Reflexion

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Dimanche

Élise est rentrée chez elle depuis vingt quatre heures et j'ai un peu rechargé mes batteries. C'est que je n'ai plus vingt ans moi... Elle, en revanche, semble avoir toujours de l'énergie en réserve pour être montée. En bonne soumise, elle attend que je la baise sans réclamer mais elle répond toujours avec enthousiasme, comme une affamée de sexe. Et c'est peut-être ce qu'elle est à force d'avoir refoulé ses désirs pendant si longtemps. Les femmes soumises ont ce trait de caractère profondément ancré dans leur personnalité. Elles ne deviennent pas soumises, elles le sont, de manière intrinsèque. Elles peuvent lutter autant qu'elles veulent contre leur vraie nature, elle finira par les rattraper. Et elles le vivent alors de manière dix fois plus intense. Comme Élise. 

Du coup je me demande si je comble tous ses besoins ou si un autre dominant pourrait lui apporter davantage. Je vois bien comment elle réagit au contact de Ludo. En sa présence, ses orgasmes ont été dévastateurs. Plus elle est brutalisée, plus elle prend de plaisir. Et Ludo est un dominant plus bestial que moi. Elle l'a d'ailleurs remarqué. Pour le moment elle est rassurée par ma présence. Mais à quel moment la réassurance laissera la place à la lassitude ? A quel moment est-ce que je vais cesser de lui suffire ? Pour le bien de ma soumise, est-ce que je ne devrais pas lui offrir plus d'expériences de ce type plutôt que de la garder jalousement pour moi ? Si je n'en suis pas capable, est-ce que ça veut dire que je dois la libérer et la confier à des mains plus dures que les miennes ? La confier à quelqu'un qui saura poursuivre son dressage pour qu'elle s'épanouisse davantage ?

Je raisonne en dominant, envisageant ce qu'il y a de mieux pour ma soumise. Mais qu'en est-il de ce qu'il y a de mieux pour moi ? Je n'ignore pas qu'elle commence à développer des sentiments pour moi. Ca ne sert à rien de me voiler la face, c'est un constat. La présence de sentiments entre une soumise et son Maître n'est pas problématique en soi. Beaucoup de couples dans le milieu partagent des sentiments. C'est juste moi qui fait un blocage là-dessus. J'ai beaucoup de respect pour mes soumises et je leur suis attaché dans une certaine mesure. Mesure qui ne va raisonnablement pas jusqu'à de l'amour. Mais je ne peux pas non plus nier qu'Élise me rend possessif, voire même un peu jaloux. Et ça m'inquiète. Je n'ai pas envie d'être comme ça. Mon premier réflexe est de fuir ce type de relation dès lors qu'elles se complexifient. Ai-je plus à perdre qu'à y gagner en poursuivant ma relation avec Elise ? Ou l'inverse ?

Sur le plan physique, elle me comble parfaitement, c'est vrai. Je la désire comme un fou. Son corps voluptueux me fait bander en permanence, ce qui a d'ailleurs justifié le fait que je la renvoie chez elle. Même si elle a pu interpréter ça comme un rejet, ce n'est pas le cas. C'est plus une mesure de survie à ce stade... Mais des soumises bandantes, il y en a à la pelle. Qu'est ce qui fait qu'Élise est particulière ? Est-ce que mon désir de possession est plus fort avec elle parce que je sais que je suis son premier dominant et que c'est moi qui lui ai fait vivre toutes ses premières fois en matière de soumission ? Ou alors, parce que d'une manière vraiment perverse, je sais qu'elle commence à m'aimer et j'ai envie d'être le seul à bénéficier de ses sentiments ? Mais sans vouloir les lui retourner, ce serait cruel de continuer dans cette voie. Je ne suis pas un enfoiré. Enfin, pas à ce point.

Quand elle a accepté mon refus d'une relation dominant/soumise avec des sentiments et qu'elle s'est tournée vers son collègue, j'ai pris un malin plaisir à la détourner de lui. J'ai même été particulièrement retors pour y parvenir. Et quand elle est retombée dans mes filets, je lui ai demandé si elle était sûre parce que je ne voulais pas d'une soumise inconstante. Est ce que j'ai entrepris cette stratégie de reconquête simplement pour le plaisir de la voir céder ? Je suis un joueur, c'est vrai, mais jamais au détriment du respect que je dois à mes soumises. Là je suis borderline... Et ça ne me plait pas. J'ai le sentiment d'avoir le cul entre de chaises et je n'ai pas envie de faire un choix. Concrètement, j'en ai pourtant trois qui s'offrent à moi.

BriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant