La proie - étape 3

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Après notre dernière séance, je n'ai pas recontacté Loïse. Et elle non plus. Je lui ai laissé un peu d'air pour qu'elle mette en ordre sa vie personnelle avant de reprendre le cours de notre relation là où elle s'était arrêtée. Nous n'en avons pas encore parlé ouvertement mais le fait qu'elle m'ait rappelé "Maître" était suffisamment implicite.

En soi, le fait qu'elle se soit donnée à un autre mec ne devrait pas me gêner. J'ai déjà prêté des soumises à des amis par le passé. J'ai d'ailleurs déjà prêté la bouche de Loïse à Ludovic il y a plus d'un mois. Mais ça m'agace. Est ce que c'est parce que ce n'est pas moi qui ai décidé qu'un autre homme la prenne ? Ou le fait de ne pas avoir moi-même organisé ça de manière à pouvoir regarder ? Je ne sais pas... J'ai envie d'effacer complètement le souvenir qu'elle peut en garder. Un genre d'instinct de propriété. J'aime bien l'exclusivité dans mes relations soumise/dominant. C'est une des raisons qui fait que je n'en ai qu'une à la fois là où d'autres entretiennent plusieurs soumises en même temps, parfois même ensemble.

C'est peut-être ce qui m'a poussé à faire un truc qui ne me serait jamais venu à l'esprit autrement. J'ai commandé un double de mes clés. C'est une première mais j'ai envie qu'elle vienne m'attendre le soir chez moi. Que ma soumise m'accueille, offerte et nue quand je rentre du travail. C'est un fantasme que j'ai depuis longtemps mais je n'avais jamais sauté le pas. Peut-être par manque de confiance. Après tout, c'est un risque de lui donner accès librement à mon domicile.
Mais je crois que ça le vaut. Contrôler son quotidien était devenu insuffisant, j'ai envie de passer à la vitesse supérieure et de prendre encore plus de place dans son emploi du temps. Elle voulait de l'engagement, en voilà un. Mais il n'est pas sans contrepartie. Elle va devoir donner de sa personne plus souvent. Et plus intensément aussi. Surtout depuis que j'ai vu sa réceptivité la dernière fois. Elle est capable d'encaisser beaucoup plus que ce que je pensais.

***

Ce midi, je profite de ma pause déjeuner pour aller chez le cordonnier récupérer la clé que je lui ai commandée. Je passe ensuite à la Fnac pour imprimer sur papier une photo de Loïse à genoux, de face mais la tête baissée. Une des premières qu'elle m'a envoyées, quand je lui demandais de s'exercer aux postures de soumission. Je connecte mon téléphone à la borne photo, sélectionne le cliché souhaité et attend que la machine recrache l'image sur papier glacé. Je sors ensuite un stylo de ma veste et griffonne quelques mots derrière.

Loïse,
Voici la clé de chez moi. Je veux te voir comme ça quand je rentre chez moi le soir après le boulot. A genoux et soumise. Quand tu seras prête, utilise-la.
B.

Je mets le tout dans une enveloppe avec la clé et la referme. Je la confierai à un coursier au boulot tout à l'heure et lui ferai délivrer à son bureau pour qu'elle l'ait aujourd'hui.

***

J'ai eu la confirmation que le coursier a bien délivré le pli en main propre. J'aurai aimé être là pour lire sa réaction sur son visage. Savoir si elle va accepter.
La balle est dans son camp.

Le soir venu, je rentre chez moi sans attente particulière. Je me doute bien que c'est un peu tôt pour retrouver Loïse nue dans mon salon.
Mais le lendemain et le surlendemain n'apportent pas de perspective plus réjouissante. Les jours se succèdent, identiques. Chaque soir, je pousse ma porte d'entrée avec l'excitation d'un enfant au matin de Noël. Et la déception est, à mon corps défendant, cuisante. Mon égo en prend un coup, je l'avoue.
Elle doit encore peser le pour et le contre de ma proposition. C'est une femme réfléchie, qui ne prend aucune décision sur un coup de tête.
Je sais que si elle vient, ou plutôt lorsqu'elle viendra, ce sera pour s'offrir totalement.
Elle m'avait reproché de ne pas être assez tendre, de ne pas vouloir éprouver de sentiment pour elle. Je lui ai montré par des actes que j'étais prêt à arrondir un peu les angles. Avec cette clé, elle pourra rester dormir si elle le souhaite. Je veux lui montrer que meme si je ne verse pas dans les sentiments, je ne prend pas cette relation à la légère. 

Je prend le bien-être de mes soumises très au sérieux. Elles m'offrent leur consentement et leur confiance, en plus de leur corps. De mon côté je leur offre la jouissance et l'assouvissement de leurs fantasmes. On pourrait facilement penser qu'un dominant est une brute égoïste. Ce n'est pas le cas, j'ai un immense respect pour ces femmes qui assument leurs désirs et qui osent se donner les moyens de les réaliser, allant ainsi à l'encontre de ce que la société leur impose. J'ai un immense respect pour Loïse. Et je me soucie réellement de ses états d'âme et de ses doutes. Je veux qu'elle se sente en sécurité pour se donner à 100 %. J'espère avoir donné suffisamment de crédits à mes intentions pour qu'elle comprenne qu'au-dela de son corps, c'est aussi son bien-être que je veux.
J'ai hâte de pouvoir la soumettre de nouveau. C'est elle que je veux.

***

Lundi soir

Je rentre habituellement du bureau vers 19h30. Aujourd'hui ne fait pas exception. Mon planning est d'une régularité sans faille. J'aime tout planifier et tout garder sous contrôle. Ma personnalité dominante est simplement l'expression de ce trait de caractère.
Je tourne la clé dans le barillet et la jette dans le vide-poche de l'entrée tout en claquant machinalement la porte. Mes yeux saisissent alors quelque chose d'inhabituel. Des affaires féminines dans l'entrée : une paire de ballerines, une robe et des bas pliés consciencieusement sur le banc. Je mets peu de temps à réaliser que ce que j'attendais depuis plus d'une semaine s'est produit.
Loïse m'attend docilement, nue. Dans mon salon.
Elle est venue.

BriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant