Pour la première fois de sa vie, Néra se voit accorder un peu de liberté par sa mère. Elle accepte de la laisser partir continuer ses études à Toulouse, à 400 km de chez elle et de tout ce qu'elle connait. Mais, voilà qu'elle lui impose une colocati...
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Je suis dans le flou. Un de mes sens a été dérangé et voilà que je n'arrive plus à contrôler les autres. Mes vêtements pourtant confortables me serrent soudain. Mes cheveux me chatouillent au point que j'ai envie de les arracher. Le bruit autour de moi devient insoutenable. Mes yeux me piquent. Tout cela provoque des vagues de colère en moi. Tout à l'heure, elle rongeait mon cœur. Maintenant, elle remonte de plus en plus dans mon corps et j'ai l'impression que je vais exploser.
Frénétiquement, je me frappe la cuisse avec ma main, tandis que de l'autre, je tire ma longue natte. Mon pied s'agite sur le sol. Je me mords les lèvres. Je n'arrive pas à fixer mon regard où que ce soit, j'ai déjà du m'arrêter sur un million de points différents. Chana est partie aux toilettes. Je l'attends, seule, devant l'école, mais en réalité, j'ai envie de partir en courant. De parcourir les 8,3 kilomètres qui me séparent de l'appartement, puis de me réfugier sous les couvertures, pour qu'elles étouffent mes cris.
– Je vais te montrer mon endroit préféré.
Je sursaute. Je n'avais pas vu que mon amie était revenue. Le visage crispé, je la dévisage et demande :
– Quoi ?
– On a largement le temps avant notre prochain cours, alors je t'emmène manger dans mon endroit préféré.
– J'ai déjà à manger.
Elle me sourit.
– Ça tombe bien, parce que je ne t'emmène pas dans un restaurant, mais dans un parc. Tu n'en as pas marre de tout le temps manger au jardin japonais ?
Mordant toujours violemment ma lèvre, je hausse les épaules. J'aime bien le jardin japonais. Il est beau et agréable, mais tous les étudiants de l'école se retrouvent là-bas.
– Néra, tu as besoin de changer d'air.
Je n'ai rien à dire, tout simplement parce qu'elle a raison. J'ai besoin de me concentrer sur autre chose que mon corps.
– Par contre, il faut qu'on prenne le métro, ça va aller ?
Je cligne plusieurs fois des yeux. Parfois, j'ai du mal à réaliser que, depuis un mois, Chana est avec moi, toujours aussi douce et attentive et qu'elle ne m'a toujours pas planté un couteau dans le dos.