agissait d'un geste de soulagement, de désespoir. Un geste teinté d'honnêteté. Un geste qui signifiait tellement, tellement plus. Un geste qui venait de sauver une vie humaine. Un geste qui venait de la sauver, elle, Fukona.
Rapidement, elles sentirent d'autres bras les entourer. Seule, elle ne l'était plus. Tout avait été brisé dans un but précis. Quelques larmes dévalèrent ses joues et alors elle murmura :
