Nuit 1

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Les douze coups de minuit retentirent dans la chambre quand Jiji se réveilla. Le son brusque la tira de son sommeil si brutalement que son corps sursauta au premier coup. La clameur d'une horloge n'aurait pas moins ébranlé l'esprit de l'enfant. Pourtant, il ne s'agissait que de son réveil, posé sur la table de chevet.

Pourquoi sonnait-il ? Elle ne l'avait pas allumé.

N'arrivant pas à se rendormir, elle décida de se lever. Sans vraiment y faire attention, elle se dirigea vers la porte de sa chambre. La main posée sur la poignée, elle ne s'étonna pas de rencontrer une résistance.

Fermée, évidemment.

Sur la porte, de l'autre côté, était inscrit son nom sur un panneau : Marjorie. Elle n'aimait pas son nom. Il ressemblait à une branche d'arbre que l'on cassait. Elle préférait la façon dont ses parents l'appelaient, surnom qu'elle aurait voulu accrocher à la porte : Jiji. Laissons-lui ce nom pour lui faire plaisir.

Un élan de panique la fit de nouveau sursauter. Puce ! Où était Puce ? N'allez pas croire que la pauvre enfant subissait une invasion de petites bêtes, loin de là. Puce était son amie, la seule qui pouvait rester avec elle à la nuit tombée. Jiji regarda son lit, rien. Dans ses couvertures, rien. Dans sa commode, rien. Elle alla même jusqu'à regarder dans la petite salle de bain de la chambre. Toujours pas de Puce.

Malgré ses dix ans d'existence, Jiji ne put refluer la peur et la tristesse lui enserrant le cœur. Sans Puce, comment supporter le vide de cette chambre ? Elle allait se mettre à pleurer quand elle entendit un choc. Comme si quelque chose venait de tomber.

Cela venait de la fenêtre.

Précipitamment, Jiji s'avança vers la fenêtre et dirigea son regard vers le sol. Elle bondit de joie en reconnaissant Puce. La peluche de petit chien Yorkshire Terrier était étendue sur le côté, le regard immobile.

Jiji la prit dans ses bras et la serra affectueusement contre son cœur. La petite chienne, car pour Jiji, il ne faisait aucun doute que Puce était une fille, lui offrit son doux pelage à caresser. Rassurée, la petite fille retourna se coucher en prenant soin de placer Puce sur son oreiller. Elle allait rabattre ses couvertures quand un courant d'air lui effleura les épaules.

La fenêtre s'était ouverte.

Surveillant Puce d'un coup d'œil, Jiji quitta son lit et alla fermer la fenêtre. Après quoi, elle se blottit dans ses couvertures, la petite chienne près d'elle et se rendormit. Sans s'apercevoir que la poignée de la fenêtre gigotait.

Bonne nuit, à demain.

Bonne nuit JijiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant