• Prologue •

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 Jamais je n'ai été amoureuse

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 Jamais je n'ai été amoureuse.

Toutefois, Vic est ce qui se rapproche le plus d'une histoire d'amour pour moi.

Vic, ou Victor de son vrai prénom, est le meilleur ami de mon frère depuis le plus loin que je me souvienne. Nos pères étaient eux-mêmes meilleurs amis. Nos mères étaient inséparables. Nos grands-mères se connaissaient depuis les cours ménagers et nos grands-pères étaient frères d'armes. En bref, nous étions unis depuis plusieurs décennies par les liens sacrés de l'amitié. Il était mon second frère, mon préféré lorsque le vrai refusait de me défendre à l'école ou devenait bien trop emmerdant pour que je le supporte. Mon meilleur ami, à moi aussi, lorsque tout le monde me tournait le dos.

Du moins, c'était le cas, jusqu'au jour où Vic et moi nous sommes embrassés.

C'était un accident. Une erreur de parcours. Je venais d'avoir 16 ans. Lui en avait 19, presque 20. Il allait partir continuer ses études loin de nous, pour fuir son passé et la douleur que ne cessait de raviver notre village. On venait de passer les vacances de Noël ensemble et le premier de l'An chez ma grand-mère. C'était un au revoir. Ça aurait dû être un simple au revoir. Seulement, lorsqu'il m'a pris dans ses bras, qu'il m'a serré fort contre lui et que sa joue légèrement rugueuse a frôlé la mienne, je me suis sentie plus en sécurité que je ne l'avais jamais été. Alors, j'ai eu peur de le perdre, peur de voir partir la seule personne qui ne m'avait jamais soutenu, peur de dire adieu à mon seul ami. Peur qu'il ne revienne jamais.

Au travers mes mèches folles et mon bonnet trop grand, j'ai levé les yeux sur lui, pour chercher à emprisonner ce dernier moment dans ma mémoire. Son menton rond. Ses petites lèvres pleines ponctuées par un léger grain de beauté. Son long nez légèrement abîmé sur le dessus. Ses cernes sombres creusant le dessous de ses yeux. Ses sourcils épais. Ses cheveux coupés à ras sous sa casquette.

Vic a fini par sentir mon regard. Il a rouvert ses paupières closes et je me suis noyée dans ses iris bleus. Sa pomme d'Adam a tressauté. Un soupir est resté coincé dans ma gorge. Puis, dans une pulsion qui me surprend toujours, j'ai posé mes lèvres au coin des siennes, avant de les reculer bien plus rapidement encore. Je me souviens de la honte qui m'a envahi et l'envie de fuir qui s'est emparée de moi. Seulement, alors que mes jambes tremblées de remords et que j'allais cacher mes joues rouges contre son torse, Victor a de nouveau fait rencontrer nos lèvres. C'était doux et brutal à la fois. Lorsque sa bouche s'est entrouverte, j'ai oublié ce que nous faisions. Je n'étais que sensations et bouleversement. Ma langue a frôlé la sienne. Ses bras ont resserré leur emprise. J'ai accentué notre baiser, priant pour que personne ne nous voie. Mais des pas se sont fait entendre et, comme dans un même mouvement, nous nous sommes séparés. Notre bulle a explosé et j'ai soudain pris conscience de l'ampleur de notre geste, de mon geste.

Mortifiée, j'ai baissé les yeux sur le carrelage marron de l'entrée. Mon corps tremblait et je crois que mon cœur aussi. Victor ne m'a rien dit et moi non plus. Je me souviens de l'avoir regardé partir dans la voiture de mon frère. Son regard désolé a croisé le mien, mais je n'ai pas pu le soutenir. C'est comme ça qu'il est sorti de ma vie, il y a 4 ans et depuis silence radio.

Il était mon premier baiser, le seul. Je ne sais pas si j'ai réellement été amoureuse, mais il est ce qui s'en rapproche le plus à mes yeux, de l'amour. Malheureusement, ce n'était que Vic et Vic n'est plus qu'un étranger.

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