Nous sommes arrivés devant mon immeuble. Je remercie le chauffeur avant de descendre pour aider Anaïs à sortir de la voiture, manoeuvre que je sais être périlleuse vu la hauteur des talons que j'ai aperçu à ses pieds. Je suis un grand amateur des escarpins qui accentuent les jambes fuselées des femmes et leur donnent une grâce fragile que j'apprécie particulièrement. Tout en lui tendant la main, je dévisage d'un oeil appreciateur le galbe du mollet qu'elle a déjà sorti de l'habitacle, bientôt rejoint par le second. Une légère pression sur ma main l'aide à se relever et à trouver son équilibre avec élégance. Je place ma seconde main au creux de son dos, juste au dessus de la naissance de ses fesses, pour la guider vers le porche. Ce contact l'électrise, elle sait ce qui l'attend en montant chez moi et elle se laisse faire, consentante, impatiente.
***
Allongé sur mon lit, les bras replié sous ma tête et les jambes croisées, j'apprécie la sensation de détente qui parcourt mon corps. J'ai le sentiment d'avoir enfin réussi à évacuer la pression qui s'était accumulée ces quinze derniers jours.
A ma demande, Anaïs est repartie il y a un quart d'heure. J'avais besoin de me retrouver seul. Nous n'avons pas le type de relation qui justifie de passer le reste de la nuit ensemble, sauf si c'est pour baiser. Et je n'étais pas d'humeur pour un marathon sexuel nocturne. J'ai assouvi mes besoins et je lui ai donné le plaisir qu'elle recherchait en échange, le contrat est rempli. Ca ne va pas plus loin. Je ne pense pas que nous nous reverrons. Non pas qu'Anaïs, soit dénuée de charme, bien au contraire, mais le souvenir d'Elise est encore trop présent pour que j'ai envie de me ré-engager dans quelque chose pour l'instant. Notre rupture me laisse encore un petit arrière-goût d'amertume dont je dois me débarrasser avant d'envisager une nouvelle relation. Et je dois avouer que ce genre de séance aide pas mal.
Il faut d'ailleurs que j'envoie un message à Ludo pour le remercier. Je tape rapidement sur mon clavier pour le gratifier de quelques mots reconnaissants avant d'oublier.
Salut Ludo, Anaïs vient de repartir de chez moi. Merci pour son contact. Comme d'habitude, je ne suis jamais déçu. B.
Pris d'une impulsion, je change de discussion et ouvre celle que j'entretiens avec Bastien. Quitte à avoir ma messagerie ouverte, autant en profiter pour lui envoyer un message. J'ai envie de le voir.
Salut mec. T'es libre ce week-end ? Ca te dit qu'on aille courir ?
Dans la vie, y'a deux choses qui me permettent de me vider la tête. Le sexe et la course à pied. Même si je suis manifestement plus porté sur la première que sur la seconde.
Je ferme la conversation, fais défiler les autres et rouvre malgré moi celle d'Élise, quelques lignes plus bas. Mon dernier message est resté sans réponse. Est-ce que je la relance ? Je me sens redevable auprès de Ludo. Et peut-être que la savoir entre ses mains m'aidera à l'oublier. On a tous les deux besoin d'aller de l'avant. Sans trop réfléchir, je laisse mes doigts courir sur le clavier.
Bonsoir Élise. Je comprend que tu n'aies pas envie de me répondre. Je te laisse le numéro de Ludo. Si tu as envie de le voir, tu pourras le contacter en direct : 06 XX XX XX XX. Porte-toi bien, B.
En appuyant sur la touche "envoyer" je regrette quasi instantanément ce que je viens de faire. Mais tant pis, ce qui est fait est fait. Je met mon téléphone en veille et reprend ma position allongée quand une notification vient briser le silence paisible. Mon coeur se met à cogner en pensant que c'est peut-être Élise qui vient de me répondre, et je me déteste d'avoir cette réaction. J'attrape néanmoins mon téléphone, fébrile, pour constater que c'est Bastien qui me répond.
Rdv demain à 10h au bois de Vincennes ?
