Tendu

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Mercredi

Après une nuit agitée, je me lève de mauvaise humeur. 36h sans baise. Je vais établir un nouveau record... ça ne m'était pas arrivé depuis... une éternité. J'ai fait mes débuts en tant que dominant dans ma vingtaine et en plus de dix ans, j'ai toujours eu une soumise pour assouvir mes fantasmes.
Une demi-heure que je suis debout et même après un café, rien n'y fait. Je peste contre Loïse et ses délires romantiques. Si elle n'était pas obsédée par des histoires fantasmées à l'eau de rose, je ne me retrouverais pas, de bon matin, avec une érection de vingt-deux centimètres en souffrance.
Je presse une main contre mon aine pour tenter de réguler mon désir. Et finalement je n'y tiens plus. Je sors ma queue de mon caleçon et me masturbe pour évacuer la pression. J'ai l'impression d'être redevenu un ado de seize ans qui s'adonne aux plaisirs solitaires. Mon ego de dominant en prend un coup, mais tant pis. Si je ne me soulage pas, je serais incapable de me concentrer sur quoique ce soit aujourd'hui. Ma main glisse sur ma verge énergiquement, à la recherche d'un plaisir rapide et efficace. Se faisant mon esprit visualise, Loïse, son corps bien cambré, son cul offert... J'intensifie le rythme, je suis proche. Ah putain... Je me vide dans ma main qui a du mal à tout contenir, plié en deux.
J'attrape un kleenex pour essuyer le plus gros et nettoies le reste dans la salle de bain avant de lâcher l'affaire et de reprendre carrément une douche. Elle ne perd rien pour attendre cette petite tête de mule.

Débarrassé de cette tension insoutenable, je me sens un peu mieux et envisage ma journée de travail sous un angle plus supportable. Et ça tombe bien parce qu'aujourd'hui j'ai rendez-vous avec un des clients dont je gère le portefeuille et j'ai besoin de tout mon self-control pour mener cette entrevue en douceur. Je dois le convaincre d'investir dans un nouveau fond prometteur mais un peu risqué. Il va falloir que je sois convaincant.
Nu comme un ver et le corps encore constellé de gouttes d'eau, j'ouvre ma penderie pour choisir un costume. Si je devais choisir, je préférerais enfiler un jean et un tee-shirt mais mes fonctions m'imposent un code vestimentaire assez strict. Je me dois de refléter le sérieux de la banque que je représente auprès des hommes d'affaires qui nous confie leurs investissements.
J'ai devant moi un éventail impressionnant de pantalons et de vestes dont le camaïeu de couleurs tourne autour du bleu-gris. C'est ce qui me va le mieux. J'attache beaucoup d'importance à mon apparence et tiens à mettre en valeur mes atouts. A presque quarante ans, j'ai une chevelure châtain fournie domptée par une coupe courte sur les côtés et plus longue sur le dessus, me permettant de passer ma main dans mes cheveux. Un geste que je fais souvent par nervosité.
Je suis d'un naturel tendu. Je subis pas mal de pression au boulot et j'ai du mal à l'évacuer naturellement. Certains font de la boxe, très peu pour moi, ou de la course à pieds. Moi j'ai trouvé la domination. Exercer un contrôle absolu sur une personne qui choisit de se soumettre à moi me procure un bien-être inégalable et m'aide à trouver mon équilibre. J'assume cet aspect de ma personnalité depuis longtemps et suis en paix avec ça.
Et je serais toujours en paix si ma dernière soumise en date ne s'était pas mise à jouer les brat*.
J'enfile une boxer noir puis boutonne ma chemise, que je fais faire sur mesure. Je déplie un pantalon préalablement repassé par ma femme de ménage à laquelle j'envoie une pensée reconnaissante. Elle m'épargne cette corvée délicate et la réalise à la perfection. C'est une perle.
J'attache les boutons de manchettes très sobres et endosse ma veste dont je tire les deux pans pour l'ajuster à mes épaules. Le temps de la boutonner et je suis près.

J'attrape mon sac à dos et mes clés avant de claquer la porte blindée de mon spacieux appartement du 17e arrondissement de Paris.
Une journée de travail harassante m'attend, et avec un peu de chance, un message de ma soumise qui aura repris ses esprits.

* Brat : soumise effrontée qui se plaît à provoquer son dominant.

BriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant