• Chapitre 10 •

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 Parler

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 Parler. Mettre des mots sur les émotions, les ressentis, les sentiments. Pour quoi faire ? Pourquoi les gestes et les intentions ne sont-il s pas suffisants ? Je n'ai jamais été douée avec le langage. En dire trop, pas assez, pas correctement, maladroitement. Il est trop facile de mal interpréter des mots. C'est pour ça que je laisse les actions parler ou, mieux, c'est pour ça que je reste seule. Sauf que là, maintenant, il est trop tard.

La crise s'est calmée, pourtant j'ai peur qu'elle revienne, surtout si nous commençons à trop parler. Distraitement, je regarde les sillons que les gouttes d'eau laissent sur mes jambes. La sensation du tissu humide sur ma peau commence à me déranger. Le bruit de la douche devient un brouhaha presque trop fort. Pourtant, ce n'est pas ça qui me préoccupe le plus.

– A quel moment penses-tu que tu m'as fait fuir ?

Je ne veux pas répondre. C'est impoli, sachant que je suis celle qui a lancé la discussion, mais je n'ai pas la force.

– Tu penses que c'est à cause de toi que je ne suis jamais revenu à Blessac ?

Silencieuse, je pince mes lèvres. Victor ne s'arrête pas de parler.

– C'est à cause de moi-même, Néra. Je ne t'ai pas fui toi, j'ai fui ma vie là-bas, mon passé et le mal que j'avais fait.

Ses mots me serrent le cœur. Il a tiré un trait sur le village qui l'a vu grandir. Le village de toute sa famille.

– Mais, vu ton état, ce n'est pas le moment de parler de tout ça. Tu ferais mieux d'aller te coucher si tu veux être en forme pour ta rentrée demain.

J'éteins la douche, mais reste encore assise là sans rien dire. Les plaques rouges sur mes jambes et mes bras ont disparu, mais je me rends compte que mes paupières tombent un peu et brouillent ma vision.

– Tu devrais quand même prendre un Aerius avant d'aller au lit, au cas où tout ça ait été une réaction allergique et que ce soit elle qui ait été le déclencheur de ta crise d'angoisse.

Touchée par sa douceur et son aide, j'acquiesce et lui souris. Je le découvre appuyé contre le lavabo, les bras croisés sur sa poitrine. Il ne porte qu'un t-shirt sur un caleçon. Lorsqu'il est arrivé tout à l'heure, je ne m'en suis même pas rendu compte. Gênée, je détourne le regard.

InconcevableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant