Apparences

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Point de vue de Lazlo:

Je cogne, fort, toujours plus fort.
Mes mains saignent, mon corps est en sueur, mes muscles tétanisés.

Trois semaines.

Une éternité.

Chaque jour est un combat, je ne pensais pas en la quittant qu'elle partirait. J'ai merdé, j'aurais du rester.
Croit elle que je l'ai abandonné?
Quand je suis revenue le lendemain, c'était trop tard elle était partie.
J'avais d'abord paniqué, appelé Chrys, l'avais injurié de ne pas m'avoir informé, puis m'était calmé.
J'étais le seul coupable, après l'avoir tenue dans mes bras j'avais fuis, coupant mon téléphone, ne prévenant personne.
J'avais été inconscient et surtout irresponsable face à mes responsabilités.

Elle m'avait boulversé, comme toujours. Mais cette fois avait été différente.
Elle avait fait resurgir tant de chose en moi.
Elle était si belle, forte et fragile à la fois. Une fragilité que je connaissais bien.

Quand à 18ans mon père m'avait envoyé suivre les meilleurs entraînements militaire, les forces spéciales, j'étais euphorique.
Á l'époque je ne voyais que le côté viril, je me sentais comme un super héros.
J'étais jeune et inconscient.

Puis on vous envoi au front, en situation réel, le combat n'est plus fictif.
Une arme entre les main, tout se bouscule, la peur au ventre.
On voit des femmes des enfants, pris dans cet enfer. Ma spécialité, le renseignement, mon crédo l'infiltration.
Mais quand ça tourne mal, c'est le bain de sang. C'était moi ou lui.
Quand un petit garçon vous regarde et que vous tuez son père sous ses yeux, de sang froid, quand sa mère hurle, quand vous devez les faire taire pour votre propre survit.

Quand chaque nuit vous revoyez ses yeux, que chaque nuit vous avez la nausée, quand vous êtes conscient de n'être qu'un monstre.
Tuer de sang froid, tuer pour sauver sa peau, légitime défense, meurtrier, soldat, agent secret, homme... Des étiquettes, des mots, rien ne saurait effacer ce regard, celui d'un enfant innocent.

Je n'ai plus jamais était le même, je suis rentré à Katzburg, j'ai repris ma formation initiale, privilégiant le combat au corps à corps.
Je me suis aguerri, j'ai appris à contrôler mes émotions, extériorisé ma haine de moi même à travers les combats.
J'ai bien conscience d'être un homme froid, bien que jeune personne n'oserais me contredire.
Goth est le seul qui se permet certaines libertés, notre collaboration remonte à longtemps, nous avons fait nos armes ensembles, il est plus vieux que moi et physiquement imposant, j'ai confiance en lui, mais même lui ne me connait pas.

Jusqu'à présent je me suis interdit d'éprouver le moindre sentiment, je ne veux personne dans ma vie. Quel avenir pourrais je donner à celle qui partagerais ma vie, toujours absent, sans nouvelle, secrets, risques, elle passerait en second plan, et je ne lui offrirais jamais de descendance, il m'est inconcevable d'imaginer être un père.
Comme le monstre que je suis pourrait il rendre quelqu'un heureux? Je ne suis qu'un tueur sans coeur.

Mais depuis qu'elle m'a touché, dans ce hangar, quand ses yeux se sont posés sur moi, quand j'y ai vu le soulagement mêlé au désir, quand pendant quelques minutes j'ai à nouveau eu l'impression d'être le héros de quelqu'un je n'ai plus voulu que ça s'arrête.
La serrer dans mes bras, sentir son corps chaud contre le mien, mon coeur s'est emballé, incontrôlable.
Mes pensées toutes plus entreprenantes, mon envie grandissante, mon besoin bestial, j'ai pensé à m'éloigner mais la tentation était trop forte.
Je n'aurais jamais dû franchir la limite, toujours rester professionnel.
Au delà de ma propre petite conscience je l'ai brusquée, j'ai fait ressurgir ses démons. Je sais qu'elle a subit de violents traumatismes, je n'aurais jamais du brusquer les choses.
La seule personne qui ai réussi à briser ma carapace, elle aussi m'a regardé comme le monstre que je suis.

Je cogne, encore et toujours plus fort dans l'imposant sac de sable.
Je voudrais me briser comme je l'ai brisée.

J'ai voulu la rejoindre aller lui expliquer, mais à quoi bon, elle est jeune, belle, c'est une princesse, que ferait elle de moi, au mieux je lui ferais un peu pitié.
Non je ne peux pas m'abaisser à ça, je dois assurer sa sécurité, rester dans l'ombre, mon travail doit rester ma priorité, je dois la voir comme une nouvelle mission et rien de plus.
Goth est désormais en charge de sa surveillance rapprochée, il est le meilleur.

Je ne me suis d'ailleurs pas aperçu de sa présence à mes côtés.
Il me regarde avec son air sérieux.

-"Tu n'as rien de mieux à faire que me mater? T'as pas une mission?"

-"Du calme, Brömer m'a relevé."

-" Et je te manquais que t'as rien de mieux à faire?"

-" Que veux tu, tu es pas mal dans le genre transpirant!"

-" T'en a pas pris assez la dernière fois?"

-" ah ah ah Mr est toujours d'une humeur de chien à ce que je vois."

-" Tu vas la sentir dans ta gueule mon humeur..."

Sans plus attendre je me jette sur lui. Nous sommes reparti pour un corps à corps violent. Mais ces trois semaines de violence faite à mon corps ont raison de mon endurance. Je fini le visage en sang, trop lent pour parer le crochet du droit qu'il m'assène.

-"Maintenant on va pouvoir causer."

Je grogne, Goth me connait tout de même assez pour savoir quand je touche le fond.

-"Vodka?"

-"Tu es en mission tu ne bois pas!"

-" eh bien tu boiras pour moi! Aller lève ton petite cul de midinette chérie, c'est toi qui rinces."

Je saisi la main qu'il me tend, quelques verres ne me feront pas de mal.