Bien que je me croyais prête pour mon jour de rentrée, je me suis menti. Je n'ai pas mis les pieds dans une établissement scolaire depuis presque dix ans. Le collège a été une épreuve beaucoup trop grosse pour moi, ce qui m'a valu d'être scolarisée à domicile. Ça n'a pas aidé ma phobie sociale, ni ma dépendance envers ma mère. Je déteste avoir à faire à une foule et je déteste encore plus avoir à créer des liens. Au delà de la problématique proche de l'agoraphobie, je me retrouve toujours comme étouffée par les autres : plaire, tenir une discussion, ne pas blesser les gens, comprendre ce qu'ils attendent de moi, ne pas leur donner trop de liberté avec moi... Tous ces codes, j'ai du mal à les assimiler.
Assise au milieu d'une petite salle de cours, j'attends que la réunion de pré-rentrée commence. Pour le moment, il n'y a pas beaucoup d'élèves. Cela n'empêche que je me fais toute petite en traînant sur mon téléphone. Je surveille mes réseaux sociaux, attendant de voir les réactions à mon dernier post sur Instagram. Comme je n'arrivais pas à tant dormir que ça après ma crise de la nuit dernière, j'ai mis en ligne un de mes dessins : une jolie forêt dans les tons de verts assez sombres et de bleu nuit, mise en avant par des teintes jaunes, représentant des lucioles ou des fées, selon l'interprétation.
– Toi aussi tu es fan du travail d'Arèniverse ?
Je sursaute et cache mon écran en entendant cette voix inconnue qui prononce mon pseudo. La personne vient de lancer son sac à dos sur la table. Les nombreux portes-clefs accrochés à ses fermetures éclaires teintent : le blason de Zelda côtoie Toad, le loup des Stark, un petit Tom Nook, le logo des Sims, le nuage rouge du clan Akatsuki, Krokmou et la tête de Mr Jack, entre autres. Pleins de petites messages sont écrits au blanco sur la toile noire du sac.
– Ou peut-être que tu es Arèniverse ?
Toujours debout à côté de ma chaise, elle me toise l'air suspect. Ne sachant comment réagir, je secoue la tête. Pourquoi est-ce que le mensonge est un reflex naturel ?
Lourdement, la nouvelle venue se laisse tomber sur la chaise à ma gauche et me tends sa main en disant :
– Je suis Chana, au fait.
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Inconcevable
RomancePour la première fois de sa vie, Néra se voit accorder un peu de liberté par sa mère. Elle accepte de la laisser partir continuer ses études à Toulouse, à 400 km de chez elle et de tout ce qu'elle connait. Mais, voilà qu'elle lui impose une collocat...