• Chapitre 1 •

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 Être tout et rien à la fois, c'est la vie que j'ai décidé de mener

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 Être tout et rien à la fois, c'est la vie que j'ai décidé de mener. Je suis Néra Delpèche pas tout à fait adulte, mais plus vraiment une enfant. Fille, mais un peu garçon quand même. Artiste, mais pas vraiment artistique. Sur le spectre, mais pas totalement autiste. Vivante, mais pas à 100% en vie. Là, mais un peu ailleurs. Moi, mais beaucoup les autres aussi.

Depuis ma chambre, la porte entrebâillée, j'écoute Hélène, ma mère, qui discute au téléphone. Ce n'est pas dans mes habitudes de jouer les curieuses, mais puisque j'entends à plusieurs reprises mon prénom, je me dis que cela doit particulièrement me concerner. Et, étant donné que nous sommes un dimanche matin, à 9h, que ma grand-mère est partie à la messe, mon frère, Luke, certainement en grasse mat' et que mon père est aux abonnés absents, je me demande bien qui est à l'autre bout du fil, prêt à entendre autant de fois le mot Néra.

– Peut-elle venir avec Teddy ?

Question étrange. Je plisse les yeux et me concentre prête à entendre la suite. Ma mère fait les cents pas, en se rongeant l'ongle du pouce. Soudain, elle s'arrête et s'exclame :

– Non, non, ce n'est pas son petit ami, c'est son chat.

Un léger sourire se dessine sur les lèvres charnues de ma mère. Ce genre de sourire qui illumine ses yeux et qu'elle n'affiche que rarement par-dessus sa fatigue. De mon côté, je suis loin de me réjouir. J'ai compris que ma mère échangeait non seulement à mon sujet, mais surtout au sujet d'un possible logement pour moi. Depuis que j'ai été prise en Master de Creative GamePlay et Coding à Toulouse, elle passe ses jours et ses nuits à me chercher un appartement. Je n'ai que rarement mon mot à dire. Elle est la première à interagir avec mes possibles colocs, car, à ses yeux, il est inenvisageable que j'habite seule : la dernière à sélectionner une annonce, pour être sûre que la localisation convienne ou qu'il n'y ait pas de vices cachés visible à travers l'écran de son ordinateur. Autant dire que trouver un appartement est aussi difficile que de trouver une aiguille dans une botte de foin. Et, c'est exactement pour toutes ces raisons que je suis surprise de la voir si heureuse, si tôt, un weekend.

– Merci beaucoup Victor ! Tu nous aides beaucoup.

Victor...

Ce prénom résonne dans ma tête et je calcule rapidement la possibilité qu'il s'agisse d'une autre personne. La conclusion me saute rapidement aux yeux. Elle le tutoie, elle est heureuse, elle l'appelle un weekend sans visible gêne : c'est Victor Bussière, dit Vic. Le Vic. Mon premier baiser. Je croyais pourtant qu'il était à Clermont-Ferrand, pas à Toulouse.

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