Doux Poison. Tel était le mot pour qualifier sa relation si particulière avec ses deux seules amies qui se trouvaient également être la cause de son isolement.
Intoxiqué par leur amitié, Fukona c'était peu à peu renfermée sur elle-même. Seulement...
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いつも一人だったから、置いて行かないでね
Elle était assise sur la table de la salle à manger de sa maison. Son téléphone à la main, elle relisait la précédente discussion qu'elle avait eue avec Okuda. La collégienne aux cheveux violets semblait particulièrement inquiète pour elle depuis le tournoi d'arts martiaux qui avait eu lieu la semaine dernière. Fukona était profondément touchée par toute cette attention, mais elle lui avait assuré à de nombreuses reprises que tout allait bien.
Cependant, personne n'était dupe, pas même elle. Elle essayait juste de faire comme si tout allait bien, comme si tout était normal. Par moment, elle avait l'impression que cette illusion marchait et des fois, il lui semblait qu'elle se battait contre le monde entier pour tenir. Seulement, ça ne marchait pas. Chaque jour, elle se voyait perdre de plus en plus le peu de contrôle qu'elle avait réussi à acquérir sur sa vie.
Trois coups furent frappés sur sa porte et aussitôt elle attrapa ses affaires de cours avant d'aller ouvrir. Elle savait déjà qu'il s'agissait d'Okuda : depuis quelque temps, elle mettait un point d'honneur à venir l'accompagner sur le chemin les menant à leur salle de classe. Fukona prit soin de fermer à clé sa maison et enfin, elles purent s'en aller. Comme à leur habitude, elles passèrent devant leur collège et Fukona s'arrêta légèrement pour l'observer.
Elle regrettait tellement de l'avoir quitté. Si elle n'était pas en classe E tout aurait été beaucoup plus facile. Si elle n'avait pas quitté la classe A, elle aurait pu rester avec ses deux meilleures amies et continuer à rendre fière ses parents, ou du moins, ne pas leur faire honte ainsi. Mais elle avait tout foutu en l'air le jour ou elle avait été envoyé en classe E. Elle était stupide, inutile, faible, un déchet de la société. Tout le monde le lui rappelait constamment. Jamais elle n'aurait sa place dans ce pays, dans ce monde. Jamais elle ne pourrait faire mieux que les élèves des autres classes, que les élèves de sa classe. Elle était condamnée à récupérer les restes de leur réussite, les miettes de ce qu'ils avaient gagné : ce qu'ils lui donnaient dans un élan de pitié. Alors, pourquoi s'était-elle dressée contre eux, contre le monde la dernière fois lors du tournoi interclasse ?
Elle avait tout oublié de ce jour-là : sa fureur, sa soif de gloire, son sentiment de réussite, mais surtout cette confiance en soi qui l'avait soudainement assaillie. Elle avait oublié ce vieux sentiment de liberté. Durant un moment, elle était partiellement redevenue celle qu'elle avait été. Durant un moment, le poison s'était dissipé et dans sa disparition il avait effacé toutes les séquelles qu'elle avait subi. Puis, il était revenu et alors elle avait oublié. La seule chose dont elle se souvenait était la défaite qu'elle avait subi, non pas, car elle n'était pas assez forte, mais parce qu'elle s'était elle-même rendue. Elle s'était auto-sabotée sans même le savoir.
Seulement, il y avait une chose qu'elle ne pourrait à présent jamais oublier. Il s'agissait de la façon dont Okuda se souciait d'elle et croyait en elle. Depuis sa cuisante défaite, elle n'avait pas arrêté une seule fois de lui demander si tout allait bien et ça, malgré le fait qu'à chaque fois Fukona lui disait que tout allait bien. Bien sûr, ce n'était qu'un mensonge contrairement à ce qu'Okuda lui avait dit le jour du tournoi. La collégienne tenait à elle, réellement. Pourtant, elle n'agissait absolument pas comme Hina et Hokori.
