Le Baptême 1/2

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Quinze jours plus tard

Qui a décidé que se lever un samedi matin pour aller à l'église, à 10h, était une bonne idée ? Plutôt que de traîner au lit avec Elise, je me retrouve, en costard, à faire le pied de grue devant un vieil édifice en pierre qui sent le moisi, en attendant un prêtre tellement vieux qu'il a probablement oublié qu'il avait un sacrement à faire à cause d'Alzheimer... Et en plus on a beau être au mois de Mai, il pleut et il fait un froid de canard... Foutues traditions ! Heureusement que Bastien est un vrai pote, je ne me serais pas imposé ce calvaire le cas échéant. Je le remercie mentalement de m'avoir forcé la main pour amener Élise avec moi, sa présence rendra la journée moins pénible, voire même attrayante. Je m'étais initialement opposé à venir avec elle de peur de mélanger ma vie privée avec ma vie de dominant. Mais je n'arrête pas de changer les règles avec elle. Une de plus, une de moins... Je lui fais confiance pour ne pas faire de bévue.

On attend devant la voute du perron déjà encombrée par un nombre incalculable d'invités. Bastien m'avait pourtant bien parlé d'un baptême et pas d'un mariage... Je soupire en pensant que tenter de réguler la folie des grandeurs de Claire ne doit pas être une mince affaire. A moins que ce soit Bastien qui se soit laissé emporté sur ce coup-là... Il n'est pas pratiquant mais il tient aux traditions comme un chien à son os ! Le connaissant, ça ne m'étonnerait pas finalement. 

Je n'étais déjà pas enchanté par la situation mais elle ne fait qu'empirer quand on reçoit les première gouttes d'une pluie fine mais soutenue. L'option de l'abri sous le perron étant éliminée d'office, j'ouvre donc l'unique parapluie que j'ai pensé à prendre. J'enroule un bras autour de la taille d'Elise pour la coller à moi et lui éviter de tremper la jolie tenue légère qu'elle a enfilé pour l'occasion. Une robe bustier vaporeuse rose pale munie d'une ceinture qui vient mettre en valeur sa taille fine. Elle a mis un soutien-gorge sans bretelle qui fait remonter joliment ses seins sur lesquels j'ai actuellement une vue plongeante. Les deux globes de sa poitrine emergent glorieusement de son corsage dessinant un sillon particulièrement attrayant dans lequel je plongerait bien ma main. Je remarque que sa peau est parcourue de frissons, elle a la chair de poule. La protection toute relative qu'offre sa veste ouverte ne suffit pas à la protéger d'une météo décidément peu clémente. Je la serre un peu plus fort contre moi pour lui communiquer un peu de chaleur. Se faisant, la proximité de son corps éveille, malgré le contexte, des désirs tout à fait inappropriés qui menacent de déformer mon pantalon. Ca n'a pas échappé à Elise qui frotte son petit cul contre moi de manière imperceptible pour tout le monde, sauf pour moi. Putain... Elle est vraiment impossible. Je lui souffle à l'oreille :

- Arrête ça tout de suite ou je vais être obligé de te donner une correction en rentrant.

Elle glousse mais ne s'arrête pour autant. C'est à la fois ce que j'apprécie et ce qui m'agace chez elle. Son petit côté effronté. Je reprend plus sèchement cette fois, espérant mettre de l'autorité dans ma voix malgré le chuchotement auquel je suis contraint.

- Si tu continues, je vais te fesser tellement fort que tu ne pourras plus asseoir ton petit cul rougi sur une chaise pendant une bonne semaine.

Mon argument fait mouche et a le mérite de la faire cesser immédiatement. Elle a raison de craindre la fessée. Elle peut être un préliminaire excitant comme une punition des plus douloureuses. Face à cette menace, elle se tient tranquille jusqu'à l'arrivée du prêtre qui nous permet enfin d'entrer dans l'église et de nous mettre au sec. Vu la météo et le monde, je n'ai pas encore pu saluer mon ami et sa femme. Ca attendra tout à l'heure.

Nous nous asseyons sur un des nombreux banc en pierre, volontairement au dernier rang. Je suis loin d'être un fervent Catholique et le fait d'assister à cette cérémonie remplira mes devoirs spirituels pour les deux années à venir ! Pas besoin en plus de jouer les bons élèves en me mettant devant, places qui, de toute manière, sont réservées à la famille. Elise est sagement assise à mes côtés, les mains croisées sur ses cuisses. Si je ne la connaissais pas, je dirais qu'en cette instant, elle est l'image même de la dévotion. Elle semble vraiment absorbée par le texte actuellement lu à l'assemblée. Tout à l'heure, je l'ai même vu reprendre le refrain d'un des chants qu'elle semblait connaître. Je ne la savais pas portée sur la religion, c'est un sujet que nous n'avons jamais abordé ensemble. J'ai du mal à raccorder l'image que j'ai d'Élise, charnelle, passionnée, avec la personne recueillie que je vois actuellement. C'est décidément une femme pleine de contrastes.

Même si je ne comprend pas les personnes croyantes, je respecte leur choix. Je ne suis pas moi-même athée, j'ai été baptisé comme bons nombre d'enfants. Mais je ne sais pas réellement si je crois en une force supérieure qui nous guiderait...  Que quelque chose soit à l'origine du monde, pourquoi pas, mais de là à croire au destin... Penser que Dieu aurait sciemment mis Élise sur ma route pour que je la dévoie me semble carrément blasphématoire. Je prend mes responsabilités dans cette histoire. Avant moi, elle ne versait pas dans la perversité à laquelle je l'ai initiée et dans laquelle elle se complait aujourd'hui. Je suis l'auteur et l'acteur de sa débauche. Et j'assume, je n'ai aucun problème avec ça. Est-ce qu'elle en a un elle ? Je n'espère pas... Je n'avais pas du tout envisagé que cette journée puisse être l'occasion d'un examen de conscience de sa part. Pourvu qu'elle ne se mette pas à éprouver des regrets sur nous. Ou pire, que ce baptême lui donne des idées... Parce que les rites à l'église ne font définitivement pas partie de mes projets personnels. Si j'ai déjà fait des concessions pour Élise, celle-ci en est une que je ne suis pas prêt à faire.

BriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant