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PROLOGUE

Gabrielle

Lundi  02 Janvier

         Les nuages s'accumulent à l'horizon, annonçant l'arrivée d'une tempête imminente. Je pédale plus vite espérant arriver avant que la pluie ne commence. C'est mon premier jour de stage, je ne tiens pas à arriver trempée au laboratoire. L'excitation prend doucement possession de mon corps, en même temps que le vent glacé fouette mon visage. Je ne pédale même plus, appréciant la descente rapide que je ne m'imagine pas remonter ce soir.

J'arrive enfin, il est 8h10, j'ai vingt minutes d'avance. Habituellement, je ne suis jamais en retard, cependant aujourd'hui, je n'avais pas le droit à l'erreur. J'étais déjà prête à 7h30, habillée, coiffée, maquillée, j'ai même eu le temps de passer un petit moment particulier avec mes chats, Truc et Much. Et pourtant, je suis dans le hall, l'immense hall du laboratoire, avec une avance considérable, mais qui, pour moi, ne semble pas de trop. Je vais passer 4 mois de stage ici, il est important de montrer que je suis investie dès mon premier jour. Je soupire de contentement, heureuse de me trouver là, prête à participer à une avancée scientifique, apporter ma pierre à l'édifice. Ce laboratoire est réputé, il a permis à l'amélioration de nombreux traitements contre le cancer et autres maladies cellulaires. Je ne pouvais mieux tomber pour mon stage de dernière année d'étude. Mon mémoire promet d'être de qualité avec les possibilités que m'offrent ce stage. J'espère en sortir avec les honneurs.

Le laboratoire est tellement moderne, scindé en deux, d'un côté des bureaux équipés d'ordinateurs et de l'autre, séparés par un mur en verre doté de portes, laissant entrer la lumière naturelle, des paillasses de laboratoire gigantesque disposant de tous les outils nécessaires au travail. Je traverse l'enfilade de bureau en souriant aux personnes déjà présentes, peux me répondent, bien trop concentrés dans ce qu'ils font. Je ne leur en tiens pas rigueur, consciente de la concentration que demande la recherche d'information ou l'analyse de résultat. Au bout de l'enfilade, se trouvent des bureaux fermés, les directeurs des secteurs siègent ici, ainsi que mon maître de stage, que j'aperçois au téléphone, débutant déjà, une journée qui semble chargée. En m'apercevant, il me fait signe, m'invitant à rentrer dans son bureau. Après une petite minute de négociation, d'après ce que j'ai compris, un problème avec l'acheminement d'échantillon cellulaire, il raccroche et m'offre un sourire chaleureux.

-       Bonjour Gabrielle, j'espère que tu te portes bien et que tu es prête pour ton stage. Je suis vraiment débordé, on a eu des problèmes de contamination cellulaires importants au laboratoire la semaine dernière et les nouveaux échantillons ont des difficultés à être acheminés. Ça m'embête fortement, mais dès aujourd'hui, tu vas avoir une mission de la plus haute importance. Mais avant de commencer à te stresser, je vais dans un premier temps te présenter ton superviseur.

Mon superviseur, je pensais que ce serait lui, le grand Professeur Sielb, chercheur en génie génétique et cellulaire, responsable de l'avancée de pas moins de cinq traitements anticancéreux. Je ne cache pas ma déception lorsqu'il m'annonce qu'il ne me supervisera pas et je commence déjà à stresser sur la qualité de mon mémoire qui risque d'être amoindrie s'il ne se trouve pas à mes côtés.

-       Ne sois pas déçu. Malgré tout, je reste ton maître de stage. Je ne peux malheureusement pas te superviser, car je pars très bientôt en voyage d'affaires de plusieurs mois, imprévus. L'équipe de recherche de Berlin m'a réquisitionné pour la création d'un traitement novateur. Je ne peux pas t'en dire plus, mais ça promet d'être excitant. Cependant, je suis dans l'obligation de déléguer une partie de mon travail, dont toi. Je te promets que tu n'es pas perdante. Bien que toujours en étude, ton superviseur est très talentueux, un génie scientifique. Il saura t'apporter toutes les connaissances et les bonnes pratiques pour exceller dans ton mémoire, je n'en doute pas. Enfile une blouse, je vais te le présenter.

Il parle beaucoup, énormément même, tellement que je n'avais même pas remarqué que nous étions dans le hall où se trouve les bureaux, devant la porte vitrée menant à la partie scientifique, lui a déjà une blouse sur le dos attendant patiemment que j'en fasse de même. Je m'habille rapidement et je le suis. L'odeur si caractéristique du laboratoire m'agresse directement les narines, un mélange d'alcool et de milieu de culture, c'est très loin d'être mon odeur favorite, mais elle est tout de même réconfortante.

La plupart des paillasses sont vides, en réalité toutes le sont. Une seule est occupée. Une personne nous tournant le dos à l'air concentré, un tube dans la main gauche et une pipette dans la main droite. Je ne vois pas son visage, mais un mauvais pressentiment pointe instantanément le bout de son nez.

-       Excuse-moi "Maestro", intervient mon maître de stage, j'aimerais te présenter ta nouvelle partenaire.

Ce surnom me glace instantanément le sang, et je me retrouve tétanisé quand le "maestro" détourne son attention de ses travaux et se tourne vers nous après avoir déposé ses lunettes de sécurité. Je manque de m'écrouler quand je tombe dans la pénombre de ses yeux et quand un sourire que je rêverais de lui arracher apparaît sur son visage d'ange.

Se trouve devant moi mon pire cauchemar, la cause de nombreuses insomnies et déboires, la personne responsable de mon harcèlement au lycée et de ma longue descente jusqu'au enfer.

Eden Mendoza, ancien harceleur et superviseur/tortionnaire durant ces prochains quatre longs mois. Comme je regrette d'avoir choisi ce laboratoire.