Avec Gage, Rootney et Addy, nous avons décidé de grimper par-dessus le mur du Royaume pour organiser un feu de camp. Je savais que c'était risqué, mais la perspective de m'évader de l'ordinaire m'attirait irrésistiblement. Cependant, je ne tarderais pas à réaliser que cette évasion ne serait pas aussi paisible que je l'avais espéré.
Gage, malgré son enthousiasme débordant, était loin d'être le compagnon le plus subtil pour une escapade nocturne. Chaque mouvement était un grincement, chaque pas une résonance indiscrète contre le sol. Je me suis rapidement rendu compte que la discrétion n'était pas son point fort, et son poids considérable ajoutait une dose inattendue de difficulté à notre entreprise furtive.
Addy, de son côté, semblait voir cette escapade comme une opportunité idéale pour resserrer les liens de notre groupe. Malheureusement, ses tentatives persistantes de me draguer étaient de plus en plus agaçantes. Ses commentaires taquins et ses regards suggestifs étaient bien loin de ce que j'avais imaginé pour une simple soirée entre amis. Son insistance commençait à devenir un fardeau, et je craignais que cela ne gâche l'atmosphère que nous étions venus chercher.
Gage parlait du groupe redoutable des Marcheurs Obscurs, dont la simple évocation faisait frissonner quiconque dans notre monde post-apocalyptique. Leur réputation de danger extrême était une ombre pesante, chaque rencontre pouvant signifier une fin brutale marquée par la mort et la décapitation.
Cependant, la discussion de Gage prenait une tournure des plus déplaisantes lorsqu'il focalisait son attention sur la fille du chef des Marcheurs Obscurs. Cette jeune femme, fille de Cyrus Otryvan, était apparemment devenue le sujet de ses pensées irrespectueuses. Ses paroles étaient chargées d'une vulgarité méprisable, témoignant d'un manque total de considération pour la dignité et l'intégrité d'autrui.
Gage se permettait d'évoquer la fille du chef d'une manière dégradante, utilisant un langage irrespectueux qui allait bien au-delà des normes acceptables. Ses commentaires indiquaient une absence totale de réflexion sur les conséquences de ses paroles. Il parlait d'elle comme s'il la considérait uniquement comme un objet, se référant à elle de manière objectifiante et menaçante.
Il était difficile de rester silencieux face à de tels propos irrespectueux. La situation exigeait une intervention immédiate. Je décidai de confronter Gage, refusant de tolérer de telles paroles dégradantes. C'était le moment de rappeler, même dans un monde où la survie était une lutte constante, que le respect envers autrui était non négociable.
Un bruit soudain éclate dans les buissons, et je ne suis pas le seul à avoir perçu cette perturbation dans le silence nocturne. Gage, toujours prompt à réagir, décide de s'approcher pour identifier l'intrus. Sans attendre, il se jette sur la silhouette dans l'ombre, l'attrapant fermement.
"C'est toi, espèce de garce. Il n'est pas là ton papa, hein ?" s'exclame-t-il d'une voix menaçante, saisissant la jeune fille par les cheveux et la traînant impitoyablement sur le sol rocailleux. Une onde de terreur traverse son visage, et mon cœur se serre devant la brutalité de la scène qui se déroule sous mes yeux.
"Jetons-la dans la fosse aux rôdeurs", suggère Rootney, un rire cruel perçant l'obscurité. L'atmosphère se charge d'une tension palpable alors que la suggestion macabre est lancée avec insouciance.
Refusant de rester spectateur de cette cruauté gratuite, je réagis instinctivement. D'un geste rapide, je pousse Gage au sol. Sa tête heurte le sol dur, un bruit sourd résonne dans l'air nocturne. Mon regard se pose sur la jeune fille traînée par terre, et c'est à ce moment que je réalise que c'est elle, la fille de Cyrus Otryvan.
Gage, dépassant toutes les limites du respect, ajoute une couche à ses commentaires déjà déplacés. "Si personne n'était là, je l'aurais déshabillée et je me serais fait plaisir avec," lance-t-il d'une voix vulgaire. À peine ses mots terminés, une vague de colère monte en moi, submergeant toute tolérance pour de tels comportements irrespectueux.
