Le temps à l'imagination

Edmund pevensie

Une nostalgie poignante m'envahissait à chaque pensée de Narnia ; son royaume magique me manquait tellement que cela devenait une obsession. Tout ce que je désirais ardemment, c'était d'y retourner, de revoir les terres enchantées et de sentir à nouveau le frisson de l'aventure sur ma peau. Cependant, notre cousin Eustache semblait s'être spécialisé dans l'art de nous pourrir la vie, à Lucy et à moi, avec ses incessantes remarques acerbes et son attitude acariâtre.

"Regarde, Edmund, une lettre de Susan !" s'exclama Lucy avec un éclat de joie dans les yeux. Cette simple annonce suffit à interrompre ma dispute avec Eustache, faisant naître en moi une curiosité mêlée d'une pointe d'envie. Lucy tenait entre ses mains précieuses le lien qui nous reliait à notre sœur aînée, à ce monde où les lanternes scintillaient et où les destins s'entrelaçaient.

Avec empressement, elle déplia le parchemin soigneusement calligraphié, ses doigts délicats glissant sur les mots comme s'ils caressaient une mélodie lointaine. Je m'approchai, captivé, tandis qu'elle partageait avec nous les nouvelles de Susan. À chaque phrase lue à voix haute, je me laissais emporter par un flot d'émotions mêlées, mélange subtil de joie de savoir qu'elle allait bien et de tristesse de ne pas être avec elle dans cet instant.

Juste après que Lucy eut fini de lire, Eustache fit son entrée en nous narguant avec un sourire narquois. "Il était une fois deux frère et sœur qui croyaient à cette stupidité de Narnia !" déclara-t-il d'un ton moqueur, cherchant à semer le doute dans nos esprits.

Je sentis immédiatement une pointe d'irritation monter en moi, mais je m'efforçai de garder mon calme. Après tout, Eustache était resté en dehors des aventures que nous avions vécues à Narnia, ignorant tout du véritable pouvoir de ce monde enchanteur. Malgré cela, je refusai de me laisser rabaisser par ses paroles méprisantes.

Lucy, plus sage et bienveillante que moi, réagit avec sagesse. Elle lui lança un regard empreint de compassion et de patience, et lui répondit doucement : "Eustache, tu peux ne pas comprendre la magie de Narnia, mais pour nous, c'est bien plus qu'une simple histoire. C'est un lieu réel où nous avons vécu des aventures extraordinaires et appris des leçons inestimables."

Soudain, nous entendîmes des gouttes d'eau tomber dans la chambre, attirant notre attention d'un coup. Perplexes, Lucy et moi nous retournâmes pour identifier l'origine de ce phénomène étrange. Nos yeux s'écarquillèrent alors que nous observions les gouttes d'eau perlant sur le cadre du tableau accroché au mur.

"Que se passe-t-il ?" demanda Lucy, sa voix empreinte de surprise et d'inquiétude.

Je scrutai le tableau d'un air perplexe, essayant de comprendre ce qui pouvait causer ce curieux phénomène. L'eau semblait s'écouler du cadre lui-même, comme si une source mystérieuse se cachait derrière cette image figée.

En quelques minutes à peine, l'étrange phénomène prit une ampleur surprenante. La chambre se remplit rapidement d'eau, et nous nous retrouvâmes bientôt les pieds dans une mare grandissante.

Nous nous retrouvâmes soudainement dans l'océan de Narnia, entourés d'eaux chatoyantes et mystérieuses. Alors que Lucy et Eustache s'élevaient avec aisance vers la surface, je me sentais piégé, luttant pour retrouver mon souffle. Mes poumons semblaient se remplir d'eau, et le désespoir menaçait de m'engloutir tout entier.

Cependant, une lueur d'espoir surgit de l'obscurité lorsque quelqu'un m'attrapa dans ses bras, m'entourant d'une étreinte sécurisante. Une créature féerique émergea des profondeurs de l'océan, et mes yeux s'écarquillèrent d'étonnement alors que je réalisais que c'était une sirène qui me sauvait.

Ses yeux pétillants étaient empreints d'une bienveillance rassurante, et son chant mélodieux résonnait dans mon esprit tel une berceuse apaisante. Sans effort, elle me conduisit vers la surface, comme si l'océan lui obéissait.