Je lui répond par la positive et éteins mon téléphone, le sourire aux lèvres à la perspective de le voir demain.
***
Qui est l'abruti de médecin qui a énoncé que courir et parler en même temps était un excellent moyen d'entretenir son souffle ?! Je tente péniblement de respirer entre deux réponses données à Bastien. Etonnamment, malgré ses nuits courtes de jeune papa, il semble entretenir une meilleure forme que moi et n'éprouve visiblement aucune difficulté à parler. Il ne se prive donc pas de me cuisiner et je me retrouve à aborder un sujet que je souhaitais justement éviter...
- Alors comment ça va avec Elise ? On ne vous a pas revu depuis le baptême d'Éva. Faudrait qu'on s'organise un truc tous les quatre.
- Laisse tomber. On n'est plus ensemble.
- Ah ? Désolé. Il s'est passé quoi ?
- Elle voulait un bébé.
- Ah. Ouais... te connaissant, t'as dû prendre tes jambes à ton cou.
- Tout le monde... n'est pas fait... pour devenir père...
Je tente difficilement d'articuler une phrase sans m'asphyxier complètement.
- Dommage... Tu ne sais pas ce que tu rates.
- Si. Les nuits difficiles... les couches... les pleurs... les vomis...
- Non mais ça c'est les aspects désagréables, mais un bébé c'est aussi un petit être qui te donne beaucoup d'amour, des rires craquants, quelqu'un que tu fais grandir...
- J'arrivais déjà pas... à m'occuper d'un... Tamagoshi à l'époque...alors un bébé...
Bastien trouve même le moyen de rigoler à ma remarque. C'est un luxe que je ne peux pas me permettre au risque de m'évanouir purement et simplement à cause du manque d'air. Air que je rationne drastiquement.
- Je suis sûr que derrière ce coeur de pierre se cache un coeur d'artichaut. J'espère juste que tu n'attendras pas trop pour t'en rendre compte. Le temps passe vite mec, tu rajeunis pas. Et d'ailleurs, faudrait penser à courir plus souvent parce que t'as l'air en galère là.
- Sans dec'...
On parvient enfin au terme de la boucle qu'on avait commencée et je me plie en deux, les deux mains sur mes genoux pour aspirer l'air à grandes goulées. J'ai jamais été un fan de la course mais quand je le fais avec un ami, ça va. Je lance un regard en coin à Bastien, tout fringuant et à peine transpirant malgré l'effort qu'on vient de fournir. C'est pas juste ! Il sait ce que je pense parce qu'il m'adresse le sourire éclatant du vainqueur qui a terrassé son adversaire, en me tapotant le dos de sa main.
- On remet ça samedi prochain ? Ca ne te ferait pas de mal de te bouger un peu.
- Ouais, allez. Ok.
- Super ! Allez viens, on va prendre un café. T'as l'air d'en avoir besoin.
- Carrément !
- Tu te laisses aller mon vieux ! T'as jamais été un athlète mais quand même là, tu traînes. C'est Élise qui t'a ramolli comme ça ?
- Je pensais que le sport de couette compensait l'absence d'autre activité physique, mais de toute évidence, j'ai eu tort.
Je ponctue avec un sourire sarcastique. Je fais le malin parce que je sais que de ce côté-là, Bastien ne peut pas fanfaronner en ce moment. Et puis j'aime bien entretenir l'image du Don Juan qui me colle à la peau depuis des années. C'est plus facile à porter que celle du mec célibataire lambda. Moins de questions, moins d'attente, moins de pression. Et ça me va.
- Baise moins et cours un peu plus. Regarde, ça me réussit à moi !
On rit tous les deux en s'attablant à la terrasse d'un café.
Je n'ai peut-être pas une vie amoureuse stable mais j'ai des amitiés solides.
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Brice
RomanceLe moins qu'on puisse dire, c'est que Brice essuie rarement un refus. Alors quand sa soumise met fin à leur relation, il a du mal à avaler la pilule. Plongez dans la tête de ce dominant confronté pour la première fois à une défaite et suivez sa (rec...