Sans réfléchir, la réaction instinctive prend le dessus. Un coup de poing part en direction de Gage, non pas seulement comme une réponse à ses mots dégradants, mais aussi comme une affirmation ferme de ma position contre de telles attitudes. Le choc de ma main contre son visage est le seul langage que je trouve suffisamment fort pour exprimer ma désapprobation face à ces paroles odieuses.
Elle était partie en courant, et je n'avais pas eu le temps de voir son visage, seulement sa silhouette et ses cheveux noirs qui dévalaient le bas de son dos. Le regret m'avait saisi immédiatement, et le désir de la retrouver, de m'excuser, s'était enraciné profondément en moi. Cependant, la crainte persistante de croiser un membre de sa communauté, et les histoires horrifiantes de décapitations circulant dans notre monde post-apocalyptique, me retenaient.
Les jours suivants avaient repris leur cours pour la plupart des gens, mais pour moi, le temps semblait s'étirer dans une attente insoutenable. Je me retrouvais souvent à repenser à cette rencontre furtive, me demandant qui elle était et ce qui avait pu la pousser à partir si précipitamment. Son image hantait mes pensées, et la nécessité de la revoir, de m'expliquer, grandissait à chaque instant.
Il était tard dans la soirée, je m'étais échappé du royaume pour un temps, animé par le désir ardent de retrouver cette fille au visage inconnu qui occupait mes pensées. Alors que je déambulais dans la forêt, le murmure des feuilles et le bruissement des branches me berçaient dans un calme relatif. Soudain, un mouvement dans les hauteurs des arbres attira mon attention, et là, perchée sur une branche, elle se révéla. "Salut," parvins-je à articuler timidement.
Descendant gracieusement de l'arbre, elle me poussa violemment au sol. La froideur de sa voix résonna dans l'obscurité. "C'est toi qui m'as agressée la dernière fois avec tes amis !" m'asséna-t-elle, une lueur d'accusation dans ses paroles. La confusion m'envahit. Avait-elle confondu ma silhouette avec celle de Gage ? "Non, ce n'était pas moi. Au contraire, j'ai essayé de te défendre !" tentai-je de clarifier.
Soudain, elle lâcha la prise qu'elle avait sur le col de mon t-shirt. Mes yeux, désormais libres, captèrent un détail intrigant : un voile blanc qui couvrait ses yeux. L'évidence frappa comme une révélation : elle était aveugle. "Je m'appelle Jordanne..." déclara-t-elle calmement, brisant le silence tendu qui avait enveloppé nos échanges. Ses mots résonnaient avec une certaine sérénité malgré la tension palpable dans l'air.
En scrutant attentivement son visage, mes yeux discernent un léger vitiligo, une particularité qui, loin d'atténuer sa beauté, la rend encore plus unique. Tout en prenant conscience de ce détail, je réalise soudain qu'elle est toujours au-dessus de moi, et je me surprends à apprécier la chaleur de son corps contre le mien.
"Désolé de t'avoir poussé," dit-elle, son regard semblant se perdre dans le vide, mais son sourire demeurant sincère. La sincérité de son sourire contraste avec le contexte tendu de nos premières interactions. Le mystère qui entoure Jordanne prend de l'épaisseur, et sa personnalité semble être tissée de nuances complexes.
La forêt environnante, plongée dans l'obscurité, devient le théâtre silencieux de cet échange improbable. Je prends une profonde inspiration, absorbant chaque détail de ce moment singulier. Les ombres dansent autour de nous, et les murmures de la nature ajoutent une ambiance mystique à notre rencontre nocturne.
"Ce n'est rien. Je comprends que tu sois sur la défensive," lui réponds-je, tentant de détendre l'atmosphère. Nos échanges prennent une teinte nouvelle, mélange de compréhension et de curiosité partagées. En dépit des défis et des mystères qui enveloppent Jordanne, il émane de ce moment une certaine connexion, un fil ténu qui semble nous lier d'une manière étrange et inexplicable.
VOUS LISEZ
Le temps à l'imagination
Fiksi PenggemarRecueil d'imagine sur série et film (je prend pas de commande) Mais pas que j'écris des petit one shot d'histoire imaginaire qui me passe dans la tête. J'écris aussi sur des chanteur (parfois) et acteur