Nous voilà revenu à la case départ. Victor ne me parle plus que pour me dire des politesses. Il est venu me chercher devant l'école le dernier jour avant les vacances. Ça a été une véritable histoire sans parole. Quand je suis sortie, il était nonchalamment appuyé contre un poteau. Je me suis dépêchée de le rejoindre, laissant rapidement Chana alors que je ne vais pas la voir pendant une semaine. On a filé dans le métro, puis on est rentré à l'appartement, chacun dans notre chambre. Chana se sent coupable de cette tension dans la coloc. La seule coupable, c'est moi, peut-être à cause de ma naïveté, sûrement à cause de ma langue bien pendue.
Après avoir passée une journée devant l'ordinateur et entourée de mes carnets à dessin, je me suis enfin autorisée à prendre une douche. Enfin, autorisée est un bien grand mot : j'ai enfin ressenti le besoin de prendre une douche. Quand je reste à la maison, perdue dans mon propre univers, j'ai tendance à oublier les besoins de base, tel mon hygiène personnel, parfois même me nourrir et aller aux toilettes, au point d'en avoir mal au ventre. Pourtant, une fois que je suis sous l'eau, j'y resterai des heures.
La tête baissée vers l'avant, je laisse l'eau chaude détendre mes muscles. Elle ruisselle sur ma peau comme des petits serpentins, puis va mourir à mes pieds, où le jet se répercute en petites gouttes semblables à des paillettes. Sur ma droite, derrière la vitre de la douche, Teddy me surveille. Il ne me lâche pas d'une semelle depuis que je suis en vacances, sauf quand Victor est à l'appartement. Dans ce cas là, nous avons la garde partagée et c'est mon chat qui décide de qui à le droit à sa présence et quand.
Comme pour m'informer que cela fait déjà bien longtemps que je laisse couler l'eau et que l'eau, ça coûte cher, Teddy miaule.
– J'ai compris...
À contre cœur, j'éteins la douche et me secoue pour faire tomber le surplus d'eau, puis m'entortille dans ma serviette. Teddy m'attend déjà derrière la porte.
– Tu es bien pressé. Laisse moi au moins le temps de m'habiller.
Sauf que pour avoir le temps de m'habiller, il faudrait déjà que j'ai des habits. Je tourne sur moi-même à la recherche de mes affaires. Teddy miaule. Je râle et m'obstine à trouver mes vêtements que j'ai vraisemblablement oublié. Je finis par l'admettre en soupirant.
VOUS LISEZ
Inconcevable
RomancePour la première fois de sa vie, Néra se voit accorder un peu de liberté par sa mère. Elle accepte de la laisser partir continuer ses études à Toulouse, à 400 km de chez elle et de tout ce qu'elle connait. Mais, voilà qu'elle lui impose une collocat...