Doux Poison. Tel était le mot pour qualifier sa relation si particulière avec ses deux seules amies qui se trouvaient également être la cause de son isolement.
Intoxiqué par leur amitié, Fukona c'était peu à peu renfermée sur elle-même. Seulement...
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いつも一人だったから、置いて行かないでね
- Bon, alors qu'est-ce qu'il nous reste à faire ? Demanda Rio à Fukona. - En théorie, plus grand-chose. Karma et Nagissa ont pu récupérer les informations dans l'espace et Okuda se charge de fabriquer la « potion » qui devrait permettre au professeur Koro de ne pas exploser d'ici mars. - Tu as oublié une chose Fukona, s'écria soudainement une voix.
Les deux collégiennes sursautèrent brusquement devant l'apparition inattendue de leur professeur. D'un même mouvement, elles se tournèrent et se mirent instantanément à le dévisager : - Pourquoi portez-vous ce vieux masque ridicule Monsieur Koro ?
- Mon masque n'est absolument pas ridicule ! Il faut que tu fasses preuve d'un peu plus de respect envers ton professeur, Rio, s'exclama le poulpe en s'agitant furieusement. Je disais donc que tu avais oublié quelque chose Fukona, ajouta-t-il une fois qu'il fut calmé. L'album de fin d'année, bien entendu, poursuivit-il devant l'air ahuri de Rio et Fukona. Et pour cela, rien de mieux qu'une journée déguisée. Stupéfaite, Fukona se tourna vers Rio afin de lui demander si elle avait bien entendu. Malheureusement, elle n'eut pas le temps de dire quelque chose qu'elle sentit quelqu'un l'attraper.
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Elle se sentait ridicule dans cet accoutrement. Le seul point positif était qu'elle n'était pas la seule à subir ceci, à vrai dire l'ensemble de la classe E était à présent déguisée en samurai. D'après les dires de leur professeur, il s'agissait des dernières photos qu'ils avaient à faire. Alors, Fukona renversa Rio qui se tenait à ses côtés faisant alors par la même occasion tomber l'ensemble de la classe E, y compris Irina et Karasuma.
Fière de sa blague, un large sourire s'étendit sur son visage tandis que les collégiens se relevèrent avec peine. À vrai dire, il fallait bien avouer que se faire écraser par une dizaine de collégiens n'était pas le passe-temps favori de n'importe qui, et encore moins de Karma Akabane :
- Alors comme ça, c'est toi qui a créé ce mouvement de panique lors de la dernière photographie ?
- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, répondit aussitôt la jeune fille d'un air taquin.
- Ah bon ? Très bien, mais ne viens pas te plaindre plus tard alors...
Suspicieuse, Fukona le regarda partir tandis qu'Okuda s'approcha d'elle en silence :
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Tu sais très bien de quoi je parle, Fukona.
- Justement, je veux en être certaine Okuda. De quoi parles-tu ?
- Je parle de toi et Karma, de Karma et toi, bien évidemment. Et n'essaye pas de nier, toute la classe est au courant. Enfin, au courant est un grand mot. Disons plutôt qu'elle a de très lourdes suspicions couronnées par un brin de certitude lié au nouveau comportement que vous adoptez. Et ne me dit pas : « mais quel comportement ? » car je te répondrais aussitôt : « celui que tu as eu lors du départ de la fusée. Tu sais, lorsque tu le taquinais sur le fait que s'il ne rentrait pas, ce serait bien pour ton compte bancaire alors que tout le monde sait que tu t'inquiétais pour lui, mais que tu ne savais pas comment l'exprimer sans utiliser de l'humour. Ou alors, lorsque vous vous regardez en classe juste avant de vous lancer dans un défi mathématique pour le seul plaisir de pouvoir impressionner l'autre en gagnant sauf que le problème, c'est qu'aucun de vous n'arrive à surpasser l'autre. Ou encore... »
- C'est bon, c'est bon j'ai compris Okuda, l'interrompit Fukona en rigolant. Tu as raison, il se passe bien quelque chose, mais on préfère voir comment ça évolue avant de poser des mots dessus, c'est tout. Je prends les choses comme elle vienne et je verrai bien vers quoi le destin me guidera, ajouta la jeune fille.
- Je comprends ce que tu veux dire. Je ne confirmerai rien à personne et encore moins à Rio, on sait toutes les deux qu'elle serait capable de répandre cette nouvelle partout dans le Japon plus vite que le gouvernement pour une information quelconque. Mais, j'aimerai quand même te dire de ne pas attendre trop longtemps pour te décider, enfin bon changeons de sujet. Tu es prête pour le Karaoké ?
- Quel Karaoké ?
- Tu n'étais pas au courant ? Le professeur Koro a décidé d'en organiser un pour nous féliciter pour cette année scolaire. Mais je le soupçonne surtout de vouloir prolonger l'occasion de prendre des photos souvenirs. Si j'étais toi, je ferai attention au choix de mes musiques si tu veux éviter que l'on ait des dossiers sur toi plus tard.
Fukona observa sa meilleure amie et comme si elles étaient reliées, les deux filles éclatèrent de rire au même moment. Quelques secondes plus tard, Rio se joignit à elles et Fukona attrapa son bras pour lui demander de se pencher. Les trois filles formèrent un cercle serré et elles se regardèrent pendant une vingtaine de secondes. Ce fut Fukona qui rompit le silence en première :
- Je me disais que par une heureuse coïncidence complètement hasardeuse, ce pourrait être sympa de voir Karma chanter sur « Baby Shark » avec, bien entendu, le costume qui va avec.
- C'est vrai que je serais très heureuse d'être par hasard présente à ce moment-là. Ce pourrait être une situation complètement géniale, surtout si nous n'avons rien à voir là-dedans, ajouta Rio.
- Oui et puis honnêtement je ne vois pas comment un tel événement pourrait se reproduire deux fois dans une vie. Il faudrait vraiment qu'il n'ait pas de chance, compléta Okuda - Oui, ce serait vraiment pas de chance...
D'un même mouvement, les trois collégiennes se dispersèrent.
Quelques minutes plus tard, elles se rejoignirent à nouveau pour observer le résultat de leur travail. Assises toutes les trois sur des chaises, quiconque les regardaient de loin pouvait aisément deviner qui avait causé cette situation. A vrai dire, il fallait avouer qu'elles n'étaient pas les personnes les plus discrètes...
Cependant, quiconque y réfléchissait un peu plus longtemps finirait par se poser des questions. Comment Fukona, une jeune fille aussi brillante et créative pouvait être aussi peu discrète ? Comment Fukona, une jeune fille qui avait fini première du Japon pouvait-elle montrer aussi facilement que c'était elle, qui l'avait mis dans cette situation ? Non, décidément tout cela était invraisemblable.
Et c'était donc pour cette raison que Karma était parvenu à une conclusion bien particulière : tout ceci n'était qu'un jeu pour Fukona. Elle voulait qu'il sache qu'elle était derrière tout cela, car elle attendait de voir comment il répondrait. Et, conscient qu'il n'y avait qu'une façon de la mettre mal à l'aise, il avait spécialement choisi une musique pour elle. Avec l'aide, bien entendu, d'Okuda et de Rio.
Un doux air commença à résonner dans la salle. En l'entendant, Fukona se mit à fredonner doucement jusqu'à ce qu'une lumière vive fut braquée sur elle. Elle plaça une main devant sa tête pour mieux voir ce qui l'entourait, par chance personne ne prêtait attention à elle. Personne à part Karma, Rio et Okuda.
Déboussolée, ce fut Okuda qui la ramena à la raison en la secouant :
- Alors, tu vas faire quoi ? Devant l'air ahuri de Fukona elle ajouta, il t'invite clairement à venir chanter avec lui. C'est ce dont on a parlé tout à l'heure, n'attends pas trop pour te décider. Alors, tu vas faire quoi ?
Le visage baissé au sol, la jeune fille prit un instant pour réfléchir avant d'attraper le micro le plus proche. En quelques secondes, elle rejoignit Karma sur le devant de la scène et elle se mit à prononcer en même temps que lui :
- And can you feel the love tonight ? How it's laid to rest ?