41 | Sommeil

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いつも一人だったから、置いて行かないでね

いつも一人だったから、置いて行かないでね

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いつも一人だったから、置いて行かないでね

Assise à côté d'Okuda, Fukona étudiait attentivement le manuel de japonais qui se tenait devant elle. Un doigt entre les lèvres, elle mordillait nerveusement son ongle tandis qu'une figure impatiente se tenait devant elle, attendant sa réponse. Au bout d'une interminable seconde, Fukona finit par diriger son regard vers l'enfant. Elle déclara :

- Tu ne veux pas plutôt aller jouer dehors ?

Aussitôt, la mine de l'enfant se ternit. Le jeune garçon, Tojo, baissa le regard et murmura :

- C'était vraiment si terrible que ça ? Je n'y arriverai jamais, se plaignit-il.

- Mais non ! Ne t'en fais pas, je t'assure que ça va le faire. Ces exercices sont assez complexes donc c'est normal d'avoir quelques difficultés. Je pense qu'une pause pourrait t'être bénéfique.

Dépité, l'enfant finit néanmoins par accepter. Il se leva bruyamment de sa chaise avant de partir en traînant les pieds. Soucieuse, Fukona l'observa quitter les lieux. Puis, elle se tourna vers Okuda qui la regardait déjà :

- Tu ne veux pas prendre la relève ? J'ai travaillé toute la nuit et je suis épuisée. Depuis ce matin, j'ai l'impression que tout le poids du monde m'est tombé dessus et je pense que je mérite une petite sieste.

- C'est vrai que tu as l'air exténué. Tu devrais peut-être dormir plus ?

- Je ne sais pas trop... Avoua dans un murmure Fukona. Les examens finaux approchent à grands pas et j'ai beaucoup trop de retard à tenter de rattraper. Cette punition est vraiment mal tombée surtout que je ne sais pas vraiment comment faire avec Tojo. J'ai l'impression que je m'y prends mal dans mes explications, mais je ne vois pas comment changer ça. Surtout que plus les jours passent, plus je suis crevée.

Comme pour confirmer ses dires, elle se massa les tempes. Durant un instant, sa vision se fit floue et elle fut tentée de fermer les yeux pour se reposer. Cependant, elle se ressaisit presque immédiatement. Elle avait encore du travail à faire et aujourd'hui était le dernier jour avant que le directeur ne puisse enfin sortir de l'hôpital. Elle devait tenir le coup.

Elle devait tenir le coup. Il le fallait.

Ses yeux se firent plus lourds.

Que devait-elle faire déjà ? Ah oui, elle devait tenir le...

---

- Elle dort ? Chuchota une voix

- Oui je pense, confirma une autre.

Peu à peu, ses paupières tressautèrent et elle s'extirpa lentement d'un sommeil réparateur. Elle tenta de remuer son bras gauche, mais celui-ci était engourdi par la fatigue. Il lui fallut plusieurs secondes pour qu'elle se rappelle où elle était. Soudainement, elle se releva.

Elle avait complètement oublié Tojo. Quelque peu paniquée, Fukona observa les alentours dans le but de trouver son élève. Malheureusement pour elle, elle ne le trouva pas et se retrouva plutôt en face d'un Karma moqueur et d'une adulte soucieuse. Le foyer semblait étrangement inanimé et Fukona comprit rapidement la cause de ceci : il était dix-neuf heures, l'heure de fermeture de celui-ci.

L'adulte s'approcha d'elle :

- Tout va bien mademoiselle ? Je suis désolée de vous avoir réveillé, mais il est l'heure pour moi de fermer la garderie.

- Oui pas de soucis. C'est moi qui suis désolée, ajouta Fukona en se levant précipitamment.

Elle se hâta de ramasser ses affaires avant de partir des lieux le plus rapidement possible. Une fois dehors, elle attendit toutefois Karma. Ce dernier arriva quelques secondes plus tard et d'un commun accord, ils prirent le chemin les menant à leurs maisons. Tout en marchant, Fukona déclara :

- Merci de m'avoir attendue. Je pense que j'aurais été encore plus gênée si j'avais été la dernière sur place.

Karma haussa les épaules mais déclara toutefois :

- Je n'avais rien de mieux à faire. Mais bon, tu devrais quand même dormir plus souvent, car tu faisais tellement peur avec ta tête à moitié endormie qu'aucun enfant n'a osé te réveiller maintenant que tu te reposais enfin. D'ailleurs, il sourit malicieusement, comme la journée est finie et que j'ai eu l'extrême amabilité et gentillesse de t'attendre, je pense que tu me dois quelque chose. Comme par exemple...

Karma scruta les alentours sous les yeux ébahis de la collégienne aux cheveux blancs. Soudainement, le garçon lui attrapa le poignet et la jeune fille fut entraînée à sa suite vers un distributeur automatique de boisson. Après plusieurs secondes, Fukona se décida finalement à leur acheter un lait à la fraise.

Les deux adolescents finirent par s'asseoir sur un banc et Fukona observa stupéfaite la boisson qu'elle tenait dans sa main. Elle n'en revenait pas ! Karma avait encore une fois réussi à la piéger pour qu'elle lui paie un dédommagement :

- Il va falloir que je fasse plus attention si je ne veux pas finir dépouillée de tout mon argent. D'ailleurs, comment fais-tu ? J'ai l'impression qu'à chaque fois que l'on se parle, je finis avec une dette, avoua Fukona en rigolant légèrement.

- Ce n'est vraiment pas compliqué pourtant, c'est juste que tu es naïve. Parfois il n'y a rien, mais comme tu ne protestes jamais, je t'avoue que j'en profite un peu.

Outrée, la jeune fille lui décocha un coup de coude :

- Maintenant que je sais ça, ne compte plus sur moi pour te payer quoi que ce soit ! Et puis, pourquoi Okuda n'était pas là ? Je trouve ça assez culotté que bizarrement ce soit toi qui m'attende et que juste après je doive te payer une boisson pour rembourser une "dette" inexistante. Surtout que c'est toi qui as choisi de m'attendre, je ne me souviens pas de te l'avoir demandé.

- Eh bah, je suis stupéfait. Tu sais réfléchir.

Sous les protestations de la jeune fille, Karma se leva précipitamment et leva ses mains en signe de paix. Puis, les deux adolescents se remirent en marche :

- Je rigolais. N'empêche, vu la tête que tu tires, je ne pensais pas que tu pouvais encore réfléchir suffisamment pour arriver à faire ce raisonnement. Depuis le début de la semaine tout le monde voit bien que tu piques du nez, mais on ne pensait pas que tu finirais vraiment par t'endormir. Et puis, à la base Okuda voulait t'attendre, mais elle devait absolument aider sa pharmacie familiale donc elle a dû partir. À la base, elle voulait te réveiller, mais je me suis dit qu'un peu de sommeil ne te ferait pas de mal.

Fukona s'arrêta à une intersection et décocha un autre bâillement, comme pour confirmer les dires de son camarade. Elle lui fit un léger signe de la main et s'engagea vers le chemin la menant à sa maison :

- Je te trouve bien prétentieux pour quelqu'un à qui je viens d'offrir une boisson. Mais merci beaucoup Karma de m'avoir raccompagné, à demain je suppose !

Fukona reporta son regard sur le soleil qui déclinait lentement dans le ciel. Lorsqu'elle y réfléchissait, Fukona ne parvenait pas à comprendre sa soudaine crise de sommeil. Bien sûr, ses révisions intensives l'épuisaient, mais elle faisait tout de même attention de ne pas se tuer à la tâche. Alors, le fait qu'elle se soit endormie en plein milieu de la journée lui paraissait... Étrange.

Tout comme cette sensation de lourdeur dans les jambes et de sommeil qui s'insinuait doucement dans son esprit. Son environnement lui paraissait soudainement hostile sans la présence de Karma à ses côtés et elle ne parvenait plus à distinguer quoi que ce soit de net.

Brusquement, elle posa une main sur son cœur et s'assit à même le sol. Ses paupières se faisaient de plus en plus lourdes tandis qu'elle tendait à les maintenir ouvertes. Son esprit attrapa une dernière phrase avant de définitivement plonger dans le monde des songes :

- Bravo chère élève de la classe E, tu viens de rencontrer un dieu. Le dieu de la mort.

Sweet Poison | A.COù les histoires vivent. Découvrez maintenant